Journal de fin de jeunesse

Tout recommencer

Je ne veux plus me ternir comme ça. Me laisser ternir par ça. Par cette partie de moi même. Par la partie malheureuse de moi même.
Cette partie contre laquelle je lutte. La partie que je déteste et qui m’interdit le sourire. Le vrai.
Cette partie contre laquelle je lutte. Mais faut dire que je suis pas aidée.

Je suis là. Las. Chez moi. À ne rien faire. À ne rien savoir faire. À ne pas s’avoir m’entraîner. Nul-part.
C’est triste.
(Est -ce que je subis l’influence forcément néfaste de la maniaco-depressivité de ma soeur ? Peut-être)
Par exemple, à l’instant, je venais d’écrire tout un long paragraphe, 10 fois mieux que ça, plus fort et plus parlant. Et bien j’ai, sans le vouloir, tout effacer.
Et là, j’essaie de retrouver mes mots. De tout réécrire. Mais je ne retrouve rien. Et c’est fatiguant. Moche. Et lassant.
Et pénible pour moi. Frustrant.
Je voudrais faire les choses que je dois faire. Mais je ne trouve pas l’énergie. Je suis là. Seule et apathique. À ne pas profiter de ma journée du 1er mai. À ne pas m’amuser. Ou du moins me reposer vraiment. Me sentir en paix.

Alors que tout le monde est dehors,

sûrement à faire des piques-niques dans des parcs. Moi je suis là.
Triste. Léthargique.
Je voudrais faire les choses que je dois faire. Comme j’avais décidé cette nuit (car je ne parvenais pas à dormir) de le faire. Comme j’avais décidé de profiter de ma journée du 1er mai. Je voudrais faire les choses que je dois faire avec envie. Et conviction. Mais je n’y arrive pas.
C’est plus fort que moi.
çA me met à plat. Cette chose là qui me ternie. Et ça me met en colère.
De voir que ma vie n’est rien de plus que ça; cet enchaînement de journées tristes et mornes, parfois ponctué de quelques ensoleillées, auxquelles même moi j’ai du mal à croire.
Je pensais qu’après ma semaine de congé chez mon père à la campagne avec ma (mes) soeurs, ça irait mieux.
Que je me sentirais regonflée. Prête à repartir du bon pied. Pleine d’une énergie nouvelle.
Mais c’est pire.
Pire, à tel point qu’hier je ne suis pas allé en cour. J’avais deux contrôles : un de biologie et un de chimie-organique. Mais comme je n’ai pas eu la force de les réviser, ni là bas à la campagne ni encore moins revenue chez moi (encore moins revenue chez moi...), et bien je n’y suis pas allé. M’évitant ainsi l’humiliation d’une note dégueulasse, moi “la meilleure élève “qui peut pourtant “tellement mieux faire”.
J’ai culpabilisé en me rendant chez le médecin lui réclamer un arrêt de travail. Mais j’ai le droit d’aller mal de temps en temps, me suis-je dis pour me rassurer.
Afin de me crédibiliser, je lui ai parlé de mes insomnies chroniques depuis février. Ce qui est vrai, et potentiellement inquiétant.
Il a été hyper cool et m’a prescrit des somnifères. J’espère au moins qu’avec ça, je vais retrouver un sommeil réparateur.

Je voudrais tout recommencer. Aujourd’hui, j’ai même commencé une cure “détox”. Parce-que même physiquement je me dégoûte. Mon corps se déforme. Flasque. Mou. Comme vieux. Comme rien.
Je voudrais tout recommencer. Après tout, le 1er mai c’est comme un nouveau départ. Une nouvelle chance. L’opportunité de se purger et de repartir sur de nouvelles bases.
Peut-être que demain, ce malaise abject qui ne me quitte plus aura disparu. Laissant la place à une sérénité, une “zenitude” que j’ai vraiment réussi à toucher du doigts mes 3 premier jours à la campagne.
(Avant que l’angoisse de revenir ici, à ma vie absurde et vide ne s’empare de moi et ne m’empêche de profiter des jours et des nuits qu’il me restaient...)
Je regrette de m’être laissée gagner par ça là bas aussi. Mais ça a été, comme aujourd’hui, plus fort que moi.

