Journal de fin de jeunesse

La Bastille

Je voulais me rendre à la Bastille ce soir, pour "fêter" une "victoire" qui, au fond, ne me fait ni chaud ni froid.

Mais : Lara ne semble pas pouvoir, Sev est à un baptême, Marilou rentre aujourd’hui du Quebec, Fanny est chez ses parents et Maly ne semble pas motivée. Charlou n’a pas donné suite et Sonia ne peut pas,elle est à un enterrement de vie de jeune fille.
Quant au Mexicain, hier je lui ai bêtement envoyé un texto pour lui dire que je voulais bien qu’on se voit en tant qu’amis. Mais je regrette maintenant. Je n’ai pas du tout envie. Il m’a relancé tout à l’heure. Je n’ai pas répondu. Je vais vraiment passer pour une folle sans coeur.
Je pourrais lui demander de venir avec moi. Mais je ne veux pas subir les regards désespérés d’un mec à qui je plais apparemment désespérément.
Ma soeur va visiblement se faire rehospitaliser....
Bref. Je suis seule.

J’essaie d’aller bien. Mais je sens le malaise et la dépression qui me guettent de trop près.
Et puis j’ai une petite infection vaginale. Et tout à l’heure ça m’a un peu fait mal quand j’ai pissé (et j’arrête pas de pisser avec ma cure détox). Et ça y’est, la phobie du VIH revient me hanter. Avec ce satané test que je dois faire depuis un an mais j’ai une trouille de folie. À cause de Francesco.... Francesco comment ?? ? Merde ! Et son refus de mettre une capote il y a un an et demi. Et ma (énième) connerie. Et maintenant la peur. Due à tous ces petits symptômes que je trouve hyper louches...
Oui. J’ai peur.

J’aurais pu faire la fête à la Bastille mais seule, ça ne me dit rien. Je crois que je vais être condamnée à regarder la soirée électorale devant mon écran. Seule.
Pour une victoire terne, de toute façon. Je me sentirais déphasée. N’étant pas en accord, en osmose, avec le candidat favori. Ni avec le candidat sortant.
À quoi bon faire semblant de fêter une chose sans y mettre de conviction ?
C’est moche. C’est terne.
Je suis déçue de me sentir si blasée.
Et si seule.