Journal de fin de jeunesse

Belle maman

Soirée très troublante.
Hier soir, j’ai vu Bertha. La maman de J., l’ex amour de ma vie.

Elle m’avais prévenu via FB qu’elle serait sur Paris entre le 5 et le 7 décembre.
Elle voulais qu’on se voit.
Je suis resté en très bon termes avec elle.
La dernière fois que l’on s’était vu c’était; quand j’étais retourné au Mexique en octobre-novembre 2009, pour la fêtes des morts.
Deux ans déjà.
Je l’y avais vu elle. Mais pas J. Qui avait fait son snob désintéressé style "tu n’es plus rien pour moi, je me fous que tu sois au Mexique". Et qui s’en était mordu les doigts peu de temps après.

Alors c’était elle que j’avais vu. Mon ex "belle-maman". Qui m’adorait et qui m’adore toujours. Alléguant que pour elle, j’étais comme sa fille.

(Putain, que de verbe être et de verbe avoir ce matin… Je suis vraiment pas en forme. Faut que je me reprenne en mains là.)

Nous avions d’ailleurs passé une très bonne journée à Mexico.

Et cette semaine; elle m’a prévenu qu’elle était arrivé sur Paris.
Je lui ai répondu que j’avais malheureusement très peu de temps. Et que l’on pourrait dîner ensemble après mon travail. Sachant qu’en décembre, on ferme à 20H et pas à 19H.
Elle a préféré venir le voire à la boutique. Je lui ai déconseillé, car on n’a pas le temps de sortir déjeuner de toute façon.
Et la journée s’est passé.
Je ne l’attendais plus. Quand soudain, je distingue par la vitre une personne sur un vélo avec une énorme capuche pleine de moumoute.
Je trouve que la personne a une dégaine bizare. En plus, elle n’arrête pas de me fixer. Puis elle me tire la langue.
Et je la reconnais; c’est B.

Toute heureuse, je cours hors de la boutique. Elle me tends les bras. Et on saute dans les bras l’une de l’autre.
Je l’aime beaucoup, B.
On papote une peu. De toute manière, le client se fait rare, hier.
Après une dizaine de minutes de conversation, elle me dit que J. me salue....

ME SALUE

Il y a encore une semaine, il chouinait sur FB en me disant que j’étais la plus belle chose qu’il ait jamais connu. Le meilleur qu’il n’ait jamais possédé.

Et là, il me "salue"....

Ce qu’il peut être fier. C’est irritant.

Bref.
Des clients finissent par arriver. Des Italiens insupportables et grossiers qui de toute façon n’on rien acheté.
B. me fait signe qu’elle repassera plus tard.

Elle est donc revenu vers 19h00. Elle est resté avec nous jusqu’à la fermeture. Elle s’est mise à pleurer quand je lui ai rendu compte de ma situation familiale précaire. Des mes difficultés et de la fatigue qui en découle.
Je me suis retenue de me laisser aller à ça. Ce débordement d’émotions. C’est trop dur sinon. C’est trop dur de réaliser à quel point je suis encore attachée à cette famille. Qui a été ma famille pendant presque 3 ans.
Et c’est triste aussi. Et désolant. De réaliser que je n’ai pas fait mon deuil, encore, de cette relation. Que je ne suis pas "passé à autre chose".

Avec B. près de moi. Qui se comporte comme si j’étais toujours là bas. Toujours avec eux. Toujours membre de la famille. C’est trop dur. Déroutant.
Et de là, je n’arrive plus à être aussi détaché. Aussi ferme. Aussi catégorique quant à reconnaître que le passé est le passé.

Hier soir. Passé et Présent se sont entremêlés pour me laisser chancelante. Sur un fil qui n’est plus aussi tendu.
C’est étrange.

B. a acheté des parfums. Je les lui ai fait à -70%, en les sortant du stock comme mes produits perso' du mois.
Je crevais d’envie de lui demander des nouvelles de J. Mais je me suis tue. Par fierté, aussi. Par pudeur. Par respect du passé. Comme lui. Par cette stupide loi, règle, qui nous oblige à laisser le passé en paix. Sous peine de faiblesse.
Comme si le passé était immuable!!!!
Stupides êtres humains.
(Et stupide moi, qui espère je ne sais quoi...)

En sortant : On a flâné un peu vers Madeleine. Et le Panthéon. je n’avais jamais vu qu’il était aussi énorme.
çA a fait rire B., que je ne connaisse pas ma ville à ce point. "Boba!!!", elle m’a dit.
On s’est arrêté dans un Monop', acheter de quoi manger pour elle et son novio, pour leur trajet jusqu’à Barcelone le lendemain.
C’était très. Trop familier. C’était : exactement comme là bas. Comme avant.
Moi faisant des courses avec elle.
C’était douloureux tellement c’était familier.

Elle a recommencé à pleurer. De peine pour moi. çA m’a fait mal qu’elle s’inquiète à ce point. Mais encore une fois, je me suis montrée insensible, détachée. J’ai dédramatisé.
Elle m’a dit, encore, qu’elle m’aimait beaucoup.
Que je n’étais pas seule. Que même si elle est au Mexique. Je n’hésite pas à la solliciter si j’ai besoin de quoi que ce soit.

Qu’elle était là, elle m’a dit.

Et même si ça m’a fait du bien. çA m’a fait mal.
(Aussi parce-que pour me sentir soutenue, je dois attendre une ex belle maman pas vue depuis des lustres. Et ne rien attendre de ma famille, par contre. C’est absurde.)

On s’est quitté. Elle m’a offert une petite poupée traditionnelle. Qui vient de San Miguel de Allende.

San Miguel de Allende. J., m’avait promis qu’on irait un jour.