Ce n’est pas qu’on ne pense pas à moi. Loin de là. Dimanche, ma chère Maly est venue à la rescousse avec une bonne bouteille de vin.
On a commandé japonais et mangé des sushis devant Marie-Antoinette...
Sonia me laisse des messages où elle me dit qu’elle pense très fort à moi. Que je ne dois pas me laisser envahir ainsi par mes angoisses.
Fanny aussi me conseil de ne pas me laisser croquer comme ça.
Et puis il y a un garçon.
Je l’ai rencontré dans le métro, juste avant mon départ en vacances.
Croisé dans le métro oui. Et racolé à coups d’oeillades performantes et de sourires efficaces.
Absolument euphorique sur le coup. Ravie. Sautillante. Imaginez : Un Méxicain!!!
On s’est entendu pour nous revoir juste après mon retour de vacances.
Et, pendant lesdites vacances, mon enthousiasme s’est peu à peu estompé, mon euphorie émoussée.
Sans aucune raison. Non. Juste parce-que c’est moi. Et que je terni tout. Et qu’au fond je ne veux pas de bonheur.

Alors finalement, on en est venue à se revoir samedi soir. De mon côté, sans grande motivation.
Ce fût une bonne soirée malgré tout. Trop arrosée, et accompagnée tout au long par l’ami dudit garçon, malavisé , A., un ancien journaliste algérien. Je dis malavisé, mais j’ai beaucoup apprécié cet homme, intelligent et tragiquement alcoolique depuis la mort de sa femme.
Et au final, le Mexicain est venu chez moi. A dormi chez moi. On a maladroitement tenté de coucher ensemble le dimanche matin. Mais il n’a pas réussi. Il a bandé mou. Et je ne sentais rien. Et il était désolé. Et il y a eu gros malaise. J’étais mal pour lui. Et j’avais comme une envie qu’il se casse, et qu’il me laisse toute seule avec mon mal-être. (Celui qui s’était perdu dans les vapeurs de l’alcool mais qui a très vite réapparu le lendemain.) De plus je n’ai pas senti qu’il me désirait tant que ça.
Et j’en suis là.
Lui il cherche une novia. Et moi je suis encore une fois déçue, par un garçon qui, je le sais, ne fera jamais briller mes yeux. Ni battre mon coeur.
En plus, il porte le parfum de J. Et respirer son cou, c’était une torture.
En fermant les yeux. Avec un peu d’imagination. J’avais l’impression douloureuse d’être au côté de mon J. Mon seul amour jusque là.
Je n’ai pas l’envie de faire l’effort de le connaître plus. De faire l’effort de lui donner une chance.
J’e n’en ai pas l’énergie. Et pas l’envie.
C’est peut-être dommage.

MAIS JE VEUX TOUT RECOMMENCER. SEULE. Seule, finalement. Seule, apparemment. Même si ça me rend triste.

(Je viens de lui dire que je ne veux pas ce copain.
Je vais voir ce qu’il a répondu.)

.......

Je veux tout recommencer. Ne plus me laisser ternir par moi même. Ne plus m’abîmer comme ça.
Je veux :

-Me montrer plus créative, et écrire dans un but à la fois thérapeutique et constructif.

-Me donner à fond pour les examens du troisième trimestre qui arrivent à grand pas. Je n’ai que ça de toute façon, les études ! Je veux y arriver. C’est mon avenir. Je veux trouver l’énergie pour y arriver. J’ai l’impression que je suis en train de lâcher. Et ça me fait peur. Je dois me battre encore un peu. Et ce sera la fin de la première année.

-Apprendre à m’aimer.
-Me retrouver.

-Etre enfin capable d’aimer à nouveau quelqu’un.

-( et surtout), Ne plus être en demande avec mes amis.

Ce sera long.
Ma thérapie est là pour ça.
Je me rends compte que commencer une relation amoureuse, quand on n’en a pas l’énergie, ça ne sert à rien.
Je ne suis pas méchante ou sans coeur. Juste vide et en détresse pour le moment.
Pour le moment… J’espère.

çA m’a fait du bien de recommencer à écrire. çA a été dure. Je ne me sens pas libérée et joyeuse tout à coup. Mais mieux.
J’ai été forte jusque là. Et j’ai travaillé d’arrache-pied. Je peux continuer.
Je dois juste trouver les ressources…

Mais où ?
(J’ai tellement peur de la dépression. C’est tellement anormal de se sentir si mal sans raisons..)