Journal de fin de jeunesse

De décembre...

Les examens sont terminés depuis mardi dernier.
Les notes que je reçois pour l’instant sont très bonnes, voire excellentes dans certains cas, comme la biologie.
Je sais qu’il n’en sera rien pour la physique-chimie, que j’ai foiré, en beauté. Comme plus de la moitié de la classe.
Ce dont je suis sure, c’est que déjà j’ai les meilleurs notes en bio, en français, en anglais et peut-être en chimie orga. J’ai eu 16. Je n’ai pas vu de meilleurs notes. Mais je n’ai pas vu les notes de tout le monde.

Pourtant. Rien ne va;

Mon père a été odieux avec moi à propos de ma photo de profile sur FB… Cela s’est passé dimanche dernier.
j’ai reçu un message sur facebook. Dans lequel mon père n’a pas pu s’empêcher de me blesser. En ma taxant de GAMINE. Toujours par rapport à cette photo.. (où je suis de dos, à Miami. Avec une robe rouge très échancrée dans le dos justement. Ce qui laisse apparaître mes pattes de loup.... Rien de bien méchant.)

Mais : Il m' fait comprendre que je cherche la merde. Et que surtout. Qu' il faut que j’arrêtes de me conduire comme une fille de 16 ans. Que j’en ai 25 maintenant. Et donc qu’il faudrait que je rattrape le temps.
C’est tellement vexant. Tellement peu indispensable. Tellement blessant de la part d’un père.
çA m’a fait mal. Et ce, juste avant que mes examens ne commencent. Alors que j’ai besoin de me sentir : soutenue. Aimée. Admirée.
Plus bas dans le message. Il me relate que ma soeur est à nouveau "malade". Ce qui signifie que ma soeur a de nouveau tenté de se suicider. (Elle n’a jamais cessé d’être malade!)
Puis, il ajoute que je devrais l’appeler. Car elle attends que je l’appelle.
D’un ton accusateur. Culpabilisant. Méchant. Irréfléchie.

Encore une fois, je me dis. Il est mal. Il n’a personne à qui s’en prendre. Alors il s’en prends à moi. Sans se rendre compte que chaque fois ça me déchire un peu plus. Que chaque fois ça m’enfonce un peu plus dans la dépression. Parce que je me tais. Parce que je subis sans rien dire. Et les non-dits s’accumulent. S’agglutinent. Et m’empêchent de sortir de cet état de mal-être permanent. De cette détresse. Que j’essaie d’atténuer en dédramatisant. Mais qui persiste. Comme une alarme. Impossible à éteindre.

Moi. La proie facile.

Alors , paniquée, j’appelle ma soeur.
Jamais elle a dit à papa qu’elle attendait que je l’appelle. Elle lui a dit "Donnes moi le numéro d’Anne, je l’ai perdu et je voudrais l’appeler."

....

ME FAIRE CULPABILISER. NE PAS VOULOIR QUE JE M’EN SORTE. Au fond, j’ai l’impression que c’est ce qu’il essaie de faire. Inconsciemment bien sur.
Et j’ignore pourquoi.

Puis : les examens sont passés. Puis : le boulot.
Et puis : le débordement. Presque; le naufrage.
Vendredi matin, je découvre que papa (que j’avais viré de mes amis facebook parce-que c’était plus possible) m’a carrément enlevé de sa famille. Je n’apparais plus comme sa fille..
çA m’a fait un mal de chien.
Je me suis sentie seule. Plus seule que jamais. Dans la solitude complète.
Dans la solitude pas méritée. (je n’ai rien fait de mal). Dans la solitude injuste.

Dans une telle détresse que j’ai faillis appeler mon frère.

J’ai pleuré. Pleuré. Me suis rendue au travail comme un zombie.
Et, M.C a bien vu que je n’allais pas bien.
Je lui ai donc brèvement esquissé la situation.
Elle a été très compréhensive.
A tel point que je me suis sentie encore plus bouleversée. Encore plus vulnérable.
Et malheureusement, touchée, ébranlée. Perçue dans toute ma faiblesse par les autres.
J’ai honte un peu. D’avoir été aussi faible. Aussi altérée. Aussi nue. Aussi moi.
Mais une autre collègue m’a dit que tout ça, c’était trop lourd à porter pour moi.
Et que je devais me faire aider. J’étais soulager qu’elle ai vu à qu’elle point j’allais mal. Qu’elle en soit consciente. J’ignore pourquoi.

Et ma chef m’a dit de partir. D’aller voire ma soeur. Que c’était bien plus important. Et que de toute façon je n’étais pas en état de travailler.
Alors je suis allé. çA m’a fait du bien à moi comme à ma soeur.

Et le samedi, elle m’a redonné mon après-midi. Je suis retourné la voire, avec Fanny cette fois. (une vraie épopée.)

Et; le samedi soir je suis sortie à la soirée organisée par A.
Et; le dimanche, hier, j’ai travaillé. Oui, on ouvre les dimanches en décembre. C’était horrible. J’avais une telle gueule de bois et j’avais dormi 3H....
J’ai cru que je n’allais pas y arriver ? Sentie que je n’allais pas tenir.
Mais je me suis ménagée. J’ai fais preuve d’une maîtrise de moi, d’un dépassement de la nausée, de l’épuisement et de la migraine dont je ne m’imaginais pas capable. (tout en essayant de cacher à ma collègue dans quel état j’étais...)
Et cette dépense énergétique a payé puisque le malaise horrible a fini par passer.

Des drames. toujours des drames.

J’ai eu papa au téléphone tout à l’heure. Il a été assez froid. Distant. Mais au moins on s’est parlé.

J’ai horreur de ce genre de drame.
Il fallait que je crache tout ça.
M’en débarrasse.