Journal de fin de jeunesse

Non je n'irais pas danser... entrecoupée de rage!

25.

25 ans depuis le 18 juin.

25, et incapable de dire si c’est déjà trop tard, ou si c’est encore trop tôt.

25 ans, encore.

Mais, malgré cette aura mélancolique que je devine flottant autour de ces premières lignes, mes 25 ans commencent plutôt bien. Malgré cette aura mélancolique que je traîne partout, même quand je crois que je suis heureuse. Plutôt bien. (Une de mes premières résolutions, dire "plutôt bien" plutôt que "pas trop mal").

Hier, j’ai continué mon tatouage au salon. J’y suis allé seule cette fois, sans Fanny. J’ai bien supporté la douleur.
J’étais encore une fois seule avec les trois mecs du salon.
Le tatoueur, dont j’avais déjà dressé brièvement le portrait. Un homme qui a vécu, et qui sais beaucoup sans avoir étudié convenablement, comme le veut la coutume.

(PUTAIN CE FILS DE PUTE D’À CÔTÉ AVEC SA TÉLÉ, JE VEUX QU’IL MEURT, QU’IL MEURT, QU’IL MEURT ! JE N’EN PEUX PLUS!!!)

Voilà, à cause de ce cafard, je n’ai pas droit au silence, comme chaque soir depuis un an. Même ma musique ne couvre pas son bruit infect. Il me gâche mon inspiration. Me gâche mes lectures. Me gâche mon sommeil. Ma sérénité. Mon droit au calme chez moi. Ma vie. Il m’a pourrie la vie pendant plus d’un an....
Quel bonheur que je déménage enfin d’ici trois semaine au plus tard.
En partant, je vais crever les pneus de sa bécane, de son vélo, rayer sa porte d’une croix gammée et aussi le siège de sa bécane. Enfin, je lui laisserais une lettre où je ferais référence à la médiocrité vide de son existence inutile. Et où je lui rappellerais qu’il crèvera seul comme un rat et que personne ne s’en apercevra, et quand enfin, on sentira l’odeur de son corps minable pourrissant, son enterrement passera inaperçu et personne n’y viendra.
J’en jubile d’avance.

Bon, cette parenthèse refermée, je peux continuer à raconter ma journée d’hier, faute de mieux.

Pendant la séance de tatouage, on est parti dans un ébat sur le végétarisme, le pourquoi de l’élevage industriel et la faim dans le monde.
Je me suis emporté. Et le sujet que je croyais maîtriser m’a complètement échappé. En apparence, car j’ai bien senti que le tatoueur et l’autre gars qui bosse là, débordaient trop des limites dudit sujet.

(BON JE VAIS ME SERVIR UN VERRE DE RHUM BRUN, LE CAFARD D’À CÔTÉ ME FAIT PÉTER UN CABLE).

Bref.
C’est parti loin, dans une contrée vaguement socio-politique qui n’avait finalement plus rien à voire avec le sujet de départ.
Mais : je suis passé pour la petite conne exaltée, qui ne sait rien et qui parle trop. Qui parle sans savoir.
Et; c’est terrible ce que je déteste ça.

Puis, un jeune totalement mignon et partiellement tatoué est arrivé.
J’ai bien vu que je lui plaisais.

(PUTAIN JE NE PEUX MÊME PAS ÉCRIRE DANS LE SILENCE ! C’EST INTOLÉRABLE, JE N’EN PEUX PLUS, PITIÉ).

Oui, j’ai bien vu que je lui plaisais. Il a, peu subtilement, tenté de savoir si j’avais un copain. En disant " Il va être content ton copain quand il va découvrir ton tatouage!". C’est alors que je lui ai demandé ce qu’il faisait comme travail.
Et c’est là qu’il m’a répondu qu’il était boucher.....
C’est quelque-chose de très drôle. Cette situation l’est vraiment. Truculente même.
Le tatoueur a dit que ça allait être difficile entre nous deux, car moi j’étais "herbivore".
Le débat a rebondit là dessus et continué de plus belle. Une chose m’a beaucoup mise en colère. Ce que je déteste par dessus tout qu’on me fasse remarquer. Ce discours que je trouve réducteur. Voire arriéré. Ceci; quand je dis que je pars faire des missions de protection des espèces animales en danger,on me rétorque presque invariablement que ça signifie que j’accorde donc moins d’importance aux êtres humains. Que de ce fait, je me fous d’une petite fille qui crève de faim, je m’inquiète plus pour les animaux...
On en est venu là car j’affirmais mon opinion, je parlais d’une chose en laquelle je crois plus que tout. Oui, je parlais du fait que chaque acte qui émane de nous est porté par l’égoïsme. Que chaque action, même la plus altruiste et généreuse qui soit, va nous satisfaire nous-même en premier. Dans le sens où ses répercussions positives vont nous atteindre nous, et nous seul, avec le plus de certitude. Le tatoueur a cité Coluche et m’a demandé si je le trouvais égoïste dans ce cas...... Et j’ai réalisé qu’il n’avait rien compris à mon discours. çA m’a foutu en rogne!
Ensuite, on est allé déjeuner. Je me suis joins à eux trois. Le boucher n’étais pas là.
On a pas mal discuté. Ce sont des gars sympas, intelligents, ouverts…

On est retourné au salon. On a avancé sur le tatouage. J’ai raconté des cracks en disant que j’allais à une soirée pour la fête de la musique. Alors que je n’avais rien prévu d’autre que me vautrer sur mon canapé pour me détendre devant Dr House...
En partant, le boucher ma demandé si je voulais bien l’inviter à ma soirée. J’avais une folle envie de passer une soirée avec lui surtout. Mais, prise à mon propre piège à cause de mon mensonge, j’ai dis que une prochaine fois. Le pauvre, il a dur croire qu’il ne me plaisait pas..... Quelle conne je suis.
En partant aussi, j’ai bien vu comment le tatoué de partout (le portugais qui débute dans le tatouage) me dévorait des yeux. J’y ai vu beaucoup de désir, de curiosité et de regret de me voir partir. çA m’a fait plaisir. M’a flatté.

Et j’ai filé jusqu’au nord de Paname, jusqu’à Porte des Lilas pour donner mon dossier au monsieur de l’agence immobilière.
Puis, je suis rentré chez moi.
Dans le bus, j’ai remarqué ce garçon. Assez petit, trapu, à la beauté du sud, un peu brutale.
J’ai pensé qu’il devait être basque. Et en voyant de mains sales et abîmés, et se petite casquette d’un autre temps, j’ai pensé qu’il était ramoneur.
Je suis sorti du bus. Peu après, sur le chemin, je l’ai vu derrière moi. Il m' a demandé si je voulais un peu d’aide. (Oui, je portais un sac plastique très lourd rempli de kilos de légumes que je venais d’acheter sur un coup de tête à des agriculteurs qui les vendaient à la sortie de la gare).
J’ai accepté. Bien contente. Il m’a dit qu’il était cordiste; un métier pu connu qui consiste à grimper à la corde pour aller réparer je ne sais quoi sur les toits...
Il m’a rappelé mais tout compte fait je ne vais pas donner suite.

En tout cas j’ai trouvé cette journée du 21 juin très romantique. Courtisée par un boucher, puis par un cordiste. Je me suis sentie revenir au 19è siècle.