Journal de fin de jeunesse

Non non non, vraiment rien...

Pour les 4 prochains jours, je suis condamnée à rester tranquillement ici.
Chez moi.
Et, comme me l’a fait remarquer Sonia : J’ai intérêt à ne rien glander!!! !

Mais qu’est ce que je pourrais bien faire ? Chaque mouvement, chaque respiration un peu profonde, chaque sursaut incontrôlé, (et ne parlons pas des éternuements, ma hantise...), chacune de ces petites choses anodines auxquelles on ne pense pas est maintenant pour moi une torture.

Jamais je n’aurais pensé qu’un truc pareille m’arriverait.

''Je ne suis pas mécontente de ne pas aller travailler. çA ne se passe pas très bien ces jours-ci au boulot.
J’ai droit à beaucoup de reproches et de remarques désobligeantes. Des remarques qui me stressent. Qui me donnent la boule au ventre le matin, avant de partir.
Et ça, c’est tout ce que je ne voulais pas; la boule au ventre avant d’aller travailler.
Parce-que ce ne sont pas des remarques sur mon travail, qui elles, sembleraient justifiées, et seraient constructives.
Non.
Ce sont des remarques sur ma façon d’être, mon caractère. C’est insultant.
Des remarques sur mon étourderie, ma discrétion, mon côté "à l’ouest".....
Comme le dit Fanny; elles m’ont collé une étiquette. Et maintenant quoi que je fasse, tout se rapportera, tout sera issue et tout émanera de ladite étiquette...
Elles pourront bien faire les mêmes erreurs que moi, celles-ci ne seront pas perçues pareilles. Peut-être même passeront-elles inaperçues.
Car n’émanant pas d’une saleté d’étiquette, collée et réductrice.''

Passé cet interlude professionnel. Il y a du nouveau du côté de chez mon briseur de côtes.
Je n’avais plus de nouvelles depuis dimanche soir.
Dimanche soir, c’est justement le soir où je lui ai appris que j’avais la côte fêlée. Étant responsable de ça, même si il ne l’a pas voulu, il s’est excusé. C’est à dire qu’il m’a écrit, texto :

" Une côte fêlée… Jsuis désolé… T’es en arrêt ?"

Rien d’autre. Pas de "Est-ce que tu as besoin de quelque-chose ?".
Pas, non plus, de "OK. Attends moi, j’arrive chez toi avec un beau bouquet de fleurs!" Pas, toujours, de "Anne, je suis désolé, si je peux faire quelque-chose pour rattraper ça, dis moi ..."

Non. Rien. Juste un pauvre et déculpabilisant : "Bon, je te laisse travailler. J’ai hâte de te revoir."

Ne sachant quoi répondre à cela. Je n’ai rien répondu.
Le lendemain, pensant que ça allait mieux, je suis allé à l’école. J’avais un contrôle de biologie et de biochimie que je ne voulais de toute façon absolument pas rater.
Bien sur j’ai empiré les choses. Je n’ai pas voulu écouter mon corps qui me criait "STOP"
Si bien que le soir, je n’a eu d’autre choix que d’aller chez un médecin afin de me faire mettre en arrêt pour le lendemain.
De retour du toubib (une petite dame très avenante adepte des médecines douces qui deviendra désormais mon médecin traitant), j’ai envoyé à texto au comédien briseur de côtes.
Pour : lui signaler que j’étais finalement en arrêt. Et pour lui faire savoir que j’aimerais bien qu’il me rende visite le lendemain…

Après tout c’est lui qui m’a mise dans cet état, j’ai pensé. C’est à lui de venir me rendre visite. De toute façon je ne pouvais pas me déplacer.

