Journal de fin de jeunesse

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décembre 2012

Xanax

Je crois que je frôle la dépression. Je n'ai plus aucune énergie. Je suis sous xanax depuis ce matin. J'ai des tas et des tas de choses à écrire. Mais je n'y arrive plus. Je n'arrive plus à être créative. Portée par un élan. Toujours pleine d'esprit. Et d'inspiration. Je n'y arrive plus. Je me sens vide comme une coquille. Il y a trop de choses. C'est: l'attaque de papa et sa vue tellement diminué. C'est: le diabète de ma soeur. C'est: le suicide de mon cousin il y a 15 jours. C'est: mes cheveux qui tombent et ma beauté qui s'envole. C'est: le gouffre financier dans lequel je me (...)

À l'usure

Je n'ai rien foutu. Je m'étais dis que je bosserais toute la journée aujourd'hui, avant de rejoindre Fanny à 18h00 pour un vin chaud et Anna Karenine au cinéma. Mais à la place: j'ai eu une longue conversation. Une laborieuse conversation, avec Monsieur William. La conclusion tirée de ladite conversation est qu'il revient en janvier. Et que oui, il aimerait mieux me connaître. Alors on va essayer d'être dans une démarche constructive quand on se reverra. Une démarche où l'on apprends à se connaître pour, peut-être, envisager une suite... Enfin là, c'est peut-être moi qui (...)

Les livres pas encore écrits

Je laisse poser un masque à l'argile sur mon visage fatigué. Ensuite je regarderais La Nuit du Chasseur. Demain j'ai un devoir de physique. Celui sur les chapitres sur l'électricité. Je n'ai rien révisé. Je n'ai pas mis une seule fois le nez dans ces cours improbables auxquels je ne comprends rien. Je n'en ai pas le courage. Ni la volonté. Aujourd'hui, pendant le devoir de chimie organique, pour lequel je n'avais pas révisé non plus (comme tout le monde), j'ai lu Hiroshima mon Amour de M. Duras. Une merveille. Je l'ai commencé dans le métro, je crois. Je ne me souviens plus (...)

J'étouffe

Malgré le Xanax, cette sensation d'étouffement n'en finit plus. C'est devenu invivable. Je ne me sens bien nul part et je suis constamment à la recherche de mon souffle. J'ai pensé, même, que je n'allais pas pouvoir continuer encore longtemps à vivre comme ça. Sans oxygène. Se sentir simplement bien, sans manquer d'air, c'est devenu la mission pour moi. La quête du Saint Graal. Je souffre beaucoup. Alors je reviens de chez le médecin. Et il n'y aurait apparemment pas que le stress qui serait à l'origine de ce manque d'air permanent. Alors je reviens de chez le médecin, et j'y (...)

ça va mal

Je me sens très mal. Je pensais, enfin je crois que je pensais; qu'en allant chez papa ça irait mieux. Que d'être ici ça me ferait me sentir mieux et reposée. Mais c'est comme d'hab, voire pire: Je vois bien qu'avec ce qui est arrivé à papa (la perte d'une bonne partie de sa vue), il ne va pas bien du tout. Et le réveillon, plutôt rigolo et joyeux, ne m'a pas trompé. Je sens trop les choses. Trop fort. Avec cette densité là; trop forte. Et ça me mine. Hier soir ça a été. Y'avait mon frère et sa copine. On a bien mangé. Bien rigolé. Tout. Papa avait fait un super bon repas. (...)

Pourquoi ?

Pourquoi je ressens ça ? Pourquoi comme ça ? Pourquoi est-ce que je ressens tout mal quand il s'agit de mon père ? Est-ce seulement l'inquiétude qui me fait envisager le pire ? Est-ce parce-que j'ai connu le pire (la mort de maman) que je ne peux qu'envisager le pire ? Est-ce que c'est moi qui dramatise ? Le pire c'est que je n'arrive pas à être gentille avec lui quand je ressens ça. Quand je ressens tout ça. Je lui parle froidement. Je ne réponds que de vagues "mh mh" à ses questions. Le pauvre. Putain mais le pauvre! J'arrête pas de l'imaginer mort. J'arrête pas d'imaginer que (...)

Odieuse

Je me sens odieuse d'avoir des pensées comme ça. J'ai horreur de moi. Je suis dans l'horreur de moi quand j'ai ces pensées là. Quand je ressens tout ça. Je crois comprendre que ce n'est que dans ma tête. Que je projette. Que je projette ma propre angoisse de la perte de papa sur papa lui même... Je lui administre toutes mes peurs et j'imagine à sa place ce qu'il ressent sans même savoir. Je projette. Papa a l'air d'aller bien. Il est ce qu'il est. Je n'ai pas le droit de le forcer à être ce qu'il n'est pas sous prétexte que ça m'angoisse qu'il ne soit pas comme-ci ou comme ça et (...)

ça va mieux

çA va mieux. Papa nous a fait un bon repas. Il sifflote et chantonne depuis ce matin en cuisinant. À défaut d'être folle, je pense que je suis quand même psychotique. Il me préparait des coquilles St Jacques à l'ail. Une recette de lui. Je lui ai suggéré de créer un blog cuisine où il écrirait ses recettes. "Tu m'vois en train de raconter ma vie ?", il a dit en rigolant. S'il savait que c'est ce que je fais tous les jours... (...)

Je finis l'année au plus mal

J'ai plein de boulot, dont le dossier d'étude personnel à rendre pour le 7 janvier. Je n'ai rien fait. En rentrant chez moi jeudi soir, plus d'électricité. L'angoisse totale. Le raz-le-bol de vivre ici. L'appel paniqué à papa et finalement le coup de main demandé au voisin Chinois. Résultat: c'est le disjoncteur qui commande le ballon d'eau chaude qui a sauté. Alors voilà, je n'ai plus d'eau chaude depuis jeudi soir. En quittant papa jeudi soir à la gare de Poitiers, j'ai été assaillie par une tristesse indéfinissable. Je l'ai vu me dire au revoir, puis s'en aller. Je (...)

La raison

Je ne connais pas la raison de ce qui me rends comme ça. Aussi lucide. Lucide ? Si seulement ce que je pense être un excès de lucidité ne pouvait être qu'un cafard... J'ai peur pour papa. Papa surtout. Je ne veux surtout pas qu'il sache comment je vois les choses et comment je ressens la vie. Le pauvre; ça le détruirait. Est-ce que j'ai raison ou est-ce que j'ai tord ? J'étais si gaie. Si pleine d'idée. Et de projets de vie. Je suis où maintenant ? Partie trop loin ? (...)