Journal de fin de jeunesse

Ma soeur, cette pute

Je suis très triste. j’ai du chagrin. Je suis seule.

Aujourd’hui, nous fêtions les 94 ans de ma Grand-Mère chez tatie.
Quand je suis arrivée, il y avait mon père et Françoise en bas, avec mamie. Je suis allé les voire directement, heureuse de voire mon papa.
J’ai demandé qui était là, on m’a dit : Nathalie, Sophie, Carine.... Tiens, ma soeur Carine, que je n’avais pas vu depuis Noël !

Alors:
je suis monté. j’ai fais un gros bisous à mon adorable petite cousine Elvire. j’ai embrassé ma soeur Nathalie. embrassé ma cousine Sophie. embrassé ma soeur Carine. Et j’ai senti : le froid, le malaise, les mauvaises ondes qui picotent l’échine. les mauvaises ondes le la colère, voire de la haine, et de la jalousie. Ces mauvaises ondes qui m’ont chatouillé sous l’épiderme, qui ont glissés entre les couches de ma peau; froides, polaires, mistrales. Les mauvaises ondes reconnaissables émanant de ma soeur quand je l’ai embrassé. Et même avant. Quand je l’ai vu assise là, dans le canapé, je les ai sentis, presque aperçus, brouillant son image comme une mauvaise réception brouille l’écran de la télé.
Les mauvaises ondes de l’aversion, voire de l’exécration. (c’est surprenant comme parfois, il nous arrive de distinguer les choses invisibles).

Puis, j’ai salué Gérard. Puis ma tante. Puis mon oncle.
Ma soeur ne m’avait pas vu depuis Noël. Mais : elle ne m’a pas dit un mot. Ni voulu savoir comment j’allais. Ni comment de passaient mes études. Ni rien. Tant je sentais fort son hostilité, je n’ai pas osé ni même m’approcher d’elle.
J’ai juste retenu que, pour répondre à mon Bonjour, elle ne m’avait pas regardé dans les yeux. J’ai juste retenu qu’elle évitait de poser ses yeux sur moi. Je la fixais intensément parfois. Cette inattention était délibérée de sa part…

Bon, et puis on a chanté. Mangé le gâteau. Les crêpes. On a plaisanté un peu (pour une fois qu’on rigole franchement). Mais voilà, la plaisanterie n’a pas plu à Tatie. Alors, il y a eu le froid.
Et ma soeur Carine a lancé, d’une façon déconvenante j’ai trouvé, déplacée, immature pour ses 37 ans. Elle a dit, agacée "Bon on y va papa ?". "Allez, on décolle !", il a dit.
J’en ai profité pour rentrer avec eux. Un peu désolée que c’eût été si court. Un peu angoissé à l’idée de la proximité avec ma soeur, hostile, dans la voiture.
Dans la voiture, j’ai proposé qu’ils viennent prendre l’apéritif (soit le thé) chez moi. D’autant que ma soeur n’avait jamais vu mon studio. Mon père a dit ok, en plus ta soeur n’a jamais vu où tu vis....
Ma soeur a dit que moui. Puis a ajouté que vite fait hein ? Parce-que on allait pas passer la nuit ici, sinon, elle allait prendre le train et c’est tout.... Sur un ton malsain, agressif, indifférent et énervé.
Mon père lui a gentiment fait comprendre qu’elle se calme un peu.
J’étais mal déjà. Presque envie de lui dire que ok, c’est pas grave, ce sera pour une prochaine fois.

Mais : je n’ai rien dis et j’ai laissé venir mon père, Françoise et ma pute de soeur chez moi. Sachant déjà que c’était une mauvaise idée. Tendue déjà. Sur la défensive avant même d’avoir été attaquée.
Car : je savais déjà que ma soeur allait m’agresser, d’une façon ou d’une autre, avec les mots ou sans rien dire. En se taisant ou en gueulant. Oui, sachant déjà que c’était une mauvaise idée. Car mon studio est trop petit pour mon père, Françoise, ma soeur et les mauvaises ondes grouillantes. Qui la suivaient. L’auréolaient.

Et ça n’a pas tardé. Assise, nonchalante, agressive, vipérine sur une chaise, elle a commencé à me provoquer. Calmement, sournoisement. À me faire comprendre que si je vivais à Melun c’est que je l’avais choisi, que je disais n’importe quoi quand j’affirmais qu’il était impossible de se loger correctement dans Paris pour 450 euros par moi… J’ai pensé, déjà, mais pourquoi elle m’agresse là-dessus ? Non parce-que vraiment, qu’est-ce que ça peut lui foutre ?
Je n’ai pas compris. Pourquoi elle m’en voulait. Pourquoi elle se montrait si blessante. Si exaspérée. Pourquoi ? Pourquoi cette agressivité sous-jacente et ce comportement absurde et infondé ? Sans raisons ?
C’est terrible de sentir cette haine, cette aversion, cette rancoeur, sans en comprendre le pourquoi.

