Aujourd’hui: j’ai discuté avec Steph, une amie d’enfance perdue de vue. Elle a été ma première amie (on allait chez la même nourrice), mon amie la plus proche (on était voisines), celle avec qui j’ai dû passer le plus de temps (on a été collocs' pendant deux ans). Mais voilà, elle est partie vivre en Lozère, au bout du bout de notre amitié. Aux confins les plus inatteignables de notre attachement. Qui n’a pas résisté. Dans sa bulle, avec son nouveau mec, sa nouvelle vie champêtre, elle n’a plus eu besoin de ce lien, tissé affectueusement durant plus de deux décennies. C’est comme ça. C’est la vie.
Cependant, rien ne se perd. On est, par intermitence sporadique, en contact sur facebook. Et, il y a de cela 4 mois, alors que je passais 2 semaines chez mon père et que j’étais enceinte sans le savoir encore, elle m’a annoncé sa grossesse. D’une manière que j’ai trouvé orgueilleuse. Blessante. Prétentieuse. Ecrasante. Sans comprendre pourquoi. Elle nous a envoyé, à moi et une autre amie, la photo de son échographie en la commentant d’un suffisant :"J’ai quelqu’un à vous présenter!". Bien sur, ce n’était ni suffisant ni prétentieux ni même (très) orgueilleux de sa part. Mais c’est comme ça que je l’ai ressenti. Je me suis sentie blessée. Touchée. Laissée sur le bas côté. En dessous de tout; mon amie d’enfance, enceinte. Cette fille légèrement plus jeune que moi à qui j’enseignais la vie allait être maman. Et j’apprenais ça tandis que je séjournais chez mon père. En proie à une grande détresse lié à la situation compliquée d’alors avec Papillon. Et sujette à une fatigue, des nausées et une lassitude que je ne m’expliquais pas. (Que je ne voulais pas m’expliquer...) Forcément, à moi, dans toute ma complexité face à la maternité, cela m’a fait mal. M’a rendu triste et m’a plongé dans une mélancolie encore plus profonde. Je l’ai félicité. J’ai informé mon père que la petite Steph attendait un bébé, en proie face à lui à un inconfort et à une gêne diffuse. Et tout cela, sans savoir que moi même, j’attendais un bébé.
Aujourd’hui donc, on papotait sur facebook. Elle, semblant sincèrement se ravir pour moi de ma nouvelle vie professionnelle. Moi, feignant de me réjouir de ses 6 mois de grossesse et de son gros ventre. (Elle m’a envoyé des photos d’elle, magnifique et toute mince, sans un gramme de cellulite, avec juste son joli ventre, promesse de vie et de joie, qui dépasse de sa silhouette longiligne. Excroissance présomptueuse qui nous narguait, moi et mon ventre absurdement vide quand il devrait être plein de vie lui aussi. Plein de 4 mois et demi de vie.)
Elle m’a demandé si on avait un projet de bébé Papillon et moi. Je lui ai balancé mon avortement dans le bide. Et bam ! J’ai dû la choquer. Mais je ne pouvais pas le garder pour moi. Même si l’on s’est perdu, (et même si elle est catholique), elle reste mon amie d’enfance. Et je ne pouvais pas lui cacher ça. Je voulais qu’elle sache que moi aussi je pouvais être enceinte. Que moi aussi je pouvais procréer. Que j’en étais capable. Que mon corps en était capable. Comme si j’avais besoin de le revendiquer. Je me suis sentie effroyablement coupable. Je me suis justifié. Je me justifie tout le temps. J’assume difficilement. Elle a compris mon choix. Mais ne l’a pas admis pour autant, je l’ai bien vu.
Je ne lui ai pas donné la date de mon avortement. Mon avortement a eu lieu le jour de son anniversaire. Le 20 mars. C’est étrange quand j’y pense. Aujourd’hui surtout c’est étrange.
