Journal de fin de jeunesse

Chocolat

Je reviens du Salon du Chocolat.

(j’ai bien avancé dans mon dossier, je suis fière de moi).

J’ai passé une soirée délicieuse. Je me sens un peu éméchée. Signe, justement, d' une soirée plutôt bonne.

On a dégusté des tas de chocolat. Chocolat fondu à la poudre d’amande. Chocolat noire et divinement fruité de Sao Tomé. Chocolat au 100% de cacao, amer et intense, de Madagascar. Suivi d’une baie rouge savamment fruitée, elle aussi. Chocolat extrême, celui là. De si loin là bas. Chocolat violent qui me reste sur le palais, sur la langue et dans l’oesophage encore des heures après. Expérience entêtante du cacao pure. Ni sucré, ni plaisant, ni friandise, ni délectable. Non.
Mais : chocolat pure et sans tromperie. Sans mascarade et sans duperie. Chocolat du voyage et du passé. Du dur labeur des plantations. Chocolat de l’Histoire. Chocolat de l’avant (la corruption du sucre). Chocolat oublié. Chocolat mythique et héroïque de la sueur et du sang.
Ce chocolat là. Comme une chute violente et assommante. Comme un coup de fouet sur l’échine. Déchirant chocolat.
Et puis, chocolat blanc fourré de mousse délicieuse. Chocolat-guimauve sous la forme d’un ourson légendaire.
Chocolat. Cacao. Volupté des sens. Privilège des connaisseurs et des riches.
Et, aussi, chocolat noire, sans sucre mais à la fleur de sel. Chocolat fin, explosif, surprenant. Sensation nouvelle.
Et le vin. Nous nous sommes, effectivement, enivrées des vins rouges et sucrée, des grenat du sud ouest. Ces vins là, exclusivement produits pour accompagner le chocolat. Ces vins peu connus, trompeurs comme la nuit. Piègeux. Drôles en tentants. Comme l’enfer.
Sensations nouvelles, jamais expérimentées avant.

Ces vins qui m’ont décidés à aller aborder un exposant (à qui j’ai acheté des boucles d’oreilles représentants des tablettes de chocolat sauvagement croquées....).
J’ai bien vu que je lui plaisait. D’ailleurs Maly m’a dit : " T’as un ticket avec cet artisan".
Alors, je suis courageusement retourné le voire. Lui donner mon numéro.
Mais là, quand il a allumé son portable pour le noter, j’ai vu : la photo du bébé. Et encore une fois. Mon manque de chance habituel. Et pour couronner le tout. Tout à l’heure je reçois un texto de lui. Me disant : "Anne, tu es canon. Nous avons été subjugués par ton charme. Malheureusement j’ai une vie de famille qui m’interdit tout écart."

Et voilà. C’est un signe. Je le sais. Je ne le sais que trop. Pour me signifier "Anne, arrête de t’acharner. C’est finit pour toi. Tu ne connaîtras plus jamais l’amour".

Et je le sais tellement. Que c’est fini pour moi. Je le sens des fois. Tellement fort.
Encore une preuve ce soir. Encore une. Qui m’enfonce encore plus dans la résignation.