Journal de fin de jeunesse

La douleur de la fourrure (essayer d'aller plutôt bien, malgré...)

C’est étrange le phénomène de la mémoire olfactive. Enfin, du souvenir déclenché par une sensation olfactive.
ça, c’est très développé chez moi.
J’aime bien cette réceptivité. Mais parfois, même souvent, c’est douloureux. Parce-que les souvenirs douloureux le restent. Et que les souvenirs heureux le sont, de n’être plus que des souvenirs.
J’ai appliqué sur ma peau, aux points de pulsation, un peu de Vanille Exquise d’A G, puis, par dessus, j’ai appliqué Néroli (toujours de A G).
Je trouve le mélange des deux très bon. Très tendre et touchant. Mais tout à l’heure, alors que je terminais le livre offert par ma soeur, c’était différent; J’ai collé mon nez à mon poignet.
L’odeur de ma peau et de la Vanille exquise et du Néroli, ça m’a ramené à Civaux. Plus précisément, ça m’a ramené à mon grand-père. Mon grand-père si vif et malicieux. ça m’a ramené à la maison de Civaux, avec mon grand-père. Et l’odeur, elle évoquait les cheveux de mon grand-père. Tout de suite, j’ai senti ça sur ma peau. Et ce sont les cheveux gris et épais de mon grand-père, plaqués en arrière, lustrés, qui me sont apparus.
Et choses plus étrange encore. La valise en cuire auburn de mon grand-père m’est aussi apparu. Et je ne saurais dire si l’odeur, c’est quelque-chose que mon grand-père utilisait pour coiffer ses cheveux. Ou. Si c’est l’odeur de cette valise quand on l’ouvrait.

J’essaie d’aller bien. Depuis jeudi.
Mais depuis avant en fait. Même si jeudi, j’ai vécu un petit traumatisme face à cette pourriture rencontrée dans la rue.
Celui qui a dit que j’étais angoissante. Que ma façon, lente, de parler, que mes mimiques… tout ça. c’était faux et bizzare. Que j’étais une fille bizzare. Voilà.
Et alors ? Comme m’a dit Fanny, en quoi est-ce une tare d’être une fille bizzare ? je ne nuits à personne, ne fais de mal à personne.

Mais; il m’a fait perdre toute confiance en moi. M’a fait douter. M’a fait ressentir que j’étais anormale. Et que j’allais finir seule. Et sans enfants.
Et j’ai eu peur. Et mal. Et je me suis torturé, depuis jeudi. À me remettre en question. À m’analyser. M’évaluer, (psychiatriquement.)
Et c’est vrai que; je souffre d’être seule. Mais quand je vois les couples; leur ritualité. Leur façon d’avoir "appris à se connaître". "Appris à s’aimer". Leurs efforts. Leurs concessions. Leurs renoncement à certaines parties d’eux même. Leur transigeance.
Quand je voie ça. Quand je m’imagine faire de même. Alors je ne me reconnais pas. Je ne me vois pas. Ce n’est pas moi. Je sais que je n’y arriverais pas. pas de cette façon là.
Pourtant, c’est la façon établie, non ?

Et pourtant je veux aimer à nouveau. Mais après cet amour là, j’ai un niveau d’exigence, je crois, inapprochable. (C’était trop. C’était trop énorme et démesuré ). Et alors maintenant, si je n’atteins pas ce niveau, je n’y arrive pas.

Alors oui. je vais finir seule.

Et j’étais mal. À ruminer ça. Et même hier soir, je pensait à Rodolfo. À la tornade Rodolfo. Et ma douleur était bien là.

Mais je souffre trop. Souvent. Ce n’est même pas que je le fait exprès. je ressens la douleur exagérément.
Déjà jeudi matin, j’allais mal. En allant au cours d’AquaBike. Dans la rue qui monte vers la piscine, je me suis remise à penser à la Chine et comment ils dépècent les animaux vivants là bas. Pour qu’ensuite, les gens riches et idiots puissent porter des manteaux de fourrure. (Comme anna wintour, cette salissure abjecte, qui est passé devant la boutique hier).
Je me suis remise à penser à une de ces vidéos que j’ai vu, ou l’on voit comment ces enculés tortures les animaux inutilement avant de les dépecer vivants.
Je me suis remise à penser à ce chien, frappé, lancé par terre, à qui l’un des enculés écrasait fortement la gorge avec son pied, en riant. Avant de le pendre par les pattes arrières, puis, à partir de la queue, lui arracher minutieusement la peau avec une dague, tandis que le chien hurlait, hurlait et se tordait de douleur.
Puis, je me suis remise à penser à ce chien et à tous les autres, à vif, jetés par terre et, les muscles sanglants, agoniser comme ça, pendant encore 5 à 10 minutes. j’ai revu les yeux de ce chien pelé vif qui, péniblement, se sont tournés ver la caméra et ont clignés, plusieurs fois.
J’ai repensé à tout ça et j’ai suffoqué. j’ai eu des fourmillements dans le corps. Et ma vue s’est brouillé. Et la chaleur m’a brûlée le corps. Et je me suis accroché au mur pour ne pas tomber.

Cette douleur là. Cette atrocité sans nom commise inutilement et cruellement. C’est le propre des hommes.
La cruauté est le propre des hommes. De quoi sommes nous si fiers ? pourquoi, toujours toujours, revendiquons-nous notre suprématie ? Est-ce un acte suprême d’infliger une horreur telle que ça à des être vivants ?

Je ne trouve pas les mots pour évoquer cette chose. Ce cauchemar. ce carnage.
Je voudrais voire l’un des acteurs de cette barbarie pendu par les pieds et, à l’aide d’une dague, dépecé vivant lui aussi, en commençant par la peau de sa jolie et toute petite queue. Le voire se tordre de douleur, de souffrance sans nom, ravageuse, anéantissante. De la douleur pure et cuisante de l’écorchement à vif.
(est-ce qu’il faut en venir là pour que les gens comprennent ? Se réveillent ?)

J’ai envie de pleurer. Il faut faire quelque-chose. Je voudrais faire quelque-chose.
Je n’arrive pas à aller bien. Pas entourée de ça. Pas dans un monde où il y a "ça". Je me sens comme la petite Cécilia dans Virgin Suicices, juste incapable de vivre ici.

( Je ne suis pas suicidaire, et loin de là. Mais parfois, égoïstement, il m’arrive et très sincèrement, de vouloir mourir. Ne plus me réveiller. C’est très rare quand je ressens ça. Ce n’est pas anodin. çA ne changerait rien, et toutes les horreurs du monde poursuivraient leur route puante. Mais je ne serais plus là pour les regarder se mouvoir. Plus là. Comme quand je n’existais pas).

Comment aller bien sans faire semblant ?
Est-ce que je vais tenir longtemps ?

Je vous mets la vidéo. Ni pour vous choquer. Ni pour vous provoquer. Juste parce-qu’il faut savoir.

http://www.youtube.com/watch?v=n93v-2roegY&feature=share