Et bon. Voilà. Cette discussion avec cette ancienne amie enceinte m’a plombé la journée. Je suis à la fois jalouse, amer, insaisissable. Non je ne me saisi pas là dessus. Je ne suis pas clair. Pourquoi la grossesse de filles qui me sont proches me chamboule autant ? M’envenime autant ? Parce-que moi aussi, aujourd’hui, si les circonstances avaient été autres, j’aurai balancé sur facebook une photo de mon ventre rond ? Moi aussi je caresserai mon ventre avec tendresse et impatience ?
Je ne veux pas être cette personne amer, qui envie la grossesse des autres. Je déteste cette personne là.
J’ai raconté l’anecdote à So. Elle m’a dit d’en parler à ma psy. Mais je ne sais pas comment. J’ai peur de ne pas y arriver.
Et puis pourquoi on en parle jamais avec Papillon ? Pourquoi c’est si tabou ?
(Putain ça me libère d’en parler ici. Je ne soupçonnais pas que je souffrais autant de ça.)
Steph est venue me parler sur facebook car elle voulait mon adresse. Sûrement pour m’envoyer le faire-part quand le petit sera né. En août. Tandis que mon ventre à moi sera toujours illogiquement vide. Et bien-sur, je n’arriverai pas à me réjouir de la naissance annoncée sur le faire-part. Je la jalouserai. Alors que je ne veux même pas d’enfant maintenant.
Et voilà. Voilà comment une journée mémorable peut se transformer en un lendemain détestable. Douloureux.
J’ai une si grosse journée qui m’attend. Une journée luxueuse. D’abord Versailles. Puis les Champs-Elysées, pour aller vendre mes mérites à un recruteur Chinois tout aussi insaisissable que ma supérieure japonaise, le charme glaciale en moins. Puis enfin Opéra, pour une réunion sympathique avec d’autres praticiens indépendants avec lesquels je vais travailler pour un projet commun; un spa qui va ouvrir prochainement dans lequel on ne sera que des free-lance à intervenir.
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J’en parlerai quand je serai prête. Quand, peut-être, ce ne sera plus aussi douloureux et angoissant. Mon avortement. Jamais je n’aurai cru que ça m’arriverait. Pas à moi. Aux autres oui, mais pas moi. J’ai parfois encore du mal à réaliser. à réaliser que j’ai été enceinte, et que je ne le suis plus. Alors qu’aujourd’hui, mon ventre devrait être tout rond. Pour moi cela révèle presque du surnaturel. C’est comme une douleur de plus avec laquelle il faut vivre. Une casserole en plus à trainer. En plus de la mort de ma mère, de la démence de mon frère.
(La culpabilité en plus).
Bien sur, cette liste, cette carte à l’envers, n’est pas exhaustive. je sais qu’il y a eu d’autres choses. Mais puisque là je ne les ai pas en tête, c’est qu’elles n’ont probablement pas d’importance.
Bien sur les faits relatés dans cette liste ne sont pas dans l’ordre. J’ai créé mon entreprise (par exemple), après mon avortement. J’ai commencé à réellement me lancer dans mon projet, à changer, à m’affirmer, après mon avortement. Comme si, finalement, j’en avais eu besoin. Comme si ce n’était pas seulement de mon pauvre foetus innocent dont j’avais avorté, ce jour là (le 20 mars, le 20 mars). Comme si j’avais eu besoin d’avorter d’une période de ma vie pour en commencer une autre. Sacrifiant au passage un être indésirable, que je ne remercierait pourtant jamais assez de m’avoir fait sortir d’un trou.
J’y reviendrai.
Je me demande si le titre de mon journal a encore du sens. Ou si, comme un écho à mon dernier paragraphe, je devrait en commencer un nouveau…
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Alors j’en suis là.
Les gens hargneux, et envieux en fait, me dépriment.
J’en suis donc arrivé à reconsidérer le fait de retravailler rapidement. Ce qui serait stupide car je ne sais pas encore ce que je veux vraiment. Je n’ai pas encore un projet clair à mettre en oeuvre. Et non ! Je n’ai pas pris le temps pour penser à ça finalement. Coincée entre les moments d’euphorie créatrice de ma nouvelle liberté et les considérations mornes et déprimantes sur le besoin d’argent (vraiment ? Ce n’est pas comme si j’étais seule...) et les microscopiques possibilités d’aident sociales qui s’offrent à moi.