C’est alors que je me suis énervée; seuil de défense que j’atteint très, mais très rarement.
Je me suis mise à l’agresser aussi, mais honnêtement, ouvertement : "Tu as un problème Carine ? Quelque-chose à me dire ? Qu’est ce qui t’arrive là ?" Elle a dit "Non, rien" cette saloperie. Alors, j’ai ajouté "Ah bon ? Alors pourquoi tu m’agresse depuis tout à l’heure ?"
Ce à quoi sournoise, cette vipère a répondu, feignant l’étonnement " Ah mais je t’agresse pas moi. C’est toi qui m’agresse là...". Sale sournoise. Bien trouvé ta réplique. Si on parle d’agression en terme de décibels, c’est sur, je gagne....... Injustice. Pute.
Je l’ai enchaînée, déstabilisé par sa fourberie "Non, c’est toi depuis tout à l’heure tu me parles mal, tu m’attaque, tu me regardes mal...."
Bon, le problème c’est que je sais plus ce que j’ai dit mais elle m’a fait passer pour la pauvre folle de service en se levant, soupirant et en marmonant, "Allez, c’est bon, on se casse, ça va....". Enfin, une méchanceté déculpabilisante du genre....
Garce ! C’est honteux ce comportement injustifié qu’elle a eu!
Je me sentais (et me sens encore) tellement révoltée, tellement indignée. Ma "soeur" de 37 ans.

Alors mon père et Françoise se sont levé pour partir. Mais moi, j’avais trop besoin de cracher ça, de me faire entendre, que Justice de fasse. J’étais en détresse, réellement.
Je les ai donc retenu. J’ai plaidé pour ma cause.
J’ai pleuré, sur le manque de cohésion de la famille. Sur ma solitude. Sur le fait que je suis seule et qu’aucun de mes trois frères et soeur n’est là et ne me soutiens.... Aucun, pire, parfois ils se permettent des comportement abjectes, sans raisons. Parce-qu’ils m’en veulent pour des raison fumeuses ? Parce-qu’ils ne sont pas bien.... J’ai pleuré, je me suis lâchée. Je n’en pouvais plus. Trop de douleur familiales retenues. Ces injustices subies depuis presque 3 ans. j’ai ajouté que moi, même quand je ne vais pas bien, même quand je suis au fond du trou, je suis gentille avec tout le monde. Jamais je ne me comporte mal ou fait payer mon amertume à d’autres… Non, pas moi.
J’ai avoué à mon père que j’étais sous anti-dépresseurs. Il a compris que j’étais mal. Très mal. Perdue. Seule.
Je lui ai dit que même lui, il était jamais là.
Il m’a pris dans ses bras (enfin), m’a consolé.... Comme font les papa. Il a dit aussi, qu’il avait bien vu qu’elle m’avait provoqué.
Puis j’ai bien vu qu’il pleurait. Lui aussi. De me voir comme ça. De me savoir en détresse. Sans ma maman, sans personne presque.
çA m’a fait trop de mal de le voir pleurer.
Tout ce qu’il a dit a son importance, mais je me souviens d’une chose, la plus importante, et ça restera gravé; il était au dessus de moi, me regardait dans les yeux, triste, impuissant devant mon désarroi qu’il commençait à réaliser. Il m’a dit que j’étais pas seule, qu’il était là.. Et surtout, il a dit, la voix pleine de larmes "Je suis ton papa."

C’était tellement triste. Ce qu’il a dit. C’est comme si il venait de le réaliser. D’en prendre conscience. Comme si il se le disait à lui même aussi..... je ne sais pas trop comment exprimer ce que j’ai ressentis dans sa phrase. Mais un peu de ça, et d’autre chose aussi. Lié à ma mère, c’est certain, à cette douleur qu’on a en commun, et dont on ne parle jamais. Cette douleur enfouie, réapparu brièvement entre nous , le temps de dire "Je suis ton papa".

Je pleure encore. Je n’arrive pas à comprendre la mélancolie, la tristesse et la peur que ces paroles ont réveillés. Même si elles m’ont consolées.

Puis, papa est parti. Inquiet, sombre...
Je suis resté assise là, à pleurer. Dans la détresse émotionnelle. Le besoin terrible de la partager avec quelqu’un que j’aime, qui est là et me sert dans ses bras. Mais personne. Et j’ai senti tout le poids de pesante solitude.
Alors j’ai téléphoné à ma soeur Nathalie. Lui ai raconté.
Elle m’a garantit que Carine m’aimait, m’adorait mais que.....et patati et patata.
Jalousie, caprices, rancoeur.... et je ne sais quoi d’autres de stupides et qui ne justifient rien.
Carine n’est plus ma soeur.