Journal de fin de jeunesse

Dure

Je me suis montrée un peu dure envers les filles.

Je me sens honteuse.

Après tout, les cours de cette semaine se sont terminés aujourd’hui; il aurait été idiot de mes les apporter avant incomplets.
Certes, j’ai du me déplacer jusqu’à Châtelet. Mais ce n’est rien.
çA m’aura permis d’aller à la Poste, poster mes arrêts de travail. Et aussi poster mon chèque de 341 € de Taxes d’Habitation au Trésor Public.
Je ne sais pas comment je vais terminer le mois. Ces impôts me tombent dessus comme une enclume.
çA va être très difficile. Je ne peux rien me payer. Même pas terminer les soldes et m’offrir la jolie robe que j’avais repéré chez Desigual!
C’est comme ça.

J’ai récupéré mes cours. C’est Audrey qui me les a apportés aux Halles.
C’est terrifiant tout ce que j’ai loupé : cours sur les études de marché, cours sur la gestion comptable.... Que des éléments de mise en pratique : des calculs, des exercices. Presque rien de théorique.
çA s’avère coton pour les jours qui viennent.
(Où est-ce que je peux mettre un homme là ? Où ?)

J’ai eu quelques ragots en sus. Vraiment, l’école, ça ne m’a pas manqué.

Je n’ai pas de nouvelles de F. depuis hier soir. Depuis qu’il n’a pas répondu à mon texto lui proposant de me rejoindre demain soir après une soirée horrible et obligatoire que je dois passer chez la directrice de la société; La galette!
Je n’ai pas envie d’y aller.
Et maintenant, j’ai encore moins envie qu’il me retrouve après.
Après, je voudrais dormir.
Et le lendemain, me mettre tranquillement à travailler.

Cette pression sexuelle, j’ai pensé, est-ce moi qui me la mets toute seule ? Ou bien est-ce que je la sens venir de lui ?

Ce soir, je n’ai qu’un désir : Me mettre au lit et continuer ma lecture de Prodigieuses Créatures, le sublime roman de Tracy Chevallier. Et ensuite, éteindre la lumière et écouter de la musique; Chopin ou Agnes Obel ou la B.O de La leçon de piano, mais je ne l’ai pas.

Seule. Seule, mais dans le désir de l’être. D’être seule.
Le désir, enfin je crois…