Silence radio. Pendant 3 jours.
J’ai su, plus que je n’ai cru. J’ai su : Il vient de réaliser que durant au moins 3 semaine il ne pourra pas me baiser, ne pourra pas me la mettre, alors à quoi bon ? Il a préféré garder le silence. Disparaître.
Trop frustré, déjà, pour patienter encore 21 longues journées.
Espèce d’animal, j’ai pensé. Simple animal, dont le comportement prévisible est dicté par des instints tellement bas qu’ils me donnent envie de pleurer. Et : me dépriment aussi. Me font me sentir résignée. Résignée à ne devoir composer toute ma vie qu’avec ces vils instints. Et de devoir ruser, comme une chatte, pour les apaiser un peu.
Et pour me glisser au travers, m’y mouvoir avec la fluidité d’un serpent et la malignité d’un renard. Toute ma vie comme ça. À accepter ça des hommes.

Le silence s’est rompu. Cette nuit. À plus de minuit, l’animal, n’y tenant plus, a répondu à l’appel de son pénis; En ces termes : "No news.........?"

J’ai sauté sur l’occasion pour lui adresser le message que je voulais cinglant et culpabilisant. En gros, dans les grandes lignes, je lui ai rétorqué que des "news" il en avait eu le lundi soir ! Que ce soir là, je lui avais fait par de mon arrêt maladie et de mon envie de le voir le lendemain (lui qui avait tellement hâte de me revoir...).
J’ai ajouté que je savais qu’il l’avais reçu car l’accusé en était la preuve ! Et que maintenant, ce n’étais pas la peine qu’il essaie de revenir comme une fleur sachant que j’étais depuis 3 jours immobilisé chez moi par sa faute...... Et, aussi, que c’était surtout à lui d’en prendre, des "news", étant donné les circonstances.

Bref, je lui ai envoyé un message un peu remonté, mais totalement justifié. Non ?

Sur ce, le primate, offusqué, m’a insulté. Incidieusement. Pretextant qu’un couple (WTF ?), c’est deux points de vue, et c’est du partage et qu’en gros si il m’intéressait tant que ça, je ne me serais pas contenté d’envoyer un seul texto et de bouder après une absence de réponse.... Que je prétende m’intéresser à lui, c’était des "foutaises!".

Qu’il était temps que j’arrête de tout voir depuis mon nombril et que je prenne de la hauteur....

Pour m’achever, il s’est dit ne pas être étonné que je sois célibataire.

J’ai cru rêver. Je rêve toujours.
Cette tirade du mec rageux (enfin je crois que c’est de ça dont il s’agit, d’un mec rageux et frustré du slip) m’a trop clairement évoqué celle du crocodile d’octobre. Qui, lui aussi, s’était emporté conte moi, m’inventant tout les défauts du monde et riant sans surprise de mon célibat, juste parce-qu’il n’allait pas pouvoir me sauter....

Encore une fois, je m’en prends plein la face et encore une fois ça me fait du mal et je tends dangereusement vers la remise en question. Pourtant, il me semble que je n’ai rien fait de mal. Que je n’ai pas fais d’erreur, ni rien.
Il me semble tout à fait légitime d’attendre des nouvelles d’un homme qui ma bousillé une côte. D’attendre qu’il m’envoie plus qu’un pauvre texto "désolé".
Je ne veux pas retomber dans le doute de moi ! Pas encore.
C’était à lui d’appeler, si il était si inquiet ! Pas à moi de le tirer par la main!
Ou bien ? ?

Tout ce que je vois. Et tout ce que j’espère, c’est que c’est un pauvre type qui "me la fait à l’envers" juste parce qu’il est con et frustré. Et qu’il veut me rendre coupable de cet échec . Et qu’il veut tout me mettre sur le dos pour ne pas avoir à assumer son manque de sérieux, pour ne pas avoir à reconnaître son intérêt purement (ou grandement) sexuel pour moi. çA me dégoûte.
Me faire passer pour une fille pas normale…

çA me refroidit encore plus à propos des hommes. Et ça me fait angoisser sur mon célibat.
Ils sont très forts pour nous faire passer pour les coupables de tout.