Journal de fin de jeunesse

Envie de me plaindre

Le corps nu tout hydraté et satiné avec cette merveilleuse crème Snow Angel de Philosophy que je me suis offert (oui je fais du placement de produits). Le corps doux,à l’odeur magique de neige de conte de fée....
Mais personne pour le respirer, personne pour y coller son visage, ses lèvres humides,ses doigts fébriles et ses cheveux..... Seule. Et pourquoi ???
Deux ans et demi que J. m’a quitté. Deux ans et demi d’esseulée solitude comblée seulement par des amants.
(je vais m’habiller)

Oui, c’est à ça que je pense aujourd’hui. En réalité c’est à ça que je pense tout le temps. Ma solitude. Mi soledad. Je n’arrive pas à la comprendre. Autour de moi, des couples qui parlent presque de bébé. Et moi au milieu, seule même le dimanche. Surtout le dimanche, mon seul jour de repos. À être triste comme ça, j’ai peur de me perdre. D’oublier qui j’étais. Ce personnage si cocasse, qui anime les soirées amis par ses histoires brûlantes de célibataire. Je fais rire, j’attise la curiosité, j’intrigue. J’excite aussi, beaucoup. Je le sais. çA m’amuse de raconter mes histoires (histoires de sexe, oui oui) aux autres. Ceux qui parlent presque de bébé. Quand je les affriole comme ça, j’espère qu’ils m’envient. Que derrière leurs commentaires gentiment réprobateurs et scandaleusement amusés, ils pensent en fait que c’est moi qui ai de la chance..... Mais la vérité est que c’est moi qui les envie. Je les critique, les traite de "planplans", m’offusque de leur paresse et de leur manque totale de folie, si on peut dire. Mais bien au fond, je veux ce qu’ils ont. Cette complicité. Cette connaissance de l’autre. Cet amour là, cette perspective d’avenir, même si ça reste une perspective.
Mais bien au fond, je réalise que je ne vis pas. Qu’eux si. Ils construisent quelque-chose de surement magnifique. Moi je fais semblant de vivre en multipliant (enfin quand c’est possible), les amants, les orgasmes. Je ne construit rien de beau. Je stagne. çA ne me suffit plus. Ne me contente plus. çA ne me remplit plus, au contraire, ça me vide.
Finalement ce n’est plus bien au fond de moi que je les envie, c’est en surface. Je l’assume et j’arrive de plus en plus à le dire. À leur dire. Parce-qu’il est vrai que ces hommes rencontrés, avant de devenir les amants déjà oubliés, ils étaient l’espoir de cet amour là. Cet espoir est toujours déçu. Parce-que je n’ai pas de chance. Parce-que F. l’italien s’en va bientôt pour 6 mois en Amérique Latine. Parce-que R. le marocain n’a pas le droit de sortir le soir car sa famille est trop stricte.... Voilà ma chance, avec ces hommes dont je pensais "enfin une chance pour moi de vivre encore une histoire d’amour. Une belle, une qui dure, qui va durer, enfin!" ET BAH NON!!! ! PAS POUR MOI!!!! ! A quoi bon persister. Je sens aujourd’hui que je vais finir seule. Seule comme ce dimanche, et tous les autres.
Ce dont je rêve le plus, c’est ce corps chaud à côté du mien dans le lit. À côté duquel je me réveille et je m’endors. Ce corps chaud et rassurant que je peux aimer, adorer, malmener, chatouiller, caresser, engueuler, déguiser, maquiller, emmener avec moi, partout partout dans mon amour et mes délires. Ce corps à qui je peux me confier, avec qui être profondément moi-même est une bénédiction. Ce corps là, avec qui enfin je pourrai pleurer la mort de ma mère survenue il y a 2 ans et 5 moi. Cette mort là, affrontée toute seule, sans personne pour me retenir dans ses bras et m’empêcher de tomber. Personne. (les amis, la famille, les amants, c’est différent). Alors voilà, puisque personne n’est là pour me rattraper, j’ai décidé de ne pas tomber. Puisque personne n’est là pour m’aider à sécher mes larmes, j’ai décidé de ne pas pleurer. Et toute cette merde, pas sorti, impossible à affronter, je la garde en moi. Dans la crainte du jour où, n’y tenant plus, elle forcera le passage et sortira, sans que je ne puisse plus la retenir.
Seule ou pas seule à ce moment là, elle sortira de moi… çA fait peur un peu....

Je suis pathétique aujourd’hui, et ce que j’écris est pathétique. Mais j’en avais besoin. Parce-que c’est dure quand même, la solitude face à la souffrance.
Et ça étonne tout le monde que je sois seule. Mais enfin ! on me dit, t’es vraiment belle, t’es intelligente ! Y’a pas de raison que tu trouves pas!!!!!!
Des raison, pourtant, il doit y en avoir un paquet.
Heureusement il reste l’écriture. Heureusement il reste mon métier et mes projets. Heureusement aussi il reste les menus plaisir, comme ma crème qui sent la neige de conte de fée ou les nuits d’ivresse avec ces amies là, Fanny, Sonia, Marilou et les autres, adorées.
Oui heureusement plein de choses.

Vais finir mon thé vert, aller conduire une heure ou deux avec mon oncle si j’ai le courage de m’arracher d’ici, finir mon bouquin (super d’ailleurs). Puis ce soir je ferais un gommage visage et un appel téléphonique à ma pote Fanny. Histoire de me plaindre de ma malédiction encore, et de l’écouter se plaindre de son homosexualité, très bien compensée par les qualités d’amant de Nassim, cela dit.... Quelle chanceuse!! ! C’est quand que je referais l’amour moi