Journal de fin de jeunesse

La douleur et le (l'absence de ) sexe!

La douleur revient ce matin.

Je ne l’attendais plus. Pas comme ça.

Je reprends la travail demain. Je ne dois pas avoir mal aujourd’hui.

Je suis tellement tendue que j’ai des courbatures dans les épaules et la nuque.
Je suis hyper constipé. Ce qui n’arrange rien à la rémission de mon problème de côte...
Bref. Le bonheur.

C’est dommage. C’est mon dernier jour d’arrêt aujourd’hui. Et je n’en profite pas.

Mais, aussi, je suis contrariée. En effet. Aucune des filles n’a consenti à se bouger pour m’amener les cours. Les examens commencent le 20 février.
J’ai loupé des cours très important en gestion, en en économie.
cA m’inquiète énormément...
Pour autant, ça les embêtaient. Elles ont pourtant eu toute une semaine pour, juste une fois, faire un petit arrêt sur leur trajet de retour pour venir me remettre les cours à la station de métro.
Je ne trouve pas ça sympa du tout. çA me chagrine.
Je trouve ça égoïste. Individualiste. Il y en a même une, C., qui m’a sorti l’excuse du froid.
Alors. Tout à l’heure, vers 18h00, je dois retrouver Audrey aux Halles pour qu’enfin elle me remette les cours.

Je n’ai plus envie d’être sympa. Prévenante.
Désormais je serais polie, et réservée avec elles. Le strict minimun. Après tout, il ne me reste plus qu’un an et 3 mois à tenir dans cette école.
On doit aller dîner samedi soir avec Audrey et V. Mais, pareil, je n’en ai plus envie.
J’ai du mal à digérer ce manque de prévenance. Voir ce manque d’amitié.
De plus, ça me met dans l’embarras.
Déjà que je suis extrêmement stressée. Maintenant, il va falloir que je rattrape tous les cours loupés, que je fasse les exercices alors que je n’ai pas assisté aux leçons, et en plus que je rende la version définitive de mon dossier commercial. Et tout ça entre ce soir et lundi matin. Sachant que je reprends le travail.

J’ai mal au dos. J’ai mal partout. Je sais que je vais m’en sortir. Je dois prendre sur moi. Serrer les dents. Me montrer forte (surtout au travail), et me remotiver!
Cependant, je me sens lascive. Pas sensuellement lascive (malheureusement pour moi et pour F.)
Mais lascive. Vide. Sans aucune envie. Aucune motivation.
La seule envie que j’ai, c’est celle de lire. Me perdre dans les livres. Me laisser submerger par des émotions qui appartiennent à d’autres. M’en laisser submerger pour éviter d’avoir à vivre moi. Là.
Car; là, maintenant, ces jours-ci, je n’en ai pas envie, de vivre. Je n’ai pas la force de fournir un tel effort .
Et encore plus aujourd’hui. Parce-que mon rythme, dans son entraînante petite routine, a été cassé.
Depuis une semaine maintenant, ce rythme qui me laisse peu de place pour penser convenablement a été cassé.
Et. Demain. À mon grand désarroi. Ce rythme va reprendre.
Recollé soudainement. Réparé. Comme mon os. Ou presque.
Car mon os, mon cartilage reste fragile.
Et le rythme infernal, que je déteste tant, risque d’en être tangent.

Même F., le comédien très beau, je n’ai pas l’envie profonde de le revoir. L’envie qui fait tenir. Qui maintient en vie. Qui donne du courage et de l’espoir. Qui souffle derrière nous comme un bon vent dans le dos. Cette envie là. Je ne l’ai pas.
Je suis anormale.
Je devrais en avoir envie. Depuis le temps que je rêvais de rencontrer quelqu’un comme lui.
Mais non. Finalement.
çA aussi ça m’angoisse.
Le sexe, si facile pour moi avant (avant la pilule tellement forte), m’apparaît maintenant comme une épreuve insurmontable. Une pression inévitable et banalisée. Qui me presse. Qui m’oppresse. Surtout que je le sais, qu’il attend ça. Que la tension monte.
Et moi; ça me donne envie de fuir.
J’ai soupiré après ça, un amant. Et plus encore.
Je peux l’avoir. Il est là, tout prêt. Tout près. n’attends que ça; m’avoir moi.
Et le chérir sincèrement, je le vois bien.
Pourtant, ça m’angoisse. Je fais tout pour que ça capote. Même en sachant que je le regretterais. Je n’appelle pas. N’envoie pas de texto en plus… Rien. Tout pour qu’il se lasse. Qu’il se fatigue.
Tout pour que je regrette. Que je pleure sur ma bêtise et ma sauvagerie. Que je regrette et que je pleure. Oui. Mais quand il sera trop tard.

