Journal de fin de jeunesse

La journée ne pouvait pas être pire..... et soudain

.Suite à mon essai raté chez Jean-Claude Biguine, je me suis remise à chercher activement un employeur pour mon BTS en alternance. C’est stressant, parce-que je pars au Mexique le 15 juillet (et ce n’est pas négociable),or, les professeurs nous ont clairement fait comprendre qu’il était hors de question de partir en vacance avant d’avoir trouvé ledit employeur.......

Chez Jean-Claude Biguine (sur qui je misais pourtant beaucoup) je parle d’essai raté car :

-Jean-Claude Biguine en personne m’a plus ou moins porté (et a senti mon ventre mou) pour m’asseoir sur un tabouret (?!). Déjà c’est étrange comme situation.

- J’ai fais saigner abondemment une cliente en utilisant la pince à envie sur ses putains de cuticules qu’elle avait déjà arraché elle même.

-La mère de la cliente était là.

-J’ignorais que c’était sa mère.

-En fait j’ignorais que c’était une cliente. Il y a eu un malentendu et on m’a fait faire une manucure sur une cliente qui payait, alors que j’étais là pour un essai et que je devais démontrer sur une autre esthéticienne.

-Ladite cliente m’a demandé une French-Manuncure

-...
-Je me suis barré au bout de 3H, parce-que vraiment, je le sentais
mal.

C’est vraiment naze le taff d’esthéticienne, et en plus on est considérées comme des espèces d’esclaves par des saloperies de bourges de clientes. Et le plus frustrant c’est que, sous leur regards condescendants, voire méprisants, je sais très bien que je les domine largement intellectuellement parlant.
C’est vraiment humiliant. Ce n’est pas fait pour moi. J’ai besoin d’être reconnue pour ce que je vaux, ce que je suis. J’ai besoin d’utiliser mon cerveau, besoin de problématiques à résoudre, besoin de m’épanouir intellectuellement et créativement....
Le malaise que j’ai ressenti chez Biguine me préocupe, pour ne pas dire m’angoisse terriblement. J’ai pensé "mais qu’est-ce-que je fous là ? Ce n’est pas moi ça, d’épiler des founes, de faire des manucures et des soins du visage. Mais je me fais chier là!!!!!!"

Voilà, tout ça pour dire que dés ce matin, j’ai appelé à peu près 20 entreprises (Nocibé et Marionnaud). Ces structures, surtout Marionnaud, m’intéressent beaucoup plus car c’est surtout de la vente, du conseil et des maquillages.... qu’on y réalise. C’est déjà plus mon élément. Des manucure et des poses de vernis aussi, mais pas dans cette optique "institut" que je déteste désormais.
Enfin j’en ai appelé 20 mais aucun ne prenait en alternance.
Puis, j’ai appelé le Marionnaud de rue du Temple à Paris, car lui il recherche une alternance à partir de septembre. Bon, il recherche un BP, mais je pense qu’un BTS sera aussi accepté...
J’appel, la nana me dit de passer avant 13h (c’était impossible car j’étais à Melun, et il était déjà presque midi), ou alors après 14h avec un CV et une lettre de motivation.
J’ai mis le paquet; lettre de motivation béton manuscrite, maquillage structuré, tailleur, talons hauts.... Je me suis précipité, rué à la gare pour prendre le train de 13h15, je n’ai pas mangé. Je me suis tapé toute la rue du Temple (qui, entre parenthèse, est véritablement devenue le symbole de la merde chinoise à toutes les échopes!). J’arrive au Marionnaud, je me présente. Là on me dit que j’ai été mal renseigné, que la personne à qui je devais remettre ça (l’adjointe de la gérante) est parti à 13h30....
VDM.

.Je suis donc rentré, en ayant confié à regret mon CV et ma lettre à une employé à qui, j’espère pouvoir faire confiance. J’avais ensuite rendez-vous chez mon médecin pour mon problème de chute de cheveux.
Cette fois, il a constaté ma chute et que mon cuir chevelu s’était clairsemé… Il pense à une alopécie androgénétique. Je me suis mise à pleurer, lui disant que, de ce que je savais, il n’y avait pas de solution à ça et que dans peu de temps je devrais me raser et me mettre une perruque. Il m’a dit, presque engueuler, d’arrêter de dire des bêtises. Je lui ai rétorqué que j’avais 25 et que j’avais des cheveux de femme ménopausée. Que je n’avais pas d’avenir sentimental et pas d’avenir professionnel. Il m’a dit que je délirais...
Que ça ne se voyait pas, à part si on mettait le nez dessus. Que lui c’était son métier, donc c’est sur qu’il le voyait.....
Il m’a recommandé à un grand spécialiste à Paris avec lequel je vais prendre rendez-vous.
Il m’a dit " VOUS ALLEZ GUÉRIR".
J’espère, j’espère de tout mon coeur qu’il dit vrai..... J’ai tellement peur, car tous les témoignages que je lis sont négatifs et ne parlent jamais de guérison…

.Puis, en sortant de ce rendez-vous, accablée, j’ai pensé que la journée ne pourrait pas être pire. Tout en marchant et en me rapprochant de chez moi, j’ai pensé à T. le comédien des larmes amers de cet été, car il m' a semblé l’apercevoir à l’arrêt de bus. Mais non ce n’était pas lui.
Puis, dans la rue qui longe la Seine et qui me ramène chez moi, j’ai vu un groupe de jeunes assis sur le muret qui surplombe les quais. Je suis obligatoirement passé devant eux. Mon regard s’est attardé sur un jeune homme, affublé d’un chapeau type Borsalino, d’un gros sac à dos et mal rasé. Et je l’ai reconnu. T., la comédien des larmes amers de cet été. Toujours aussi beau. Splendide. Insupportablement beau. Insolemment sexy. T., cette fois c’était bien lui. J’ai vite détourné le regard, avant qu’il ne croise le sien. Mais; il m’a forcément vu passer. Seule. Triste. Avec ma robe des années 30. Mon gros cul (qui ne séduit que les Méditérannéens franchement blédars et les Africains franchement piliers de bar....). Mon petit carré plongeant qui se dégarni, même si ça ne se voit pas.
Oui, il m’a forcément vu passer qui rentrait chez moi. Dépitée.
çA m’a fait un choc. En arrivant j’ai pleuré et contacté Fanny. Ma douce Fanny qui sait trouver les mots. Fanny, qui y croit réellement quand elle me dit que, non, ma vie est loin d’être fichue....

Aujourd’hui, j’ai du récolter deux numéros (hier c’était un). Aujourd’hui, on m’a dit 4 fois que j’était magnifique.
Et toujours, toujours, des mecs insignifiants, dont je me fous, sans importance, sans rien. Que je ne vois même pas, ou alors qui me dérange quand je les vois, me regarder bêtement, avidement, éperdument.
J’en n’en peux plus. C’est comme une ironie. Pour me faire du mal. Me faire enrager. Pour me dire subtilement "tu vois, tu es condamné à ça maintenant ! Faut te résigner, le bonheur, c’est fini pour toi. Contente toi de ces déchets qui veulent de toi..."

Je suis malheureuse et épuisé moralement. Et tout vient de mes cheveux, j’en suis sure. Si seulement il n’y avait pas ça. Si seulement je pouvais affronter sereinement ma journée sans ce calvaire dans (et sur ma tête) qui m’empêche de profiter de la vie. La seule que j’ai. La seule que je n’aurais jamais. Et qui est déjà écourté de presque 25 ans......

Je veux que ça s’arrête. Je veux revivre. Ne plus sentir que je mens quand je réponds "oui" lorsque l’on me demande si ça va....