Journal de fin de jeunesse

Automne et arnaque

Je me suis coupé les cheveux bien courts mercredi dernier. çA m’a fait du bien. Je me ressens un peu, rien qu’un tout petit peu, sexy. Même si c’est totalement inutile. Même si ça m’est inutile de me sentir sexy, car je n’ai plus l’occasion de séduire et de rencontrer des hommes.
Je les ai coupé le premier jour de l’automne.
L’automne qui revient inlassablement comme une malédiction. Avec son lot de fatigue, de routine, de travail. Avec son lot de kilos en trop et de capitons. Avec son lot de questions, de doutes, et de certitudes aussi. La certitude que j’ai de me tromper. De faire fausse route.
Mais. L’automne pourtant. Que j’adore, dans sa mélancolie et sa couleur rouille. L’automne qui me prends, toujours, et m’emmène loin au fond de moi. M’emmène dans ma solitude adorée, ma tristesse sauvage, mon romantisme déchirant, celui qui me tuera, me perdra sûrement.

(J’écoute la bande originale de L’Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford. Elle est signé Nick Cave et Warren Ellis. Et; elle est magique, enchanteresse. Elle est comme l’automne qui emporte dans les plaine brumeuse et qui fait voyager à jamais. )

http://www.youtube.com/watch?v=FZgb1ragWuQ&feature=related

Je voyage toujours dans ma tête. Je ne pense qu’à voyager. Qu’à partir. Et c’est encore plus fort en automne. Ma solitude me pousse à fuir. À partir loin. Et à ne jamais revenir. À ne regretter personne. À oublier tout le monde. À blesser tous ceux qui m’aiment. Ceux qui, inévitablement attendront mon retour. Retour qui ne viendra jamais. Je sais bien, malheureusement, que ce départ arrivera. Pas tout de suite. Mais pas trop tard.
Il arrivera quand j’aurais, enfin, terminé ce que je fais par raison, et non par passion. Mes études, mon diplôme, ma formation. __Ce que je fais en ce moment. Qui contente tout le monde. Sauf moi.
__
(Je ne sais pas si c’est la tristesse de la musique qui me force à écrire cette vérité que je refuse d’affronter. Ou si c’est simplement la vérité qui est exacerbée, exagérée, par la musique triste.)
Mais ma tristesse et mon sentiment de perdition, eux, sont bien présents à cet instant. Palpables. Trop véritablement et douloureusement là. Avec moi. Dans mon studio sombre. Seulement éclairé par le coucher du Soleil et la lumière des bougies chaleureusement parfumées.

J’ai envie d’écrire des heures et des heures. Des lignes et des lignes. D’écrire sur ça. Sur mon sentiment d’imposture. Et d’être une arnaque. Et de me gâcher. Et de m’être perdue. Et puis, aussi, de ne jamais pouvoir retrouver mon chemin.
Mais ça ne m’aiderait pas. çA m’enfoncerai encore plus dans mes certitudes, mes craintes. Dans ma détresse.
Et je dois rester forte encore deux petites années. Je dois me faire violence, encore, pour ne pas tout fuir. Pour ne pas partir et laisser tout ça en plan. Et (peut-être) me condamner à une vie de misère. Je ne dois pas fuir, cette fois.
Je dois continuer à faire semblant encore un peu.
Mais j’ai besoin d’aide.
Je n’ai pas la solution pour être heureuse les deux prochaines années et pour vivre ça bien et sereinement. Si je continue comme ça, je vais me pourrir. Et me persuader que je dois tout arrêter.
Et ce serait peut-être une erreur…

Mais l’erreur ne réside t-elle pas là ? Dans mon actualité ?