Journal de fin de jeunesse

La bague perdue / La Rotonde

Musique à fond pour ne pas entendre la télé du cafard d’à côté.

Cheveux qui recommencent à tomber après 3 semaines de répit, compromettant fortement mon avenir sentimental.
Je n’en peux plus. Qui voudra d’une dégarnie ?

C’est trop injuste. J’ai beaucoup à partager, à donner. Je veux des enfants.
Mais : si je continue à perdre mes cheveux comme ça, je serais très vite horrible et plus bonne à marier.
J’ai tellement peur. Je vais finir seule pour une connerie comme ça. J’ai envie de mourir des fois, tellement je sens que je n’ai pas d’avenir.
Bon, il faut que j’essaie de relativiser, de ne pas me focaliser là dessus.

Vendredi, avec Fanny, on est allé à l’Aquarium de Porte Doré. C’était magnifique. Ils possèdent de très belles espèces, même des alligators du Mississippi. Et je suis tellement fasciné par ce fleuve...
Nous y avons vu, outre les alligators, un Poisson Licorne. C’était très émouvant car sur le panonceau explicatif, il était écrit que ce poisson venait de l’Océan et qu’il était arrivé à l’Aquarium alors qu’il ne mesurait que 2 cm à peine. Il avait énormément grandi depuis...
On était toute émues. Devant les petits poissons Clowns aussi nous avons craqués. Puis, dans un des aquariums, nous avons pu observer d’autres poissons Clowns et un poisson Chirurgien bleu ! Exactement les mêmes petits personnages que dans Némo.... Walt Disney, quand tu nous tiens!!!
Un peu avant, c’est un gros poisson blanc dont l’espèce n’était pas indiquée qui a attiré notre attention. Il n’était pas vraiment d’un physique abordable, le pauvre. Alors, prises d’affection, nous avons tenté de communiquer avec lui. Et c’était vraiment amusant, car il réagissait. Il y avait une réelle interaction entre nous. Il suivait nos mains. Quand nous faisions mine de partir, il nous suivait également jusqu’à la limite de son aquarium, dans l’angle de la vitre… Oui, vraiment surprenant!
Quand nous sommes repassé devant son aquarium, il regardait encore à travers la vitre. On s’est demandé si il nous reconnaissait. Je pense que oui.
Parallèlement, il y avait un exposition temporaire sur les Requins, avec films, affiches, documents interactifs et expositions de fossiles, de mâchoires (dont une mâchoire de Megalodon vraiment terrifiante).
On y a appris les techniques du Finning, acte qui consiste à couper les ailerons d’un requin puis à le rejeter dans la mer, encore vivant. S’en suit une longue et terrible agonie pour l’animal, incapable de se mouvoir et de s’orienter. Il coule tout au fond de la mer et finit par y mourir noyé.....
Cette pratique met en péril les requins de très nombreuses races, les condamnants dans un futur proche à l’extinction.
Tout cela pour un caprice culinaire hors de prix, empreint de cruauté et de gaspillage.
Dans quel monde je vis ?
Dans quel monde arriveront ces enfants que je désire tant ?
Mon Appolonia, ma Céléstine et mon Armand....

Tout ça pour dire que, après avoir payé mon ticket à la caisse de l’Aquarium, j’ai réalisé que j’avais perdu ma bague. Celle que je porte à l’index gauche depuis mes 18 ans.
Celle qui m’a été offerte par mes parents, par maman, le jour de mes 18 ans. Celle qui représente un sepent, en spirale, dont la tête incrusté d’une petite émeraude s’est cassé depuis longtemps.
Le soir ou j’ai perdu cette tête, j’étais au ciné avec Maly, on regardait Azul Oscuro Casi Negro, de jenesaisplusqui.... Et j’avais pleuré, devinant dans cette perte un mauvais présage. J’avais d’ailleurs appelé ma mère pour lui en parler, dans ma détresse. Alarmée, méfiante, dans l’expectative presque, d’un malheur qui la toucherait d’une façon ou d’une autre.
Elle m’avait réprimandé. De ne pas croire à des sornettes pareilles. La même année, elle apprenait son cancer.
Cette bague, je l’ai perdu des dizaines de fois. Je l’ai perdu dans les la panique. Et retrouvé, toujours. Retrouvé dans les endroits les plus improbables. Ceux où j’avais eu l’intuition de chercher.
Sac poubelle contenant la litière souillé de mon lapin Miraldo. Sac poubelle tout court, déjà parti dans le contener. Machine à laver après le lavage. Et dernièrement, 3 jours après l’avoir perdu, prise dans le filet à tomate de mon frigo.
Mais, toujours, retrouvé.
Pas cette fois. Elle est bien perdue. Perdue. Cette perte tant redouté a finit par arriver.
Tout va mal (?)
Dame m’a dit hier, alors que nous étions sur les bords de Seine pour profiter du beau Soleil. Il m’a dit que le message de cette perte était peut-être tout autre que celui que j’y voyais…

Hier soir, je suis allé avec Pascal au cinéma voire le dernier des frères Cohen : True Grit.
Ce film m’a complètement enchanté. Un vrai bonheur. Transportée.
Ramenée pour 2 heures dans cette époque magique, pleine de romantisme sauvage et de merveilles empoisonnées. D’aventures faciles, à portée de main. De simplicité épicurienne. Et de morts, limpides, tragiques, épiques.
C’est toute la magie de ce cinéma de genre, qui se fait rare. Discret. Qui demande de la sélectivité. De l’exigence. Mais une fois face au bon film, que délice.
çA fait oublier.
C’est à La Rotonde que nous sommes allé le voire. Je n’y était pas retourné depuis mes 16 ans, quand nous y avions monté, ma classe de Première L et un metteur en scène talentueux et risible(M.Schweitzer !), une pièce de théâtre.
Quelle nostalgie de retourner là bas; l’entrée où nous déjeûnions tandis que Sana, elle, faisait le Ramadan. Les escaliers qui montait à la salle de spectacle et nous passions des heures de fous-rires avec Maly, à parodier M Schweitzer. Et la salle elle même, qui descendait à pic, vertigineuse. Les sièges.
Ce siège où maman s’était assise. Lequel déjà ?