Journal de fin de jeunesse

L'arbre de Vie

Je suis allé voir The Tree of Life tout à l’heure au cinéma.

Depuis le temps que j’étais curieuse de le voir.

J’ai adoré. J’ai trouvé que ça touchait au sublime.
Que ça touchait à la Grâce.

D’ailleurs. Dans tout le film, il est question de la Grâce. Il est question de la lutte entre la Grâce et la Nature. De la lutte entre l’équilibre et la perte de contrôle.

J’aime Terrence Malick. J’aime les monologues intérieurs de ses personnages. Ces monologues philosophiques et éthérés. Qui, si l’on sait les entendre, nous touchent au plus profond. Nous confrontent à nous-même, à notre essence la plus pure et la plus personnelle. À notre matière.
Notre matière humaine.
J’aime ses prises de vue sans angles précis. Sans horizon. Sans lignes définis. Ses prises de vue comme tirées d’un rêve.
Et sa lumière, incandescente. Lancinante. Et avantageuse pour toutes les images. Leur conférant un état de grâce permanent.
Un état de grâce, même pour une poubelle, une voiture délabrée ou un animal mort depuis longtemps.
Dans tous ses films, absolument.

Et j’ai été choquée. Oui, absolument choquée par la réaction du public. Pas tout le monde bien sur.
Mais certains, dont mes voisins, évidemment...
J’ai été extrêmement choquée par le manque de sensibilité. Par l’hermétisme. Par la vulgarité. Par le manque de courage.
Ces gens là, auxquels je fais allusion. Ils sont incapables de regarder de belles images. De se confronter à des émotions brutes et exprimées différemment de ce dont ils ont l’habitude....
Ils sont incapables de sentir quoi-que ce soit face à l’extrême sensibilité d’un artiste. Ils sont incapables d’accepter la fragilité. Le don de soi. L’amour que l’on peut leur apporter. L’amour que l’on peut leur exprimer, sous un visage nouveau. Et courageux.
Ils sont incapables de réagir face à ce qu’ils ne peuvent pas comprendre.
MAIS POURQUOI CHERCHER À COMPRENDRE ?? ? POURQUOI NE PEUVENT-ILS PAS JUSTE SE LAISSER PORTER PAR LES IMAGES ET LA MUSIQUE, ET RESSENTIR ?

Ils n’ont pas le courage d’aller au bout de l’expérience.
Car, ce n’est pas la facilité dont ils ont l’habitude. Ce n’est pas le prévisible, le déjà-vu, le cliché, le tout-cuit dont ils ont l’habitude. Ce n’est pas l’émotion codifiée, réglementaire et imposée dont ils ont l’habitude. Cette émotion obligatoire. La seule qu’ils sont capables de sentir. Car photogénique. Car facile et confortable…

J’ai été choquée par les soupirs. Les rires nerveux. La vulgarité oui, la bêtise.

Des fois j’ai du mal à croire que l’on soit de la même espèce.
Je ne veux rien avoir à faire avec ces gens là. Ces gens stériles. Qui ne savent plus sentir par eux-même. Qui ne savent plus écouter. Ni voir au delà des images.