Journal de fin de jeunesse

Colère

Je suis en colère. Presque constamment maintenant…

Et : J’ai des projets. Auxquels je me consacrerais le plus possible quand j’aurais la temps. çA me frustre de ne pas pouvoir m’y plonger maintenant.
Mais : Les exams trimestriels qui commencent demain. Les révisions, interminables, qui ne commencent que presque maintenant car je n’avais pas le temps de m’y consacrer durant les 3 dernières semaines; j’arrivais chez moi après 21h15 à cause du stage......
J’ai l’impression que ce CAP esthétique/Cosmétique est bien plus dur et stressant que mon Bac littéraire et mes partiels d’Anthropologie et d’Histoire des années passées réunies! !

Malgré mon temps qui est occupé, mon stress de rater mon CAP, mes préocupations diverses, j’ai le temps d’être en colère ! D’être atterrée. D’être inconsolable. D’être révoltée. Oui, révoltée. Devant l’industrie de la viande et les horreurs qu’elle engendre.... Devant la pêche industrielle et la condamnation de plus en plus rapide des océans qui va avec.... Devant cette monstruosité aux tentacules destructrices que nous appelons le Monde Moderne.
Révolté aussi, devant les gens qui ferment les yeux, les gens qui ne veulent pas savoir, ne veulent pas penser, sous prétexte de ne pas renoncer à leur bidoche. C’est vrai que si on en vient à réfléchir à ce qu’il y a dans son assiette. Que si l’on en vient à reconstituer l’animal brisé, l’animal torturé (l’animal qui est mort avant d’avoir vécu) qui gît, morceau de cadavre violé, dans notre assiette, c’est sure, on ne considéreras plus la rosbeef de la même manière..... Mais, surtout, on ferme bien, les yeux. On se donne bonne conscience avec des justifications fumeuses du genre "on est fait pour manger de la viandeeeeuuuhhh".... Et on dit amen, Merci Seigneur pour ce bon repas.
Mais quel est le lot de souffrance inutiles, de terreurs évitables, de pollution en plus, et de déchets en plus, et de mort en sus pour donner ce petit bout de viande, ce petit bout de rien comme on aimerait à penser ? Quel est ce lot ?
Inimaginable…

Je dis oui à la prédation car elle, est naturelle ! Non à l’élevage intensif. Pas comme ça. Pas cette souffrance. Pas cette déconsidération. Comment en sommes-nous venus à faire d’être vivants et sensibles des choses économiques sans valeur autre que celle du rendement ?
Je regardais un documentaire sur la "solution finale" hier, et les images des camps et des conditions de captivité des Hommes étaient effroyables, car on ne les considéraient plus comme des Hommes. Puis, j’ai comparé ces images avec celles d’un élevage intensif de Poules pondeuse comme il y en a des milliers en France. Je n’y ai vu aucune différence.
Pourquoi, Pourquoi ne se soulève t-on pas ? On reproduit des horreurs. Mais cette fois, ça ne choque pas, car c’est au nom de notre plaisir !

Oui, je suis en colère. Ces jours-ci, en arrivant au travail, j’étais dans une colère telle que je devais me relaxer avant de travailler sur les clientes. Pour ne pas leur transmettre toute cette merde étouffante que je ressentais et qui me dépassais....
J’ai lu Faut-il Manger les Animaux, de J.S Foer.
Lu aussi, Bidoche, l’Industrie de la Viande menace de Monde, de F. Nicolino.
Cela m’est indispensable pour maintenant faire partie de ces gens "qui savent". Même si c’est douloureux. Même si ça me dépassera toujours. Même si j’en souffrirais toujours. Au moins, je peux prendre les décisions qui s’imposent à moi en connaissance de cause.

C’est un changement radical dans ma vie. C’est violent. C’est un peu, égoïstement parlant, comme la mort de maman.
Un changement brutal. Qui va changer des tas de choses. Qui va peut-être changer le cours de ma vie.
Mais c’est aussi porteur d’espoir. Sain. Intègre. Je sais que je ne serais plus la même. Je ressens déjà des changements. C’est énorme. çA fait peur un peu. C’est terrifiant, beaucoup.

Mais j’ai des projets. Créer un blog tout d’abord, pour m’exprimer la dessus. çA s’appellera "Les Tas de Conscience" Un genre de blog pour les Yeux ouverts de ceux qui savent et veulent consommer autrement. Être conscient et consommer éthique, responsable… Rien de trop radical. Puis, avec un ou deux associés, j’aimerais créer une revue indépendante. Enfin un magazine. Me faire entendre. Servir à quelque-chose.
Monter une association, quand je serais sur Paname ou ailleurs. Défendre les petits producteurs locaux. Soutenir les marques cosmétiques qui se fournissent en matières premières chez les locaux également. Faire des actions (du genre sauvetage en élevages indus., ...). Faire du racolage. Sans violence. Par le dialogue, par les faits, par l’Humanité. Qu’elle serve à quelque-chose.
Et surtout, créer ma marque de cosmétique, une marque modèle, respectueuse à tout point de vue de l’environnement, de toutes les formes de vies et de la personnalité de chaque utilisateur...
Certes, je rêve un peu. Mais voilà dans quels fantasmes m’amènent ma colère : Des choses positives.

J’ai peur de pas pas réussir à vivre, consciente de toute cette souffrance qui m’entoure. Je la ressent tellement fort. C’est tellement invivable parfois. Je n’arrive pas à en sortir. Elle me dépasse et je ne voie aucun échapattoire, aucune issue (comme les animaux dans les abattoirs, comme eux, comme eux. Comme eux dans les hangars de l’exploitation, sans lumière, sans oxygène, avec la détresse, la douleur et l’incompréhension comme compagnie, sans répit. Sans aucun répit....). Voilà comment je me sens aussi. Maintenant plus fort que jamais.

Je vais réussir à vivre ?
Je vais réussir à être heureuse ?
Je n’ai pas de réponse.
çA me fait peur. çA me brise en morceau, légèrement, tendrement.

çA va mieux déjà, je le sais, au niveau de la colère. J’ai réussie à la canaliser. Mais la douleurs...
Les autres douleurs que j’ai aussi. Pour d’autres choses.

Heureusement que les clientes m’aiment. Me demande moi. Hier, un jolie femme nue sous mes doigts m’a dit que j’avais un don.
Pourtant, avec mes doigts doués, j’avais l’impression de lui mentir.

Bon, je vais pas tarder à aller me reposer. Demain ça commence les examens trimestriels. J’ai l’impression que j’ai tout oublié