J’aimerais comprendre pourquoi je fonctionne comme ça. Pourquoi je fuis une relation avec un homme qui me semble idéal pour moi. Et pour qui j’ai eu un vrai coup de coeur.
C’est de la peur ? Je ne crois pas.
C’est juste l’appréhension pour l’épreuve sexuelle obligatoire passé un certain délais ? Juste ça ? C’est bête.
Non, vraiment, je ne comprends pas.
Je crois là. Je crois vraiment que j’ai besoin de "voir quelqu’un"

C’est anormal de s’angoisser autant pour des choses sensées apporter du bonheur.
Ou alors, peut-être que ce qui apporte du bonheur aux autres n’est pas ce qui peut m’en apporter à moi.
Peut-être je suis malade. Tout simplement.

Je pensais que ça le ferait du bien d’écrire sur ça. Sur cette bizarerie là. Qui ne concerne que moi.
Mais c’est pire.
Je me sens encore plus mal. Plus nauséeuse.

Peut-être qu’au fond il n’est pas bien pour moi. C’est mon instinct qui l’a senti. Avant moi. Moi, je ne l’ai pas encore senti.
Et s’il n’est pas bien pour moi. Alors mon instinct et donc mon corps le savent. C’est pour ça, que je cherche à m’éloigner. Que je cherche à ce qu’il n’approche pas.
C’est vrai qu’étrangement, je ne me sens pas en confiance sexuellement avec lui.
Depuis que je prends cette pilule, le sexe c’est plus compliqué. Pas aussi facile qu’avant. Maintenant il y a le lubrifiant obligatoire. Il y a une douceur dont je n’avais pas forcément besoin avant… Des choses comme ça. Qui m’empêchent de me laisser aller complètement. Parce-que j’en ai honte aussi. (Qui utilise du lubrifiant si ce n’est les femmes ménopausées ?)
J’ai peur qu’il me juge. Qu’il me trouve "nulle", "sèche" ou" frigide".
Et ça, ce manque de confiance par rapport à ça, ça ma bloque.
çA rends l’épreuve du sexe terrifiante.
Alors oui, par peur d’affronter une situation embarrassante comme celle-ci ("Ecoute, par contre faut utiliser du lubrifiant sinon ça me fait mal.... Glamour hein ?), sûrement je préfère le laisser filer.
Il me plaît. Mais il y a ce manque de confiance qui me laisse dubitative.
Et bien sur très angoissée.
Et je n’ai pas besoin d’être angoissée. Au contraire.
Le sexe devrait être une perspective de joie et de plaisir. Et là, face à lui, c’est différent. çA me fait paniquer.
C’est anormal.
Peut-être est-ce un signal d’alarme.
Peut-être que mon corps sent d’avance qu’on est pas compatible, lui et moi.
Et puis à trop y penser, je le sais bien, même dans le feu de l’action, juste avant l’acte, je serais stressée. Angoissée. Tétanisée par cette rumination incessante liée aux effets de ma pilule sur mon bien-être actuel. Focalisée sur la sécheresse honteuse et déplorable que je n’arrive pas à assumer face à un mec comme lui.

Je n’avais aucune peur pourtant, cet été à Miami, quand je me suis envoyée ce chilien très séduisant rencontré dans un restaurant. Je ne me posais pas toutes ces questions… Certes, ça a été assez bof et ça m’a fait un peu mal. Mais je me sentais en confiance, et avec plus de temps, je sais que le sexe avec ce type aurait été divin.

Là, c’est autre chose. C’est comme si j’allais devoir me forcer pour le contenter et rentrer dans la norme.
C’est à gerber.
Si le sexe c’est devenu ça pour moi, un mauvais moment à passer, à quoi bon continuer à vivre en espérant l’amour ?
C’est trop moche. C’est trop triste. çA me déprime...
Je repense au temps où je m’envoyais des types sans me tourmenter. Où je m’éclatais. Où je vivais.
Et ça me rend triste.
Parce-que je me vois maintenant, avec une vie sexuelle au point mort. Et une angoisse par rapport au sexe qui visiblement m’empêche de me lancer dans une relation.


Une relation.

Moi qui pourtant n’attendais que ça…

C’est peut-être juste moi qui me prends trop la tête. C’est peut-être juste que ce garçon ne me plaît pas assez pour que je me livre à ce point là. Peut-être qu’il ne m’inspire pas assez confiance. C’est tout.

J’envie ces filles pour qui le sexe est tellement simple...
Parce-que le pire c’est que j’adore ça !

Hier, quand ma soeur est partie. J’ai regardé le Moby Dick de Huston, avec Gregory Peck.
Maintenant je me sens complètement fascinée par les cachalots.