Journal de fin de jeunesse

Le gant

Vendredi soir en rentrant du boulot, j’ai perdu mon gant.
C’est une fois arrivée dans ma rue que je m’en suis aperçue. Mon gant est blanc. J’ai zieuté la neige au cas ou. Mais impossible de le distinguer, bien sur.
Surtout qu’il faisait nuit.
J’étais triste, un peu.

Hier, j’étais résignée à en acheter une nouvelle paire.
Je me suis dis qu’une fois les places de cinéma achetées, j’irais chez H&M en trouver des pas chers.
(Oui, hier soir nous allions au cinéma avec Carine pour décompresser après ce samedi infernal au boulot...)
Arrivées aux Halles, H&M était fermé. Bizare. H&M n’est jamais fermé.

En sortant du film, nous nous sommes dit aurevoir.
Puis, j’ai pris mon rer jusqu’à Gare du Nord.
Puis, je suis descendue du rer.
Puis, je me suis dirigée vers les escaliers.
Et puis je l’ai vu; mon gant. Il était là, sur les escaliers. Sur la première marche des escaliers. Semblant m’attendre comme une âme en peine. Tout sale. Tout piétiné. Mais là.
J’ai monté les marches des escaliers. Coupable. Car certaine que c’était lui. (On reconnaît les choses qui nous appartiennent, mais si elles sont très communes. Il y a quelque-chose. Comme un lien inexprimable.)
Arrivée en haut des escaliers, je me suis sentie triste. Triste de l’abandonner. Il avait l’air si misérable. En bas. Tout sale. Tout seule.
La seule chose qui m’ait empêchée de le ramasser, c’est que j’allais passer pour une clocharde.

Mais l’attachement à ce gant semblait plus fort que l’apparence.
Arrivée en haut des escaliers, je suis redescendue. Je me suis accroupie près du gant. J’ai sorti l’autre de ma poche. Tout blanc. Tout propre. Aucun doute, c’était bien le mien. Mais ça, je le savais déjà...
J’ai comparé les deux gants néanmoins. Pour la forme.
Puis, toute contente et toute émue, j’ai ramassée mon gant perdu et l’ai glissé dans mon sac.

(H&M était fermé hier soir. Pour la première fois...)

Et c’est toujours comme ça. Toujours, toujours, je retrouve les choses que j’ai perdu!
En fait, je ne perds jamais rien.