Il faut être qui pour avoir un peu d’aide ? Un peu de considération ? Je n’ose pas répondre.
Bon.
Les arguments en faveur de la reprise du travail sont assez restreints:
- Si je retravaille, j’aurai un salaire. Voilà. On a fait le tour. (Donc je n’aurai plus l’angoisse du manque d’argent.)
Voyons maintenant les arguments en faveur de la non-reprise du travail:
- J’ai le temps de réflechir à ce que je veux vraiment pour la suite.
- Je file jeudi prochain au Salon Une Nouvelle Vie Professionnelle pour m’informer sur les possibilités de formation, de financement de formation et sur comment devenir indépendante!
- Je profite de Pôle Emploi, non pas pour les allocs' mais pour les possibilités de financement de formations
- Je prends le temps de me former justement. Soit en Médecine Traditionnelle Chinoise, soit en Ayurveda. Avant ça, j’ai le temps de me renseigner sur les tenants et les aboutissants de l’une et de l’autre ! Youpi ! Vive les bibliothèques...
- Je prends le temps de définir un projet de vie/professionnel qui me correspond et me comble à 100%. Pour l’instant c’est encore assez flou. Je sais que je veux arrêter définitivement le commercial et me consacrer au Bien-Etre et au thérapeutique. Et surtout à mon rêve : la socio-esthétique.
- Je compte sur Pôle Emploi pour, peut être, financer ma formation de socio-esthéticienne au CODES de Tours ! Je me bats pour ça en ayant un dossier et un projet en bêton ! (Malheureusement, je n’ai pas été retenu cette année pour la formation Esthétique en milieu médical à l’université Pierre et Marie Curie à laquelle j’ai postulé en mai et qui débutait en septembre. Je suis resté sur liste d’attente. Ce qui m’a finalement permis de réaliser un autre rêve : aller au Costa Rica...)
- Je prends le temps d’aller me renseigner dans les hôpitaux alentours sur la possibilité d’offrir mes services en tant que socio-esthéticienne, même bénévolement.
-J’ai du temps pour approfondir des techniques de massages et de bien-être et je peux m’entraîner sur mes amies et Papillon.
- J’écris un livre sur les conditions désastreuses de travail et le manque d’humanité dans l’entreprise privée.
- J’apprends à vivre avec très peu d’argent et donc à revenir à l’essentiel.
-J’ai peut être quand même droit au RSA. Tout n’est pas perdu… (vives les forums!!!)
- J’ai plus de temps pour moi pour m’adonner aux choses que je veux approfondir : l’écriture, la méditation...
- J’ai enfin mes dimanches de libre bordel ! Et les jours fériés sont vraiment fériés!
- J’ai plus de temps avec Papillon ! Et ça ça n’a pas de prix.
Bon, je crois que mon choix est fait…
Je reviendrais sur le sujet très vite pour justement écrire, penser, construire ici mon projet professionnel pour l’avenir.
Je ne veux plus jamais me tromper! Je ne veux plus jamais travailler pour une société. Je ne veux plus jamais vendre. Je veux savoir ce que c’est de travailler en associatif. Mais surtout je veux arriver à travailler en indépendante.
Ma bonne résolution de l’année, c’est de faire en sorte que tout ce que je me prends dans la gueule au boulot me glisse dessus. Ne me fasse plus aucun effet. Ni chaud, ni froid. Ma bonne résolution de l’année c’est de me blinder face à ça. De ne plus rien ressentir face à ça. Cette litanie stressante et insultante. Futile. Tellement loin de l’essentiel, et pourtant omniprésente dans mon quotidien… Oui, de me blinder face à ça. Et c’est déjà bien comme résolution. Car pour moi, l’insensibilité n’est pas une mince affaire. Bien sur, mon autre bonne résolution, c’est de quitter mon boulot. Me lever un matin, et ne plus avoir à retourner là bas.
