Journal de fin de jeunesse

Telenovela

En fait, c’est depuis la nuit d’avant le fameux vendredi infernal que je ne dors plus bien.
En fait, c’est depuis la nuit d’avant.
En fait, c’est depuis la nuit du jeudi au vendredi.
La nuit du 16.
La nuit où ça s’est terminé avec F.

....

Telenovela, ou comment ça s’est terminé avec F., le comédien (raté).

Sur le coup. J’étais en triste et en colère. D’une humeur ravagée.
Et j’aurais pu écrire d’une manière triste et en colère. D’une manière ravagée. Comme Marguerite Duras.

Mais. Maintenant. Je ne suis plus en colère. Ni triste pour ça. Ni ravagée pour ça.

Je suis sidéré. Ce garçon inutile m’a sidéré.

En plus de m’avoir fait perdre du temps et de l’énergie. En plus de m’avoir fêlé une côte (et donc pénalisé au niveau des cours et aussi au niveau de mon salaire de février).
En plus de tout ça, il s’est montré grossier envers moi. Méchant, presque.

Alors finalement, ce jeudi, on s’est revu.

Le soir de la Saint Valentin, il m’avait envoyé un texto, soulignant que c’était bien dommage que lui et moi ça n’est pas "fonctionné".
Et un autre texto, encore, appuyant sur le "dommage...................."

J’y ai vu un appel. Une envie de me revoir. Une invitation à rattraper ce qui pouvait l’être, à "sauver" les meubles et a repartir, pour de bon cette fois.
Oui. J’y ai vu une envie de sauver quelque-chose qui méritait, apparemment d’être sauvé.
Alors j’ai répondu.
J’ai répondu que je n’en discuterais pas par texto cette fois. Et que l’on devrait se voir, prendre un café et parler, en vrai.

Pas de réponse.

Autre tentative de contact, sur son FB cette fois.
Remarquant dans le même temps que devant son absence de réponse, ça ne devait pas être si "dommage..................." que ça.

Rien.

Puis, le jeudi, je lui dis que je n’aime pas son rien.
C’est là qu’il me dit "on se voit".
Alors on se voit. Vers chez moi. Gare du Nord.
Je grimpe dans une voiture qui n’est pas la sienne.
On se tait.
De sa part, une simple question sur mes cours. Puis une autre, sur ma "blessure".

On s’installe dans un bar. Dans la rue de ma bibliothèque. Où j’aime aller. Où j’aime aller, tellement mieux qu’être là. Avec lui. Si froid, si scrutateur.

C’est moi qui amène le sujet. Laborieusement.
Et je ne suis pas aidé : au lieu de se montrer encourageant, motivé, apaisant (après tout c’est lui qui m’a recontacté, lui qui trouvait ça "dommage.............."), il est juste froid, passivement agressif. Il dans le le jugement. Le verdict.

Puis, il m’annonce stupidement qu’il a couché avec une nana ce week-end.
Je lui demande quel est l’intérêt pour moi qu’il me dise ça.
C’est pour que je sache qui j’ai devant moi, il dit.
Ben oui, il allait pas m’attendre une éternité.

Il ajoute qu’il a pas de problème pour niquer!! ! Surtout dans son "milieu"

(Déjà là, j’aurais du lui dire qu’il n’était à mes yeux qu’une espèce de sale queutard répugnant et que je laissais dans sa crasse nauséabonde de grosse pute insatiable qu’il était. Et que moi non plus, je n’avais pas de problème pour niquer. Puis, j’aurais du me lever et partir. Mais les idées comme ça, elles me viennent pas quand il faut.)

Soudain, je me mets à pleurer. C’est parce-qu’il me plaît vraiment, je lui dit, et que ça me fait peur une histoire sérieuse. Que ça m’angoisse de me livrer, de me mettre à nue comme ça. çA fait longtemps que je n’ai pas envisagé ça. çA m’a fait peur. C’est pour ça que j’étais distante et tout.
C’est parce-que l’amour là, ça me fait peur.

Il dit rien. Ou je ne sais plus ce qu’il dit. Rien de transcendant.
Il me regarde avec des yeux, qui maintenant je le sais s’avéraient être des yeux d’abruti fini.

La discussion pénible se poursuit.
Plus j’essaie de le retenir. Plus j’essaie de lui faire comprendre que je ne veux que ça, m’ouvrir. Que je ne veux que ça, être avec quelqu’un dans une vraie relation de partage. Et qu’il faut juste qu’il soit compréhensif et me laisse m’ouvrir. Me laisse le temps...
Plus j’essaie de lui expliquer ça. Plus je me donne, et plus il se ferme.
Plus il devient un mur.
Plus je me heurte à un mur.

Il me dit, de manière agressive, comme si je lui avais fait du mal. Il m’aboie qu’il n’a pas que ça à faire d’attendre (on a vu en effet...). Lui il veut une nana qui se donne ! (...) Il veut pas avoir à ouvrir une porte. Il veut qu’elle soit déjà ouverte!
Et que, en plus, plus il aperçois ce qui est au fond de moi, moins il a envie de savoir, de connaître.

