Journal de fin de jeunesse

Solférino

C’est sans grande conviction, mais cependant avec beaucoup d’espoir. D’espoir. Que; j’ai crié rue de Solférino tout à l’heure avec tous les autres.

Une folie humaine, physiquement très douloureuse. Écrasée par la foule, tiraillée par des courants humains incontrôlables, les côtes menacées de fractures par des coudes offensifs, le sac à main menacé de disparaître dans un flux insurmontable… Une folie. Angoissante (si je tombe, je suis fichue, je vais me faire piétinée) mais jouissive, rieuse, humaine. Humaine, profondément.
Avec G. on s’est enfoncé dans cette foule compacte pour profiter de la joie.
Avec les autres, on a crié le décompte; 23, 22, 21..... 5, 4, 3, 2, 1, 0!!!!!!!!!!!!!!!!!!!, et crié le résultat sans équivoque.
Le coeur battant. Le mien. Le mien oui, mais trop à gauche pour vibrer avec celui des autres. Des autres partout. Masse immense et solide qui m’écrasait et m’entraînait.
Mes pieds sur leur pointe. Pas assez de place sur le sol pour les poser complètement. Mes mains tordues sur les dos et les épaules des autres. Les autres avec qui j’ai crié. Sans partager leur joie.
Dans l’espoir. Mais pas dans l’euphorie.
Je n’y crois pas.

Puis le café, bondé. Mélanchon qui apparaît à l’écran. C’est mon chéri !! ! que je crie.
Le peuple rassemblé. Pour une fois. La dernière avant 5 ans. Bien sur. Pas la peine de se leurrer. Belle illusion. Plaisante pour l’esprit. Comme caressé et grisé par le vin.
Vue sur la Bastille. Oh, regardez Concorde!! ! que je crie. La Bastille, me corrige t-on. J’explose de rire. Sans honte. Je suis fière d’être dans la Lune.

Espoir.

Un moment à vivre.

Mais : j’ai de la peine pour Marie-Antoinette. Je déteste la haine que j’ai senti ce soir. Dés que la reine apparaissait à l’écran, des sifflements, des injures haineuses.
çA me choque. çA m’agresse.
C’est ce que je n’aime pas chez les Socialistes. L’anti-sarkozsyme est une stupidité facile; " Il nous faut un bouc émissaire, un responsable de tous nos maux ! Il nois faut haïr quelqu’un pour nous sentir porté par un vent d’idéaux. Alors haïssons-le"
C’est de la violence.

Rien n’a changé.

J’ai de l’espoir. Je suis contente malgré tout. Et j’espère que cet homme arrogant va me surprendre.Enfin.
Sortir du néo-libéralisme abject. De la mondialisation tentaculaire. Qui efface tout. Tout le beau et la diversité.