Journal de fin de jeunesse

Les adieux à la Reine ?

J’écoute Lana del Rey.
Je suis surprise que ça ne me déplaise pas.

J’ai échangé quelques perles avec Celeste. La sublime Celeste. (Hier c’était l"anniversaire de Carlos. Je ne le savais plus. Mais je sentais encore que cette date signifiait quelque-chose qui avait été, à un moment, important pour moi. Signifiant.)
Le 5 mai.
Il a lui aussi 25 ans maintenant. Alors que je les fuis à grandes enjambées.
Il avait 20, je l’ai connu. Un bébé, fascinant. Un poète au corps long de cigarette. Et aux cheveux évanescents comme les cendres. De lui. Consumé.
Carlos, comme une géant. Carlos comme un enfant.
En parlant d’elle, si céleste, je disais qu’elle nageait toujours dans chacune de ses larmes.À lui. Et, aussi, qu’elle apparaissait dans les cendres encore incandescentes d’une cigarette fantôme. Toujours.
Elle. M’a envoyé un texte estupendo sur FB. Qui parle de faire l’amour.
En réponse, je lui ai offert ce qui me semble être la plus belle scène du cinéma français; celle du lancé de couteau derrière un drap, dans La fille sur le Pont, avec Léonard Cohen en fond, sonore…

J’ai adoré le film que j’ai vu hier soir. Même si je n’en suis pas encore tout à fait sure.
Feutré. Tout en pudeur. Délicat comme une dentelle fanée, et jaunie par le présent.
Actuel. Oui. Actuel dans sa vétusté. Ou vétuste dans son actualité, (après tout, ce ne n’est que la répétition d’une histoire figée).
J’ai pensé que la finesse du film résidait dans son lâcher parcimonieux, prudent, d’émotions. Émotions intenses mais émises par tout petits paquets. Cris gigantesques mais poussés par de petites bouches en culs-de-poules.
C’est "très français" j’ai dit à Fanny.
C’est clair, elle a dit.

Hier soir, nous sommes allé voir Les Adieux à la Reine, avec Fanny.
Je suis restée perplexe. Je suis restée dans l’attente. Je n’ai pas accepté la fin si brutale, et si éthérée à la fois. Si flou. L’écran s’est soudain fait noir. Et moi j’attendais encore; un sursaut, une larme, un baiser, une course sur des pavés, un cri déchirant, une missive inattendue. N’importe quoi, mais une fin qui termine. Pas une fin qui suspend…

Je l’ai trouvé très d’actualité. Enormément. MARIE ANTOINETTE, C’EST SARKOZY. En bien des points. Fanny a été tout à fait d’accord avec moi.

Alors, ce soir allons-nous, nous aussi, faire nos adieux à la Reine ?