Journal de fin de jeunesse

Le sourcil qui se lève

Dans le train, au retour de mon examen.

Oui, j’ai eu la première épreuve des examen terminaux (des examen du CAP quoi) ce matin. À 10h50 exactement.
C’était l’épreuve de vente. Et ça s’est très bien passé, je suis contente. J’y suis allé les mains dans les poches, sans avoir rien révisé. J’ai eu de la chance qu’on ne me pose aucune question de législation.... J’ai présenté mon dossier, répondu à un certain nombre de question et, enfin, effectué un sketch de vente. Je suis tombé sur la vente de produits de maquillage. La "cliente" (une des jury), cherchait un fard à paupière pour aller avec son tailleur prune. Elle aurait eu les yeux verts, ça aurait été facile. Mais les yeux étaient bleus et ce fut plus délicat. Cependant je pense m’en être bien sorti.

(Je regarde Taxi driver, je continuerais d’écrire plus tard)

Plus tard :

Alors oui, dans le train au retour de mon examen. Il y a eu ce garçon, ce très très beau garçon.
Il est entré dans le compartiment où j’étais assise. On s’est regardé à peu près 3 secondes. C’est long comme regard. Et j’ai baissé les yeux, la première. Parce-que, vraiment, son regard à lui était trop intense.
Durant le trajet, il y a eu des regards. Il y a eu de ces regards ! J’avais chaud. J’ai eu terriblement chaud. Je savais bien que ça se voyait sur mon visage; le désir. Et : je ne pouvais pas m’empêcher de sourire, en coin.
Parfois je le cherchais lui. D’autres fois il me cherchait moi. çA a duré, comme ça, les regards qui tentent de soutenir l’autre. Sans y parvenir. çA a duré tout le trajet.
C’est pourquoi j’ai pensé que c’était une belle journée. (mes cheveux étaient d’ailleurs magnifiques, je n’ai pas compris pourquoi). Une belle journée pour un oral réussi. Et une belle journée, aussi, pour un beau garçon rencontré dans le train.
J’ai cru. J’ai vraiment cru que c’était bon. Qu’il allait, à un moment ou à un autre, m’aborder. Me demander mon numéro. Quelque-chose dans ce genre...
Donc, je me sentais moite. Anxieuse. Chaude. Cette sensation que j’adore. Rare. Quand : un garçon me plaît et je sais que je lui plaît aussi et que ce n’est qu’une question de minutes avant qu’on ne s’aborde.

Les deux mecs assis à côté de moi parlaient de je ne sais quelle randonné qu’ils allaient faire vers Fontainebleau. Et c’est alors, que le très beau et très désirable garçon leur a adressé la parole. Pour leur donner un tuyau pour leur randonnée je crois. Il a tendu une feuille de papier à l’un d’eux, pour que celui-ci puisse lui écrire son e-mail pour recevoir toutes les infos pour cette fameuse randonnée.
J’ai regardé la feuille de papier, le coeur battant. Je l’ai regardé avec une envie furieuse d’y inscrire mon e-mail moi aussi. Ou même mon numéro. Mon coeur s’est mis à tambouriner très stupidement. Le garçon scandaleusement sexy me fixait intensément. Mais ne disait rien. À moi, il ne parlait pas. Alors je n’ai rien fait. Je n’ai rien inscrit sur la feuille de papier. Je l’ai regardé s’éloigner de moi, retourner dans les main, érotiques, du garçon du train. Retourner dans ses mains sans mon numéro inscrit dessus…

On s’approchait de Melun. Je l’ai regardé une dernière fois, en espérant très fort qu’il allait descendre à Melun lui aussi.
Je l’ai regardé, dans l’expectative de l’approche. N’importe quelle approche. Il m’a regardé. Et : il a levé un sourcils.

Je suis une vraie conne. Je me suis fais des films il faut croire. Et il n’est même pas descendu à Melun.
Avant, dans ma vie d’avant, tous les mecs que je voulais, je les avais; dans le train aussi, si j’avais envie.
Et aujourd’hui, plus rien. C’est fini pour moi.
Encore un signe. Pour me signifier que je ne dois plus rien attendre des mecs qui me plaisent. Je n’en atteindrais plus aucun. Plus jamais. Je me contenterais de les convoiter. Eux, ne me verront pas. Plus.
Je n’y ai plus droit.
J’ai vraiment cru que je lui plaisait pourtant.

Mais qu’est-ce que j’ai fais pour en arriver là ? À cette malchance là ?
Qu’est-ce qui cloche chez moi ?
C’est tellement ironique. Je suis tellement triste de nouveau. D’être seule. Et de sentir que je serais toujours seule. Jamais vraiment amoureuse. Que ça c’est fini. Que les hommes qui me plaisent ne sont pas touché par moi. Et que je ne plaît qu’aux gros nazes (c’est ça le pire je crois, le plus ironique).
J’étais vraiment mal après ça. Je sens que tout va de mal en pis. Que la vie se joue de moi.