Le soir du Réveillon, j’étais simplement en tête à tête avec Papillon. Chez moi. Je nous avais fais faire un plateau de fruits de mers. C’est surprenant que j’aime les huîtres maintenant.
Papillon n’aime pas les huîtres. Il a quand même fait l’effort d’en goûter une. Et ce qui s’est passé est assez incroyable; en mangeant l’huître, il a ressenti une douleur fulgurante à la tête. Ma théorie, que je lui ai exposé sur le champs, c’est que l’huître a fait un transfert de sa douleur sur lui. Papillon garde une extrême sensibilité, une hyper sensibilité, de son léger passé de toxico. (Par exemple, il a des fois des hallucinations dans le noir. Et il voit toujours le vert des arbres incandescent.) Donc, je pense qu’à travers lui, l’huître a réussi à exprimer sa douleur. Chose qu’elle ne peut pas faire avec une personne lambda. Papillon a ressenti la douleur de l’huître. Le cri de douleur de l’huître. Elle a trouvé chez Papillon, être hypersensible, un parfait réceptable à l’expression de sa douleur.
J’ai trouvé ma théorie très intéressante. Papillon était d’accord avec moi.
Pauvre huître. Même si je ne mange plus du viande, j’ai encore du mal à résister aux fruits de mer.
Papillon, si je pleure beaucoup, n’ai pas peur. Si je pleure maintenant c’est que je n’ai pas pleuré à tant tout ce que j’aurai pu pleurer quand j’aurai du pleurer.
Je viens de commencer le livre Maintenant qu’il fait tout le temps nuit sur toi, de Mathias Malzieu. C’est un livre qui parle du deuil de la mère dans une poésie en hiver. Les premières pages sont exactement ce que j’ai besoin de lire.
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J’ai passé quelques jours chez mon père la semaine dernière. Du lundi 3 au jeudi 6. Je reprenais le travail le samedi. Et bien ce samedi, j’ai éclaté en sanglots dans les bras de Papillon car je ne voulais pas reprendre le travail. Par retourner "là bas", à l’abattoir. Car c’est comme ça que je le perçois.
Merde. J’ai un problème.
Plus j’écris là dessus (mon travail et elle) et plus ça me fait enrager. Je ressens que je me barre moi-même le chemin du bonheur et de la sérénité. Par un processus que je ne contrôle pas. Une obsession dont je fais une réalité à laquelle je ne peux pas échapper. Alors qu’au fond, si ! Je peux y échapper. Et je sais comment : en n’y accordant aucune importance et en me concentrant sur ce qui va bien. (Moi en général, ma relation avec Papillon, mes amis, mes rêves...) Mais je n’y arrive pas pour l’instant. C’est comme si quelque-chose de plus fort que moi m’empêchait de m’en détacher. çA me rend folle. C’est injuste. Et tous mes moments avec Papillon sont parasités par l’angoisse sourde et teintée de fatalité que mon travail fait peser sur moi.
Comment ai-je pu laisser cette pute devenir mon bourreau ? Prendre autant d’ampleur dans ma vie ? Je veux que ça cesse. Je veux faire cesser ça. Et je suis terrorisée à l’idée de ne pas y arriver. Parce-qu’en écrivant à propos de ça ce soir je réalise que si ce n’était pas elle, ce serait autre chose...
Si je voyais le côté positif des choses, je pourrai me dire que ce qui est bien, c’est que j’ai mis le doigt sur mon problème : ce n’est pas mon travail le soucis, c’est ma faculté à en faire un problème quand je pourrai l’éviter. Mais je ne vois pas le côté positif des choses…
Samedi matin, quand je reprenais le travail, j’ai dis à Papillon, en pleurant : "Tu vois, c’est comme si on voulait forcer un handicapé à marcher ! Je n’y arrive pas!" Il a répondu, très calme : "Mais l’handicapé lui il a envie de marcher."
Et avec cette simple phrase, il a mis le doigt sur mon soucis.
Est-ce que moi, j’ai envie d’être heureuse ?
