Flatulences VS Eternuements/ Le Discours d'un Roi
Dans le train mercredi soir, j’observais les gens comme j’ai l’habitude de le faire.
Je crois être une de ces passagères insupportables. De celles qui fixent les autres usagers, qui dérangent avec leurs regard soutenu. De celles qui s’incrustent avec les yeux dans les conversations. De celles-là.
Oui, je pense être celle qui incommode avec ses yeux, qui sonde les manies et les tics. Le regard qui vient toujours se poser au mauvais moment, sur l’acte banal et intime qui se veut invisible en public… Mais je suis là !
Et rien ne passe inaperçu;
Les doigts dans le nez éhontément, puis le doigt dans la bouche, goulûment. Le grattage de l’entre-jambes. La palpation fugace des testicules. Le chwin-gum collé sous le siège (passe encore ?). Les dents qui mordent la lèvre inférieure et le regard perdu, ce qui donne une expression d’attardé mental, stade avancé. Le bout de gâteau qui tombe par terre et qu’on fourre discrètement dans la bouche (oui, celle où on a mis le doigt, avant...... ).
Ce que j’adore, c’est tomber sur un de ces petits moments d’humiliante humanité et lancer à la personne coupable/victime un regard éloquent, tout en levant un sourcils (même si je n’arrive pas trop encore à lever un sourcil). Un regard qui dit "Oui, j’ai tout vu".
Parfois, c’est mon odorat qui décèle un de ces petits laissez-aller. Et alors il est beaucoup plus difficile pour mes yeux de savoir avec précision sur qui se poser.
Oui, je suis très certainement une passagère insupportable.
Mais ce qu’il y a de plus insupportable, c’est le manque de savoir vivre des gens. De plus en plus, j’en suis choquée. Déçue. Désappointée. Ce qu’il y a de pire pour moi, ce sont ces gens qui je croisent tous les jours. Et vraiment, vraiment, sans exception. Ces gens qui baillent et ne mettent pas la main devant leur bouche. Grande ouverte. La mâchoire déboîtée presque. La langue, blanchâtre, offerte, les plombages des molaires aussi, offerts. La glotte étincelante… Une horreur. Je n’arrive pas à comprendre ça. Le visage devient affreux, déformé. Une belle personne, en moins de deux secondes, atteint les cimes de la laideur et de l’obscénité.
çA me dérange tellement.
Comme ces gens qui toussent sans mettre leurs mains devant la bouche non plus. (Quand il s’agit de mettre la main dans la bouche, il n’y a pourtant aucune hésitation...).
Voilà ce qu’ils font; ils toussent. Et mon nez (très sensible c’est vrai), reçoit en offrande les effluves écoeurantes d’haleine chargées de maladies et de médicaments en phase de digestion. Reçoit intensément les relents immondes de l’oesophage pâteux, plein de glaires et de levures. Parfois aussi, quelques postillons bien visés accompagnent cette explosion de saveurs, pour le plaisir des sens.
Je sais pas, il n’y a que moi que ça choque ?
J’ai l’impression d’être la seule à me sentir dérangée devant les baillements non dissimulés. je ne peux pas m’empêcher de prendre un air dégoûté à chaque fois.
Enfin toujours est-il que mercredi soir, je me suis imaginé que péter n’était pas tabou. Mais que tousser et bailler l’étaient. Et j’ai pensé que ça changerait drôlement les choses.
Je me suis imaginer un train, une salle de concert ou un cinéma où les gens pétaient en toute liberté. Comme on tousse. Mais que par contre, il essayaient tant bien que mal de dissimuler leurs baillements et leur quinte de toux. C’est vrai que serrer des fesses, c’est discret. Par contre, retenir un éternuement, c’est plus délicat. C’est visible...
Si il était visible de se retenir de péter, on aurait toujours honte. Dans mon fantasme à moi, c’était la toux qui provoquait la honte… Je devrais un faire un spot publicitaire contre les gens qui ne protègent pas leurs bouche en toussant, éternuant ou baillant : On voit un wagon de train rempli. Une personne pète, puis une autre. Personne ne réagit pour la plus grande consternation des téléspectateurs. Puis, soudain, gros plan sur une femme qui a envie d’éternuer. Elle devient toute rouge, se tortille. Se met un poing dans la bouche, mais rien n’y fait. Et là, elle éternue comme jamais ! Et les gens sont outrés, choqués. Et on entend des "OOOH" et des ROOOH, MAIS ON CROIT RÊVER, PLUS AUCUN SAVOIR VIVRE"
Oui, ça marcherait peut-être..... Parce-que quand moi je vois quelqu’un bailler comme ça devant moi, ça me choque tout autant !
J’avais envie de rire en pensant à ça. Je suis une vraie gamine !
Hier, je suis allé voire Le Discours d’un Roi. J’ai trouvé le film magistral ! Ensuite, avec Fanny, on est allé prendre des verres de vin rouge à l’Art Brute, et le serveur était très mignon. En accompagnement, on a pris une assiette de légumes marinés. Parce-que je ne mange plus de charcuterie. Pauvre Fanny...... Ce soir, je la traîne avec moi à un Dîner convivial végétarien organisé par l’Association Végétarienne de France au restaurant Tien Hiang Il dans le IIè. J’espère que ça va être chouette. Je ne dis pas que j’espère rencontrer quelqu’un d’intéressant (enfin enfin enfin !!!!), parce-que ça me porte malheur!
On verra. Je vais me faire belle, mais pas trop. C’est un dîner végétarien.
Ce qui bannît mon petit Cuir noir d’ailleurs…
J’ai appelé papa après avoir vu le film, pour lui conseiller (lui ordonner plutôt) d’aller le voire aussi. Il avait envie d’y aller de toute façon.
À la fin de mon appel, il m’a dit "Merci de ton appel". çA m’a fait mal au coeur. Comme si c’était le vieux papa que ses enfants ne viennent jamais voire, que ses enfants n’appellent jamais. Comme si il était reconnaissant que je l’appel. Comme si il se sentait abandonné. Comme si il pensait que je ne l’aimais pas et que je m’en foutais.
Voilà ce que j’ai senti dans son "merci". Et ça m’a bousillé le moral que j’avais pourtant dans la casquette.... Il n' a pas à me dire "merci" putain! ! Il s’imagine quoi ? Que je ne l’aime pas ? Que c’est une corvée pour moi de l’appeler ??
çA me fait de la peine, qu’il sente ça....
Pauvre papa. Pourquoi il m’a dit "Merci" ?