çA me fait une mal de chien.
Je lui dis. Que c’est blessant.
Il se rattrape en assurant que ce n’est pas ce qu’il voulait dire. Ce qu’il voulait dire par là, c’est qu’il sent que ça va être difficile avec moi et qu’il n’a pas la patience de me mettre en confiance. Il veut quelqu’un qui se donne.

(Là encore, j’aurais du partir. Lui rétorquer que s’il n’est pas intéressé finalement, qu’il me le fasse savoir clairement, mais qu’il ne me fasse pas passer pour une nana fermée et anormale en déformant tout ce que je dis!)

Finalement, après m’avoir mise dans une détresse émotionnelle fatigante en jouant au "à toi de me rattraper en disant les choses que je veux entendre", il me dit que ce n’est pas la peine, que je l’ai énervé (WTF ?) et qu’on sort, parce-que là vraiment, faut qu’il s’en roule un quoi!! !

Et moi je reste. J’attends je ne sais quoi. Un retournement de situation. Qui ne tient qu’à un fil.
J’attends bêtement. (Au lieu de me montrer digne et de partir, en lui lâchant au passage qu’il n’est rien de plus qu’un pseudo comédien au chômage.)

Il me propose froidement de me raccompagner. C’est mort, je réponds, je rentre à pieds je monterais pas dans sa caisse.
On reste là. À se regarder. Tiraillés entre je ne sais quels sentiments encombrants et terriblement stériles.
Il la joue dramatique!
Il me sort qu’il a une folle envie de m’embrasser là. Mais qu’il le fera pas. Qu’il a des principes.
Je lui demande lesquels.

Et bien, si on s’embrasse, on va finir au pieu, et si demain matin il se tire, et ben ça va lui retomber sur le dos.

çA vous choque ?
Vous trouvez ça énorme ?
Non parce-que moi en lisant ça maintenant je ne vois qu’un machisme détestable, et je ne comprends pas pourquoi je ne lui ai pas foutu mon poing bien dur sur sa gueule de petit con. Et pourquoi je ne suis pas parti en criant que si ça se trouve, demain matin, c’est moi qui lui aurait dit de se barrer et que je voulais plus voire sa sale race!!! !

çA ma dégoûté.
Pas sur le coup bien. Sur le coup je n’ai pas réalisé l’énormité qu’il venait de sortir.
C’est juste infect, et complètement hallucinant.

çA a continué encore un peu. Puis je me suis faite violence, je lui ai tourné le dos. Et je suis parti.
En colère. ravagée. Et en me demandant pourquoi ces temps-ci ça se terminait de façon toujours dramatique et dégueulasse avec les mecs...
J’ai entendu la portière de la voiture claquer.

J’ai marché 15 minutes jusqu’à chez moi.
Et je l’ai vu qui m’attendait devant ma porte.
Là, il m’a regardé. Et m’a embrassé fougueusement. Je l’ai embrassé aussi. En le trouvant, aussi, tellement prévisible.
On est monté chez moi.

Il m’a dit qu’il ne voulais pas d’histoire sérieuse avant moi. Mais que je lui donnais envie d’une histoire sérieuse. Et que c’est ça qui lui faisait peur et tout...
Au fond, je n’y croyais même pas. Mais je faisait comme si. Parce-que, un peu, je voulais y croire.
Ensuite, il m’a sorti une énormité sur une nana qui soit disant l’avait torturé peu de temps avant et que c’est à cause de ça qu’il arrivait pas à s’engager ni rien.
J’ai bien vu que c’était du grand n’importe quoi. D’autant que la fois d’avant, il l’avait raconté une toute autre histoire avec une toute autre nana.... mais durant la même période.

...

Pourtant, j’ai compatis. Fille gentille et tolérante que je suis. Je l’ai même écouté avec beaucoup d’attention et de gravité.

(Parce-que, me suis-je naïvement dit, si il a changé d’avis et m’a carrément attendu devant chez moi pour me faire tout un cinéma, c’est qu’il me veut vraiment.)

On a parlé un peu, puis il est reparti rendre la voiture à son pote.
Je sais pas pourquoi, je l’ai pas senti.
Et j’ai mal dormi.

À 2h00 du matin je reçois un texto de lui. Finalement il ne veut pas de relation. Il n’est "pas prêt". Il ne veut pas me faire de peine

...

Je lui réponds qu’il ne me fait pas de peine. Qu’il me sidère juste...
Et, il a quand même trouvé le moyen de me répondre qu’heureusement qu’on avait pas couché ensemble car sinon, quoi que je puisse dire, ça lui serait retombé sur la gueule.

(Juste hallucinant ! À sa place, après ce merdage total, je me serais au moins fais discret.)

Enervée. Agacée. Juste plus qu’irritée, je lui demande de ne pas se donner tant d’importance.
Et bien mesdames et messieurs, il trouve encore le moyen de répondre à ça. ET QUE RÉPOND IL ?? ?

C’est mignon...... J’ai vraiment aucune animosité envers toi.

Un raté vous-dis-je.