Aujourd’hui j’avais les larmes aux yeux en sortant du travail. Agressée par l’inconstance règlementaire de ce monde du travail qui me révulse. J’en ai marre de ressentir ça aussi fort. J’en ai marre du monde du travail, où les chemises se retournent jusqu’à plusieurs fois dans la même journée.
J’ai passé une soirée exécrable car Papillon a oublié de me donner des nouvelles ce soir. Son portable a sonné dans le vide des heures durant jusqu’à 22h00 passées. J’ai raison de lui faire la gueule. Pour lui c’est normal cette relation où l’on se voit à peine. Ou pas à des heures décentes. Cette relation dans laquelle on ne peut rien envisager pour l’instant.
J’étais hystérique ce soir. J’avais des spasmes d’angoisse à l’idée qu’il ai pu arriver quelque-chose à Papillon. Je pense que j’étais autant à fleur de peau à cause de mes règles.
J’aimerai avoir le talent de Joyce Carol Oates. Cette femme me fascine. Elle me transcende. Ecrire comme ça. Etre capable d’écrire comme ça. Avec cette apparente (imaginée) facilité là, évidence là.
J’aime tellement Papillon.
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Valeurs actuelles; ce matin je raccompagnais Papillon à la gare (on devait passer l’après midi ensemble au soleil, mais son père étant au plus mal ces jours-ci, il a juste fait l’aller-retour pour m’apporter des croissants et me faire l’amour), et en revenant, je suis tombée nez à nez avec un camion rempli de carcasses de chèvres fraîchement tuées. Il les déchargeait dans une boucherie indienne, et halal je crois.
Horrifiée par la vision de ces cadavres dépecés, qui pourraient être humains et à mes yeux l’horreur serait la même (car la violence de la mise à mort et la souffrance seraient les mêmes), je me suis arrêtée. Un instant, pour faire face aux corps vides et décapités. Un jeune homme, plutôt bel homme, a retiré ses écouteurs de ses oreilles et, tandis que je reprenais ma marche sur le boulevard Strasbourg saint Denis, m’a interpelé; "C’est horrible hein ?", il m’a dit. "Surtout pour une végétarienne!", j’ai répondu. "Moi aussi", il a ajouté. On s’est dit qu’un jour il faudrait que les gens arrêtent de trouver ça normal. Mais qu’il y avait encore beaucoup de travail. Il a parlé de l’association L214, et qu’heureusement qu’elle était là. Et que petit à petit, on y arrivait. J’ai rétorqué par la Ferme des Milles Vaches, et que donc non, on y arrivait pas tant que ça… J’ai failli me faire écraser par un bus. Puis il m’a souhaité bonne journée.
Un mec bien. Un végétarien. Qui partage surement mes valeurs.
C’est drôle, j’ai pensé, il y a encore 6 mois, j’aurai cherché à avoir son numéro. Une rencontre aussi inattendue, je ne l’aurai pas laissé passer. C’est trop rare. Mais aujourd’hui, je m’en fiche. J’ai oublié son visage et sa voix juste après avoir dis à mon tour "bonne journée!" Et j’ai souri en pensant à Papillon, qui n’est ni végétarien, et encore moins végétalien.
(Petite parenthèse : je viens d’adhérer à l’association L214. Je ferai un don de 15€ par mois. Je pourrai assister aux assemblées générales...)
Valeurs actuelles; on descend les escaliers de mon immeuble en courant avec Papillon. Il va finir par louper son train ! Je ne sais plus pourquoi, je lui dis que cette robe bleue que je porte et qu’il aime bien, je la porte depuis que j’ai 19 ans. Je l’avais acheté lors de ma période "amérindienne". Je m’en souviens, je la portais avec des bottes indiennes, des plumes aux oreilles, des tresses et un collier ras de cou en perles et lanières de cuir… Papillon me dit qu’il aime bien l’idée de ma période "amérindienne", moins celle Marilyn Manson (avant).
