Journal de fin de jeunesse

Jodida

C’est comme ça que je me sens ce matin. Jodida (en gros ça veut dire un peu blasée, un peu baisée, un peu désespérée)
Jodida. Por este puto mundo tan jodido.

Je pars en Bolivie cet été; c’est décidé et rien ne pourra entraver ce projet. Même ma recherche d’une entreprise pour mon alternance de deux ans que j’effectuerais à Aix en Provence. Je me bougerais le cul, et mon entreprise je l’aurais avant juin. Même le manque cruel d’argent. Je taperais dans mon Livret Jeune qui n’attend que ça et de toute façon clôturera à mes 25 ans (soit dans 5 mois à peine). Même les objections paternels sur mon manque de sérieux dans la vie et ses allusions sur mon espèce de marginalisation, enfin de fuite de la "vraie vie". Je lui rétorquerais que si, comme maman, j’ai un cancer à 50 ans et que comme maman je ne m’en sors pas, je voudrais avoir vécu avant. C’est maintenant que je peux le faire. Maintenant!!!!
Je pars avec l’OGN Inti Wara Yassi. Ils détiennent 3 parques aux alentours de l’Amazonie, et y protègent les animaux maltraités et /ou menacés. J’ai décidé de partir au Parque Machia, car il est près de Cochabamba, et je rêve de découvrir cette ville depuis que j’ai vu le film Même la Pluie avec P. au ciné mercredi soir.
Plusieurs choses me poussent à partir (partir, j’aime ce mot, il n’y a que ce mot qui arrive à me rendre heureuse).
Tout d’abord, cette soif de voyage, insatiable, qui ne me lâche plus depuis que j’y ai goûté, et qui fait de ma vie de tous les jours une torture de chaque instant, me coinçant ici avec mon appart, mon école et mes obligations qui m’empêchent de partir, qui m’empêchent même de penser à partir "incessament sous peu"..... çA déja c’est plus possible. Le voyage m’a pris et ne me lâchera plus jamais, comme une malédiction. Alors, en juin, mon CAP en poche, je partirais.
Ensuite, le fait que je sois JODIDA justement. Ce que les hommes, ce que L’Homo Economicus que nous sommes devenus fait subir à la Terre, à la Nature et aux animaux est inacceptable. À se tirer une balle pour ne plus crever de voir ces horreures tous les jours. À ne pas faire d’enfants pour leur éviter de venir au monde dans une saloperie honteuse pareille. Encore tout à l’heure, sur le site One Voice, j’ai vu ces photos d’animaux de laboratoires. Leur souffrance, leur peur, leur existence de cauchemar, de torture et de maltraitances qui se soldent(heureusement pour eux) par une mort plus ou moins lente. Tout ça pour une crème anti-ride ou un shampoing. (on n’a qu’à se raser la tête tous, ça évitera bien des horreures). Et il n’y a pas qu’eux : le trafic d’animaux sauvages, le commerce d’organes, la forêt détruite, menaçant les hommes qui y vivent et de qui on a tout à apprendre, menaçant aussi l’ecosystème et les animaux. Enfin, j’emploi le terme 'menacer", mais ce n’est plus d’actualité. Le terme "TUER" est plus juste. C’est pour ses raison que je suis parti comme volontaire aux quatre coins du monde, pour participer à ce combat sans fin. Et c’est pour y retourner que je veux cette fois partir en Bolivie. Si je ne pars pas faire ça, combattre, oeuvrer, participer à la lutte et, bien sur, assouvir ma passion de la nature, des animaux et des hommes encore humains, je me trahie. Si je ne pars pas, je me trahie!
Enfin, je veux partir parce-que si je ne le fais pas maintenant, la peur va commencer à s’immiscer dans mes projets. Déjà je l’ai ressentie, quand j’ai pris ma décision pour ce voyage estival. J’ai commence à avoir un peu peur, de l’inconnu, de la galère que ça peut être de se perdre dans un pays lointain, de se gourer de transport, d’avoir froid… (expèrience déjà vécu). Avant cette période de stagnation qui dure depuis un an, je ne me serais pas posé toutes ces questions, je n’aurais pas senti ces prémices de la peur de celle qui est restée trop longtemps sans voyager et partir à l’aventure, et qui ne s’en sens plus le courage.... Alors je vais affronter ces prémices de peur et les détruire avant qu’ils n’annihilent tout esprit aventurier de moi et qu’ils me transforment en une petite madame casanière, qui navigue entre son travaille, ses gosses et ses vacances organisées au Club Med…

Pour tout ça, je vais partir, sans questions. Avec bonheur, avec joie, et conviction. Comme je l’ai toujours fais. Comme il me manque de la faire.
J’ai hâte.
Bolivia....