Journal de fin de jeunesse

Hier soir

Hier soir. Fête magnifique pour mon anniversaire et celui de Maly. On l’a fait dans son appartement à Châtelet.
Elle, son anniversaire, le vrai, c’est demain.

Bien sur, j’étais triste que Sev, et Sylvain, que Marilou, que Steph et que Charlène ne soit pas là. Triste aussi que Sonia ( la personne la plus importante) n’ai pu rester que peu de temps à cause de sa gastro…

Mais : ça a été une fête merveilleuse. Avec Maly, on a passé l’après-midi a cuisiner, en sueur. Et on s’est dit que vraiment, on aurait mieux fait de commander des pizzas....

Mais : ça a été une fête excellente. Je n’avais pas autant ris
depuis longtemps. Et surtout, pas autant ris avec ce vide incroyablement léger dans ma tête. Ce néant bienvenue. Cette insouciance là. Cette absence de mal-être. Cette absence de la sournoise angoisse qui ne me lâchait plus depuis plus d’un an.
Cette angoisse qui, toujours tapie dans un coins, me rappelait sans cesse que, malgré un moment propice à l’amusement, rien n’allait bien.
Et que, passé le moment de joie, la dépression allait reprendre sa place. La monotonie. La tristesse. L’amertume. La colère. La dépression oui....

Non, j’ai ris sans la menace de la dépression latente. J’ai ris et je me suis amusé sans aucune ombre. J’ai ris totalement.
Parce-que tout va bien. Que le mal-être semble parti. NON ! Le mal-être est parti.
J’ai ris, sans la pernicieuse certitude qu’une fois que j’arrêterais de rire (et de paraître une fille heureuse et enjouée), j’allais m’enfoncer dans le gris. Dans ma poisseuse mélancolie. Dans ma vie vidée de tout. Sans raison. Gâchée. Perdue.
J’ai ris et dansé, sans cette habituelle rappel à l’ordre. Sans la peur d’affronter, après coup, les voix qui me disaient que tout le monde était heureux et que tout le monde profitait. Sauf moi.

J’ai ris. Avec un soulagement (conscient et donc bien plus savoureux), que je ne connaissais plus.
Avec la tête vide. Sans la peur de m’arrêter, et de dire aurevoire à tout le monde, la boule au trippes. Sans la peur de retourner chez moi, seule, dans mon studio, à vouloir m’endormir. Dans le gris et le malaise, toujours. Et à vouloir juste dormir pour ne pas souffrir de ça.
Sans cette peur là.

J’ai ris. Et quand j’ai arrêté de rire, tout allait bien.
Et quand j’ai arrêté de rire, la sournoise angoisse n’est plus revenue.