Je me souviens, il y a eu la période gothico-manson entre 14 et 15 ans. Puis ma période Flamenco entre 16 et 19 ans. Et puis ma période amérindienne. Et après ? Après je me suis trouvée. Trouvée. Quel drôle d’expression. Si tant est qu’on puisse se trouver un jour…
J’écoute Hurray for the Riff Raff, un groupe New-orléanais découvert il y a peu. Décidément je suis toquée de tout ce qui vient de la Nouvelles Orléans.
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Et. Les vacances se terminent.
Et. le travail reprend.
Le premier matin, après des retrouvailles magiques et sensuelles la veille, je m’effondre en larmes à côté de Papillon. Qui dort toujours. L’angoisse du travail me reprend. Et c’est comme si toute ma sérénité et ma force, acquise à grand coups de certitudes inébranlables, s’évaporaient. Je ne veux pas retourner au travail. Je le vois comme une punition. Comme l’abattoir. Je ne veux pas y aller. Plus y retourner. Je ne supporte plus.
Papillon me glisse, endormi, que je pars bientôt de là, de toute façon. Que ce n’est rien. Il n’arrive pas à comprendre ma détresse. Et moi non plus.
J’arrive au travail ce matin là. Le matin de la reprise. Ma collègue me demande si mes vacances, c’était bien. à Nouveau les larmes me submergent. Je pleure. Je me sens en prison. Contrainte d’être ici alors que mon esprit veut s’échapper. Je ne me sens plus à ma place et j’ai une envie violente de m’en aller. En courant. De m’enfuir de cette boutique et de ce SPA urbain étriqués qui me limitent et m’angoissent tellement. Mais j’ai beau me répéter que c’est provisoire, je me sens prisonnière. Comme si une force en moi, que je ne contrôlai pas, m’astreignait à rester là pour le restant de mes jours. M’obligeant à agir contre ma volonté. Je me sens comme ça, contrainte et forcée.
Puis, la semaine continue. Je m’apaise. Je reprends le contrôle. Non, aucune puissance maléfique ne me contraindra à rester là si je ne veux pas. Cette idée, naturelle, qui coule de source, je mets du temps à l’admettre. Mais je l’admets. Bientôt je me trouve ridicule dans mes accès de détresse. De paranoïa. (Papillon s’amuse à me dire que, quand je l’appelle du travail, j’ai l’air d’une otage qui a réussi à trouver un téléphone et qui s’en sert dans l’urgence, avant que ses ravisseurs, surement des membres de l’Etat islamique, ne la surprenne. Il a tellement raison que j’en meurs de rire.)
La semaine continue et je retrouve mon sourire. Ma tendresse. Je sais que je vais faire part de ma démission très bientôt à ma responsable, Sorcière.
Et alors arrive le jour où Sorcière revient de vacances. La veille, je dors peu et mal. Les cauchemars avec elle reviennent, ceux dans lesquels elle m’oblige à effectuer des tâches absurdes et m’humilie à loisir. L’enfer.
Ma collègue est partie pour deux semaines. Deux semaines que je vais passer seule avec Sorcière. Nos rapports sont faux et tendus. Très inconfortables. Si on peut s’éviter, on s’évite. Et alors je réalise que je suis incapable de lui annoncer ma démission. Je me pisse dessus. Je culpabilise. Je me sens en faute. Alors que je sais que c’est mon droit putain ! Et je procrastine: Demain, je lui dis. Merde. De quoi j’ai peur ? C’est la vie. j’ai le droit de m’en aller. Personne n’est irremplaçable...(Oui car dans cette confusion, ce magma de la perdition, j’estime que je vais forcément me faire engueuler si je démissionne car l’entreprise a investi sur moi et je suis la seule sur le marché avec ma collègue à savoir faire les soins C.....ie ! Et donc je vais les mettre grave dans la merde ! Et donc je peux pas dire que je pars sinon la maison s’effondre...) Une confusion de doutes, de craintes, d’idées toutes faites, de transferts bizarres et de distortions cognitives me bloquent et m’empêchent d’annoncer sereinement à Sorcière que je veux m’en aller. Peur de sa réaction. Peur de représailles… Sentiment d’être une enfant en faute qui se conduit mal. Sentiment d’être une ingrate. Lâcheté ? Peur qu’elle m’en fasse baver quand elle apprendra que je veux partir. Certitude que je vais rougir quand je vais le dire et perdre mes moyens. Peur de la punition. Incapacité à m’affirmer. Soumission à mes sentiments et mes sensations de craintes et de faute. Disparition de moi, de ma voix, de ma personne et de mes droits. Impossibilité de faire ce que je pensais faire avec sérénité et affirmation. Et toute cette force, cette certitude, ce soulagement ressentis alors que je me trouvais sur le transat chez mon père. Tout ça a disparu face à la présence cauchemardesque et autoritaire de Sorcière. Je ne me reconnais pas. Plus. Je ne comprends pas pourquoi je n’y arrive pas. Un mélange de tout ça sans doute, trop ancré en moi pour que je me hisse à la surface et sorte les paroles que je veux sortir de moi: je démissionne.
