Journal de fin de jeunesse

Faune du train et d'ailleurs

Deux grandes choses aujourd’hui;
(Putain ça y’est ce nabot abjecte qui me sert de voisin à mis sa télé à fond, et c’est parti pour trois heures de cauchemars, seulement atténuées par de la musique, obligatoire et classique, et mon chic verre de vodka/jus d’orange, assez tranquillisant)

Bref, je disais : deux grandes choses aujourd’hui;

Le train pour Paname d’abord. Avec à mes côtés cet insupportable couple d’amis catholiques. Ils parlaient des gens de leur paroisse. Elle, maquillage immonde et petit chapeau de circonstance. Lui, bedaine en avant et cheveux tirés vers l’arrière. Les deux dans le jugement, dans la médisance, dans le dénigrement. Avec cette façon de parler propre aux culs-bénis, comme si ils prononçaient leurs mots (empoisonnés) avec les commissures de la bouche cousus sur au moins 1 cm de part et d’autre. J’étais, moi, scandalisée par leur discours honteux.
Pour lui, dans la vie, il y a ceux qui réussissent les grandes écoles et les autres qui ne foutent rien, les médiocres. Il a vite fait de cataloguer les gens. Aller, les bons et les mauvais et on n’en parle plus.
Pour elle, vraiment, Guillaume était un vrai profiteur. Ah celui là, bien sur tient qu’il y est souvent à la paroisse!! ! Pas par piété non ! C’est pour le confort que ça lui procure. Pense-donc, il en profite pour manger va. Et il y reste des heures avec ça..... Non, elle dénigre ce genre d’assistanat. Elle ne dit rien aux autres paroissiens non, mais ce qu’elle pense, c’est qu’on devrait fermer les portes de l’église à ce genre de parasites.
Il est d’accord bien sur. Puis la conversation dérive vers untel et unetelle "Vilains mais vilains....qui puaient le tabac à plein nez, POUAAAH" Ceux là, ils prennent le mauvais chemin d’après nos joyeux lurons bien-pensants.
Elle ne s’est pas mise en colère, dit-elle, ça fait bien 20 ans!!! ! Tu m’étonnes, j’ai pensé, tu respire la merde à plein nez, toute la merde que t’a pas sorti en ne te mettant jamais en colère. Car la colère, voyez-vous, est un pêché capital.
J’ai eu une violente envie ce matin dans le train en allant taffer, de sortir un magazine porno de mon sac et de l’ouvrir bien grand devant leurs yeux (globuleux pour lui, tombants et trop fardés pour elle), histoire qu’elle apprenne au moins où se trouve son clitoris!!
Mais je en lis pas de magazine porno moi non plus.

Deuxième chose. Cette après-midi à mon taf (enfin à mon stage où je travaille plus que les salariées le salaire en moins).
J’étais à l’institut donc. Je me préparais à recevoir ma cliente pour le rituel du Hammam. Je savais déjà qu’il s’agissait de la maman de Raphaëlle (ah Raphaëlle ! grande histoire!). Mais je ne l’imaginais pas asiatique
(je reviens je vais finalement boire un verre avec des potes).
PLUS TARD:
Bon je viens de revenir de ma petite soirée et je suis claquée. (çA y’est de f...d...p de voisin pourri a éteint sa saloperie de télé parasite qui me pourri la vie.)
Oui, enfin finalement pas grand chose à dire là. Je suis trop fatiguée pour extrapoler. Mais je me suis occupée de la maman de Raphaëlle donc. Je lui ai fais le rituel complet du hammam; Savon noir, gommage à la Kessa, enveloppement au Rhasoul et, en sus, un modelage au beurre de Karité offert. J’ai beaucoup aimé travailler avec elle. Elle a un très beau corps. C’est vraiment une très belle femme. La douceur de sa peau d’Asie. La couleur aussi, légèrement ambré. D’ailleurs, j’ai eu une intuition. Au moment de choisir son beurre de Karité pour le modelage, je lui ai demandé si elle aimait les odeurs plutôt sucrées ou plutôt fraîches. Comme elle n’aimait pas les sucrées, on est parti sur les fraîches et je lui ai suggéré le parfum Fleurs. Puis, moi, seule avec les produits, j’ai opté pour le parfum Ambre. Tel une révélation, j’ai senti que c’était celle-ci l’odeur qu’il fallait pour accompagner le modelage du corps somptueux de ma jolie cliente. Sure de mon choix, je le lui expose. Ce à quoi elle m’a répondu que l’ambre était une odeur qu’elle adorait, vraiment. D’ailleurs, elle ne se parfumait qu’à l’ambre musquée...... Si c’est pas du feeling ça!
Le Karité avait vraiment un jolie effet sur sa peau. Satiné. C’était agréable à voir. J’aime quand je sens que je travail et que quelque chose s’accomplit, se passe, qu’il y a du résultat sur la peau ET sur le bien-être de la cliente. De la personne. J’aime ces contacts dans l’intimité des cabines. C’est troublant un peu. Ces corps de femme qui s’exposent. Qui s’offrent. Tout entier dans la confiance et dans le désir de volupté. J’ai de la chance. Parce-qu’il est clair que j’exerce une profession (bon je suis stagiaire, mais ça, les clientes l’ignorent) où il y a des choses à raconter. De vrais choses. De vrais rencontres. De vrais contacts. Des secrets…