Journal de fin de jeunesse

La vraie fatigue

Mes examens trimestriels approchent. Ils ont lieu lundi et mardi.

J’ai passé des très mauvais moments ces dernières semaines. Surtout jeudi dernier; apathique. terrassée de mal-être et d’angoisse. incapable d’envisager l’avenir. incapable d’aller bien. pleurant pour un rien. dans l’idée toute entière de la mort comme un répit.

Mais ça va mieux. Sonia, ce soir là, est venu me sortir de force. Venu jusqu’à chez moi de sa banlieue pour me foutre un coup de pied au coeur. Et nous sommes allée rejoindre A. Et nous avons mangé dans un très bon japonais. Et nous avons passés une superbe soirée-filles à rire comme des folles.
Avec moi, dans l’angoisse sourde qui ne me lâchait pas. Même dans le rire.
çA m’a pourtant fait du bien. Et là ça va mieux.

Et je me suis faite violence. çA a été intense. Douloureux presque...
Et moi qui, de part ce mal-être dépressif et nauséabond, n’avait rien fait pour mes révisions, depuis lors, je suis portée par une énergie que je ne me soupçonnais plus.
Et je me défonce dans mes révisions. Et pour l’instant ça avance bien. Et ça rentre bien.

Bon, la physique-chimie c’est très dure et il y a un point que je n’arrive pas à passer. Je stagne dessus. D’autant que c’est extrêmement compliqué et que, pour le coup, la prof a été très vaseuse la dessus. À peine un formulaire et quelques exercices archi-difficiles; mais rien. Pas de cours réellement.
Et ça m’angoisse beaucoup. Parce que j’ai beau me casser la tête dessus. Il reste des choses que je ne comprends pas.
Alors. Je n’arrête pas de penser : si je suis larguée maintenant, c’est mort pour la suite.
Et je n’aurais pas mon BTS.
Or, je ne peux pas ne pas avoir mon BTS.

Comme dit Sonia; il n’y pas que la physique-chimie et son coeff. 2.
Mais ce que j’écris là a beau être vrai, ça ne sert qu’à me rassurer un peu.

Pour le reste, ça va.

Fanny avait raison; quand je l’ai appelé en pleurs avec l’envie de dormir et juste de dormir pour ne plus avoir à souffrir comme ça. Elle m’a dit :" Je ta connais assez pour savoir que tu vas trouver la force de te reprendre en main et de te défoncer pour tes exams. Tu verras. Tu n’ira pas les mains dans les poches. Pas toi. "

Elle avait raison. Je ne l’ai pas cru.
J’étais tellement mal. Tellement perdue. (Tellement seule).
J’ai senti que je n’y arriverais plus. Enfoncée dans ma depression. Dans mes tristes questionnements.
Elle m’a dit aussi, Fanny : "C’est bien d’être intelligente et de se poser des questions. Mais tu vois c’est dure de l’être trop. Tu vas trop loin dans tes réflexions. Tu veux trop te prouver que rien n’a de sens. Tu te questionnes trop. Tu te tortures trop. Et tu n’arrives plus à vivre avec toutes ces certitudes que tu as que la vie, de toute façon, ne vaut rien. "

Et elle a raison. Mais c’est trop tard déjà, pour ça. Trop tard pour que je trouve un sens à la vie et, soudainement avec, la clé du bonheur.
Mais ! C’est un autre sujet. Et je n’ai pas envie de m’y étendre aujourd’hui. Pas maintenant. Pas dans cette période de tension. Car l’équilibre est fragile et il s’en faut de peu pour que je rebascule dans mon tortueux côté sombre (qui me fait tant de mal.)

Je ne vis plus.
Mon planning est réjouissant : droit, gestion et éco cette après-midi. Cinéma ce soir avec Sonia et A.
Anglais, peut-être, vendredi soir après le travail.
Physique-chimie encore samedi soir, si j’en trouve le courage. Sinon chimie-orga
Cosmétologie dimanche, plus révisions générale des fiches des différentes matières.
Dimanche soir, anglais encore ?
Lundi soir, si j’ai la chance que Margaux vienne m’aider, physique-chimie pour de bon !

Mais : je suis épuisée.
Moi qui n’ai jamais eu de cernes de ma vie. Et qui pensait ne jamais être concernée par ce problème, invraisemblable.
Moi qui n’en ai jamais souffert.
Et bien pour la première fois avant-hier, j’ai vu des cernes sous mes yeux.