J’en parle à ma soeur. Elle essaie de comprendre pourquoi je n’arrive pas à le dire. Mon autre soeur aussi. Les rares amies à qui je le dis sont mitigées (l’une arrive à me comprendre car elle fonctionne comme moi; culpabilité, sentiment de faute persistant, manque d’assurance..., L’autre ne comprends pas non plus.) Papillon comprends et me conseille de prendre mon temps. Pour lui ce n’est pas grave. Ce qui est grave c’est ma façon de me battre comme ça avec moi même. Pour lui, quand je me sentirai prête, je le dirai…
Mais je suis prête à me barrer. Et je n’arrive toujours pas à le dire. Moi qui étais si sure de moi sur ce transat. Si sereine. Je me trouve des excuses maintenant, comme le manque de sous, les impôts, et comment je vais faire si je ne retrouve pas de travail… Je déteste tellement cet état de précarité et de dépendance dans lequel nous plonge le monde du travail ! (ça, ceux qui me lisent savent bien ce que je pense du monde du travail...)
Je me sens inaliénable. Incapable de me conformer aux exigences et aux normes du monde du travail. D’où ma détresse et mon sentiment punitif à chaque fois que j’y vais. Et de peur d’être percée à jour, je n’ose pas dire que je veux me barrer. C’est comme si je faisait une bêtise. Je vois le travail comme l’école. Au final, pour moi, c’est la même chose. Vouloir quitter l’école c’est mal. Alors le travail aussi, le quitter c’est mal. Educationnel ?
Et le pire c’est le stress. Sorcière est une hystérique qui, au non du sacro-saint chiffre d’affaire, relègue les nécessités humaines au second plan. Au Diable les pauses déjeuner et le respect des horaires de travail!
Et ce manque de considération pour l’humain, ça me stress énormément et me met très en colère. Je veux bien subir du stress au travail et ne pas compter mes heures si je sauve des vies ou si je sauve la planète. Mais subir un tel stress pour augmenter un chiffre d’affaire, c’est inacceptable. Quelle honte ! J’en vomis. Seulement on nous fait croire que c’est normal. Que ne pas manger, faire des heures sup' ni payées ni rattrapées, c’est bien. çA prouve qu’on en veut, qu’on est de bons employés… Et c’est comme ça que des personnes intègres se retrouvent embarquées dans ce système et le banalisent dans leur tête. Jusqu’à ce que leur quotidien devienne un enfer ordinaire.
Cet enfer ordinaire, ça porte un nom (exploitation) et je m’y refuse.
Non ce n’était pas un rêve.
L’amour enveloppant, bouleversant, dans le demi-sommeil du trajet en avion.
Les longues marches dans la ville, la bienveillance entre nous, sous le soleil, enfin.
Les fous rire dans la mer, les jeux de raquettes obstinés. Les défis insensés et les éclats de bonheur.
Les moqueries déguisés, dans l’observation critique des corps dénudés sur la plage.
La recherche désespérée de la meilleure paella, des meilleurs fruits de mer. Le sentiment d’être des esthètes du goût.
