Journal de fin de jeunesse

Carlos, 1ère partie

Carlos.

J’ai le coeur en miettes. Le coeur lourd. Le coeur éclaté. En miettes de plomb; qui me pèsent, me pèsent, me pèsent. Et m’empêchent, m’interdisent, me privent, me défendent de respirer correctement.

Parce-que; j’ai parlé avec Carlos. Ce matin. J’ai parlé avec lui jusqu’à ce que mon père m’appelle pour aller manger. Toute la matinée. À parler avec lui. Lui au Mexique et moi ici. Mais : moi aussi au Mexique. Dans l’espagnol qui me manque. Carlos.

Carlos. Carlos et Carlos encore.

Carlos, comme un géant. Carlos, comme un enfant. Carlos, mi- boléro mi-flamenco. Carlos, cheveux de cendres et corps fumeux. Carlos, silhouette de cigarette et cheveux de fumée.
Carlos, tellement beau.

Carlos, qu’il m’était impossible de regarder. Nu dans son lit. Et derrière sa webcam.
Carlos, une torture de le regarder. D’oser plonger dans son regard inégalé. Dans son corps, inégalé. De me confronter, irrésolue, à mon désir pour lui, inégalable. D’en prendre connaissance. De ce désir oublié.

De cet amour.

(je vais marcher et courir très fort dans la campagne. Pour ne plus penser à lui. Ou pour penser encore plus fort à lui. Je reviens dans quelques heures)