Journal de fin de jeunesse

Tas de choses

Ouais des tas de choses;

Samedi c’était l’anniversaire de J.
C’était, aussi, la première fois depuis 6 ans que je ne lui souhaitais pas.
C’était étrange.
Je me suis rappelée toutes ces fois où, réveillée à l’aube, j’attendais qu’il soit minuit au Mexique pour être la première à l’appeler.
Avec le coeur qui battait lourd et un feu froid dans le ventre, dans l’angoisse délicieuse d’entendre sa voix décrocher.
Sa voix chérie.

Je l’aime encore ?

E., ma collègue est enceinte.
Je l’avais intuitivement deviné il y a plus de 3 semaine déjà.
Samedi, elles se sont marrées elle et M.C en disant :"hahahaha, Anne elle a rien capté du tout!"
Mais elles ont pas dit pourquoi. De quoi elles parlaient. Ce que je n’avais pas capté.
Alors j’ai pas pu me retenir. C’est sorti.

Vous me prenez vraiment pour une idiote. Bien sur que je le sais..."

Tu sais quoiiiii?? ? Elle a dit E.

"Ben qu’t’es enceinte."

Gros blanc.

çA leur en a bouché un coin.

"çA fait trois semaines que j’en suis pratiquement certaine. Je suis pas idiote."
Surtout que M.C, elle, elle avait rien capté. C’est E. qui lui a annoncé.
Cette femme, M.C, quel manque de sensibilité flagrant.

"Félicitations, "j’ai rajouté.

Quand je vois des femmes enceintes, je suis triste et jalouse. Je sens que c’est quelque-chose qui ne m’arrivera jamais. Que j’en suis incapable. Incapable.
Que ce n’est pas pour moi.
C’est douloureux à chaque fois.
Parce que quand je vois une femme enceinte, heureuse et épanouie, et aimée, je vois une chose qui m’est interdite.
Qui me sera fermée à jamais.