L’oubli total des ennuis de la routine parisienne et de la depression et de l’angoisse. Et de la maladie...
Les moments d’extase dans les bras l’uns de l’autre, dans la Méditerranée. La sensation de l’eau qui glisse le long de ma peau tandis que, portée par ses bras, je me laisse bercer dans l’eau.
Sa beauté violente à chaque instant; dans la lumière qui décline, dans son visage mouillé et salé par la mer, dans le regard des passants. Partout.
Notre beauté frappante et les compliments gratuits, gentils, des gens croisés dans la ville.
Les soirées, les nuits, de plaisir inconnus découverts ensembles à des moments inattendus. La première fois qu’une telle extase m’inonde, si bien que mon corps éjacule de plaisir. Et que la honte me taquine, un peu. La première fois qu’il se laisse aller à jouir pour lui même, entre mes lèvres, contre ma langue. Le flottement radieux et éternel des instants de l’après.
Les petits cadeaux, les petites attentions, le bonheur simple des ballades en silence, des dîner sur une place, des churros sur la plage.
La découverte, précieuse, prometteuse, de ses valeurs, de ses habitudes. Et le dépassement, hilarant, de la honte des choses qu’on veut cacher à l’amour.
Le lien encore plus fort entre nos deux corps, nos deux esprits amoureux.
La sensation de l’évidence. Que c’est lui, que c’est lui. Que c’est moi. L’absence de questions. L’absence magique de doutes.
Bonheur indicible.
Et peur qu’il ne s’évapore.
J’ai cette impression qu’on vit en sursis. Et que chaque bouffée d’oxygène inhalée est un cadeau.
]]>J’ai écris "heureusement". Heureusement qu’au travail, il y a la cabine de soin. Le rapport privilégié avec les clientes. Celles avec qui il se passe quelque-chose. Comme dimanche là, quand une dame m’a dit que j’irradiais quelque-chose de bon. Qu’au delà de mon joli visage, elle voyait que j’étais une belle personne. Et que le supplément d’âme qui transparaissait derrière mon regard était propre aux filles qui viennent d’ailleurs. Pas aux franco-françaises… çA m’a touché. Je n’ai que des origines andalouses, mais j’aime m’inventer du sang marocain. Et l’on me croit. Quelle importance ? Je viens d’où j’ai envie de venir. La vie est trop courte pour se contenter d’une réalité qui ne satisfait qu’à moitié.
Cette dame qui m’a dit ça, c’était une maman. Avant de m’occuper d’elle, j’avais fait un soin du visage à sa fille. Une très jolie fille. Avec une très jolie peau. Avec elle aussi, le contact était super bien passé. Une sympathie naturelle, qui venait d’elle comme de moi. J’aime ces moments là. Comme je l’ai écris, ils m’aident à tenir.
Alors cette dame, c’était une maman. Et c’est déjà la deuxième fois qu’une maman me fait un réflexion de la sorte à la boutique. Que je suis une belle personne et que ça se voit… La première fois, c’était venu d’une dame canadienne. Elle était là avec sa fille aussi. Et elle m’avait prise dans ses bras. çA me fait tellement chaud au coeur. Et, aussi, je dois le reconnaître, ça me rassure. çA me rassure sur moi. Et ma revanche, ma petite victoire, c’est qu’à ma connasse de responsable, ça n’arrivera jamais ! Personne ne lui dis jamais ça.
C’est étrange, en décembre déjà, ou peut-être en novembre, quand quelqu’un de l’entreprise me disait que S. (ma responsable) était un amour, je tiquais. Parce-que je sentais que ce n’étais pas le cas. Je voyais bien qu’au fond, chez elle, quelque-chose n’allait pas.
Je ne veux plus avoir à être stressé à cause d’elle. Je me lance un défi : arriver sereine au travail et ne plus me laisser angoisser par elle.
]]>Trop tête en l’air, trop dans ma bulle. Voilà bien qui prouve que je ne suis décidément pas faite pour ça. Pas faite pour ce monde du travail qui me désole.
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