Journal de fin de jeunesse

Sous pression

(heureusement il y la piscine.)

Je me sens sous pressions. Et complètement bouffée par mon environnement extérieure. C’est comme si j’étais pleine de bulles et constamment agitée, dans tous les sens, par tout ce qui m’entoure. Par tout les milieux que je côtoie, y compris mon appartement. Agitée comme ça. Secouée. Et j’ai la sensation que si j’ouvre la bouche un peu trop, je vais exploser.
Sous pression, oui.

La première chose c’est mon (maintenant) fils de pute de voisin d’en dessous qui me pourrit la vie et l’atmosphère avec sa télé merdique et sa musique non moins merdique. çA m’obsède tellement que j’en parle tout le temps. Comme avant. Comme avec l’ancien d’à côté. C’est horrible d’être sur les nerfs comme ça. Mal dans son propre chez soi. Stressée, tendue, à bout. Juste à cause d’un connard qui veut faire chier le monde. Pourquoi est-ce que je n’ai pas de chance comme ça ? Pourquoi ?
Si il continue, je vais retourner le voire, une troisième fois. En tout cas, lui laisser un mot doux sur sa porte. çA c’est sur.

La deuxième chose c’est que me cheveux ne vont pas en s’arrangeant. Je commence à avoir vraiment peur. Le traitement devrait marcher maintenant. J’en suis au quatrième mois..... Pourtant j’en perd toujours autant. Et aussi, c’est fini de sortir les cheveux pas lavés après 2 jours. Impossible. À partir de deux jours mon crâne est trop visible. Je souffre beaucoup. Ce n’est pas une vie ça, de vivre dans l’angoisse de voire sa chevelure disparaître petit à petit, et dans l’angoisse d’alors dire adieu à une vie de famille, une vie amoureuse ou même une vie sexuelle, ou galante. C’est injuste. J’ai terriblement peur. Je veux que ça s’arrête. Je ne veux plus vivre avec cette angoisse atroce qui m’enlève chaque jour toute perspective de bonheur. Pourquoi est-ce que cette saloperie m’arrive à moi ? Je pense, toujours, que ma mère est morte et que cela devrait être synonyme de droit au bonheur pour moi. De droit au répit. De droit de souffler, enfin. D’aimer quelqu’un et d’enfin pouvoir me laisser aller. MAIS NON!! ! Avec la perte de mes cheveux, c’est ce droit au bonheur là qui part aussi.
Ma vie n’est pas une vie. S’en est un simulacre. Et je ne connaîtrais sûrement pas la maternité, cette amour là pourtant si normal, si évident. Et tout ça juste parce-que j’ai le malheur de perdre mes cheveux.
C’est trop injuste. À quoi bon vivre.
Je n’arrive même pas à comprendre comment je peux encore envisager un petit copain, voire un mariage, quand je vois à quelle allure ma chevelure se dégarnie. Bientôt, ce sera visible pour les autres. Et alors toute perspective de bonheur me sera à jamais refusé. De la belle fille qui faisait des ravages (encore jusqu’à il y a peu), je passerais à la paria, la freak, celle qu’on regarde avec pitié.
J’espère que je me trompe. J’espère vraiment que je me trompe. Et que tout ça va s’arranger. Et que ce sera bientôt une horreur de souvenir, un cauchemar. (Mais le fils de pute d’en dessous qui vient de mettre sa musique à fond est comme une preuve du contraire).
Je n’en peux plus.

La troisième chose, c’est que dans ce bts on a un travail monstre. Presque plus de temps pour une vie sociale équilibrée. Et je n’ai pas d’autres choix que d’y arriver, sinon, j’aurais vraiment tout raté.
Et, en plus du travail pour l’école, il y a le travail pour l’entreprise. C’est beaucoup de pression. Je commence en cabine vendredi prochain. Sachant que j’ai peu d’expérience. Et je dois connaître, en plus de tous les parfums et leurs composants… Je dois connaître tous les protocoles de soins visages et corps, les manoeuvres de massages, les produits utilisés. Et aussi; travailler mon épilation qui est à chier (mais où, sur qui, quand ?), travailler mes massages qui sont bons techniquement (et dire que j’ai appris seule.) mais qui laisse encore transparaître le fait que je réfléchi à ce que je fais, travailler mes manucures qui elles aussi je le sais sont à chier....
Et tout ça avec la bénédiction du voisin d’en dessous. Amen.
De plus, hier, ma chef m’a complètement stressé en laissant sous-entendre qu’elle regrettait de m’avoir prise en alternance. Je m’explique : ça la dérange que je sois en bts car en bts il n’y a pas ou très peu de pratique (et oui, on est pas formées à être de jolies larbines idiotes). Et elle m’a grossièrement, je trouve, demandée, si finalement je n’aurais pas pu faire ce bts en initiale et pas en alternance :" En fait tu aurais même pu réaliser ton bts sans entreprise, tu n’en a pas vraiment besoin au fond." (Bah si, sinon je le paye comment mon loyer?). Et de rajouter, de façon presque menaçante : "Tu ne fais pas de pratique quoi, en gros tu ne seras jamais opérationnelle en cabine."
Je me suis bien défendue. Mais quelle pression ! çA me fait des choses en sus à prouver, et j’en ai assez comme ça.

Heureusement; mercredi soir on est allé à un super concert à Bastille avec Gérard, mon "beau-frère". Ben oui, ma soeur lui a fait un plan au dernier moment. Alors il m’a demandé à moi de l’accompagner. Mais avec celle-là, paranoïaque comme elle est, je sais d’avance que ça va jaser, et putain ce que je déteste ça. Il n’y a rien de pire pour me mettre mal à l’aise : les soupçons infondés à mon égard, que je trouve insultants et dégradants. Cette façon de se tromper sur mon compte, de s’imaginer je ne sais quoi; que je suis une petite garce séductrice et perfide. Et venant de ma propre soeur… Certes, je m’avance un peu. Mais je suis pratiquement persuadée que j’ai raison cette fois encore. Mais je dis heureusement, car en plus d’avoir assisté à un très bon concert (Ron Sexsmith), j’ai mangé de délicieux tapas et, dans ce même restaurant à tapas (où j’ai tant de souvenirs) j’ai dragué un très séduisant latino (le barman) et on est resté en contact. Je crois qu’on se voit mardi. On verra bien.

Cette semaine, un femmes est entrée dans la boutique. Une femme qui avait très bien connu Annick Goutal. Je l’ai conseillé. Elle m’a dit "Vous vous y connaissez très bien en parfum vous." Au début j’ai cru qu’elle se moquait de moi. Mais elle a affirmé le contraire. Elle a dit que c’était un don cette sensibilité là. Que peux de personnes l’avaient.
Mais ça me sert à quoi, un don comme ça, si je n’ai personne avec qui le partager ?