Journal de fin de jeunesse

Bloody Maly

Très bonne soirée avec Lara et Maly hier soir.
On s’est donné rendez-vous à République, au “Pachyderme.”
Ce qui est drôle, c’est que Maly cherchait un bar qui s’appelait “L’Éléphant”, tandis que moi, je cherchais le Boulevard Saint Germain, alors que le bar est situé Boulevard Saint Martin...
Ce qui nous a amené à arriver en retard toutes les deux, et par la même occasion a déclenché un fous-rire quand nous nous sommes enfin retrouver toutes les trois. Situation cocasse. Digne de Nous.
Lara a demandé à Maly si, ne trouvant pas “L’Éléphant”, elle ne se serait pas mise à chercher “Le Rhinocéros” par dépit !

La discussion a été très animée. Parce qu’on a évoqué la rupture entre Fanny et Maly. Elles ne se parlent plus depuis des mois, à cause d’une histoire à la con. Et aussi à cause de cette folle de Princesse, qui a tapé sur Maly. Si bien qu’elle a du porter plainte. Mais : Princesse est la meilleure amie de Fanny.
Moi j’en souffre. Parce que l’une comme l’autre, je les adore. Elles sont aussi chères à mon coeur. Et maintenant elles ne se parlent plus. Et moi je suis au milieu. J’essaie de ne pas me sentir influencé. Ni par l’une ni par l’autre. Même si c’est surtout Maly qui me préoccupe. Parce qu’elle a toujours la colère en elle. Le sentiment d’avoir été trahie, bernée. Par sa propre amie. À laquelle elle se confiait depuis des années.

Fanny, Maly et moi, c’est depuis le lycée qu’on est amies. Depuis le Terminale L. Terminale Libertinage comme on aimait à l’appeler.
Nous étions partie en Andalousie. Toutes ensembles. Mes amies et moi. Lara, mon amie du collège, et Fanny et Maly, mes amies des années libertines.

Et aujourd’hui, pour de sordides idioties. Elles ne le sont plus, amies. Je suis la seule à être resté, amie. Entre les deux.
Je ne peux pas en vouloir à Maly de porter ce dégoût et cette déception en elle. Qui très vite, se sont muées en une colère sourde. La colère d’avoir été trompée. Une colère qui ne la quitte pas. Car cet événement a bien plus d’importance pour elle qu’elle ne veux bien le croire.
La preuve. Hier soir. Des mois après. En reparler. Avec la même fougue. La même verve. La même puissante conviction qu’elle vois juste. Et, aussi, la même conviction que je fais erreur en restant amie avec Fanny.
Pour elle, Fanny est une manipulatrice. Dotée d’un côté sombre trop puant pour être toléré dans une amitié.
çA me fait mal, parce-qu’en plus, elle arrive à me faire douter. Douter de la sincérité de l’amitié de Fanny.
On a 25 ans. Je ne comprends pas pourquoi on en vient à se poser ces questions là. Pourquoi j’en viens à douter d’une amie. çA me fait peur. Je ne veux pas y croire.
Même si je soutiens Maly. Même si comprends ce qu’elle peut ressentir. La pauvre.
Je ne veux pas être impliquée émotionnellement dans cette histoire glauque et triste. Je ne veux pas y laisser des plumes. J’ai trop besoin de l’amitié de Fanny. Et besoin d’être son amie.
Maly me la reproche cette amitié. Doucement. Implicitement. Au point que j’en viens à me demander qui est la manipulatrice...
Surtout qu’elle a fait hier, quelque-chose qui m’a fort déplu. Et beaucoup dérangé. Elle a relaté cette sombre histoire à Lara. Bien sur. Lara est notre amie. Elle est curieuse. Elle a le droit de savoir. Mais : elle l’a influencé. Elle a orienté les choses dans son sens à elle. Orienté les choses de manière a déclencher une réaction de sympathie pas assez centrée à mon goût...
Je ne suis pas idiote. Tous, on manipule. À différents degrés. On manipule. On passe notre temps à manipuler notre monde. C’est souvent pour notre bien. Et pour le bien des autres. Parce-qu’on veut qu’ils nous aiment. Parce-qu’on les aime et qu’on veut les garder. Bien au chaud. Pour nous.
Mais cette manipulation là, celle à laquelle elle fait allusion. Celle de laquelle elle me parle. Et dont Fanny serait responsable. Cette forme de manipulation me fait froid dans le dos. Parce-qu’elle est irréelle. Romanesque. Absurde dans nos vies simples d’amies de longues dates qui allons prendre des verres et nous écouter les unes les autres.
C’est pourquoi je ne veux pas y penser. Pas y réfléchir.

Mais : le ver est entré.

Cependant. La soirée a été très bonne et très drôle. On se retrouve ce soir pour aller à la dernière séance du nouveau Clint Eastwood aux Halles.
Je pense que je vais aller voir un autre film en les attendant. Le dernier Cronenberg, ou le dernier Polanski.