Journal de fin de jeunesse

...et un appartement

Hier, j’ai visité deux appartements.
L’un d’eux avec Y., l’agent immobilier furieusement sexy. Celui qui ressemble à Sami Bouajila.
L’appartement m’a plus. Mais sans plus.
Il m’a dit que, si je prenais l’appartement, il viendrait me voir.... J’ai aimé ça.
Son accent, son manque d’expérience dans l’immobilier, flagrante.
Sa façon de me regarder mi-amusé mi-charmé, tandis que je flânais dans l’appartement et tentais de visualiser comme j’allais le meubler.

Mais je n’ai pas eu le coup de coeur pour l’appartement. Le coin cuisine, immense, m’a paru absurde un peu.

A regret, j’ai dis aurevoir à Sami. Il est parti, mon dossier sous le bras, m’assurant qu’il allait vraiment faire son possible pour que l’appartement me revienne…

(c’est vrai que le matin même, j’ai subi un terrible ascenseur émotionnel quand, le monsieur de l’agence pour le 30 mètres carrés m’a téléphoné et m’a dit "Ben c’est pas vous!" et que j’ai compris "Ben c’est pour vous!" Je me suis alors mise à crier de joie, hystérique presque, et de soulagement. Avant qu’il ne me dise que manifestement je l’avais mal compris...)

Et puis:
Je suis allé en visiter un autre.
Etrangement, il se trouve dans la même rue que celui que je devais avoir au tout début. Et qui m’a été volé par le cousin de la propriétaire… Tout à côté, et du côté des numéros pais aussi.
Malheureusement, j’ai vu que je n’étais pas la seule à être intéressée par celui-ci. On est était 10 au total à le visiter. Et il s’agissait là de la dernière visite (la quatrième je crois)....
Evidemment, tout le monde avait son dossier complet. Et j’ai tout de suite su que je n’avais aucune chance.
Nous avons grimpé les 6 étages sans ascenseur (le petit point faible du truc). Et l’appartement m’a immédiatement plus.
Un vrai coup de coeur.
Un petit nid, qui donne sur les toits de Paris. Comme conçu pour moi.
22m2, mais tellement bien agencés. Avec une utilisation de l’espace très astucieuse.
Je me suis rêvée le décorant. Le remplissant de senteurs chaudes en hiver et plus fraîches en été. Le saturant de musique. De joie. Et de silence.
Je me suis vue, dans la mezzanine douillette et accueillante, dans les bras de mon futur amant. En hiver.
Et vu, aussi, travaillant sur le jolie bureau, concentrée sur mes études.
Et écrivant, sur ce même bureau. Ou, encore, savourant un bon rhum sur le petit balcon.
Vue, encore et encore, prenant un bain chaud dans la mignonne salle de bain.

J’ai vue une vie heureuse là bas. Dans cet appartement.
Mon appartement, j’ai pensé. Je le voulais tellement celui-là.
Mon appartement, réchauffé par des pleurs, bien sur, qui arriveront tôt ou tard. Des indignations. Et aussi; des caresses, des orgasmes (partagés!), des murmures, des gémissements humides et des bruits de baiser, tellement agaçants quand ce ne sont pas les nôtres.

J’ai donné mon dossier à la femme de l’agence.
À tout hasard.

Et aujourd’hui, après la joie éprouvée à l’annonce de mon acceptation chez Annick Goutal, je me suis remise à chercher. Un appartement à Paris.
Passé des appels. Écrits des mails. Relancés d’anciennes pistes. Et laissé des messages, toujours les même.

Après, j’ai regardé un porno.

Et puis, j’ai vu le message vocal, annoncé sur le fenêtre de mon portable.
Je l’ai écouté. C’est la femme de l’agence.
Elle me dit que pour l’appartement de la rue C., (celui d’hier, celui-là même), c’est mon dossier qui a été retenu.
Je peine à comprendre.
Je suis sonné, je ne réalise pas en fait, ce qu’elle vient de me dire.
Je la rappelle.

                                " IL EST POUR VOUS", elle me dit.

Je signe mardi.