Journal de fin de jeunesse

Sa réponse

Il a répondu à l’email dans lequel je le remerciais d' avoir pensé à mon anniversaire.
Il n’aurait pas du le faire.
Il a dit, ni plus, ni moins, en réponse à mon remerciement succinct. Il a dit : "No deje de pensarlo ni un segundo".
("Je n’ai pas arrêté d’y penser ne serait-ce qu’une seconde.")
Et ça me laisse dans un état, plein d’un espoir dévastateur, dont je n’ai pas besoin.

J.

Je ne te comprends pas.
Tu m’aimes ? Tu m’aimes encore ?

Bien sur, j’ai, je viens de : pleurer sous la douche.
En imaginant des scènes inespérées. Dans lesquelles; il arrive comme ça, après plus de 4 ans, alors que je suis au travail, ou que je sors de l’école. Il arrive. Je me fige.
Je plonge entre ses bras. Et enfouie la tête dans son cou, à lui. (De la même façon que je l’avais fait à l’aéroport quand il repartait au Mexique. Agrippée à lui tellement fort, tellement sauvagement, que je lui avais fait mal. Dans une douleur extatique. Extatique. J’avais 19 ans. Et c’était le mot qui m’était venu.)
Je pleure tellement fort. Je pleure de bonheur.
Et il étreint ma nuque, effleure les cheveux bouclés qui s’y glissent en cascade. Et me murmure qu’il m’aime. Qu’il n’a jamais cessé de m’aimer. ("D’un amour qui s’était perdu dans l’histoire comme l’eau dans le sable.")Qu’il savait qu’on se reverrait. Que la vie nous unirait encore et cette fois pour de bon.
Puis, il me demande d’être sa femme.

Qu’il n’a jamais cessé de m’aimer. Et qu’il m’aimera toujours.

Voilà. Voilà dans quel état pathétique me laisse une simple petite réponse de lui.
Il n’a pas arrêté de penser à moi le 18 juin.
MAIS çA VEUT DIRE QUOI çA ?

Il n’a pas de droit de me faire ça.
J’avais été claire en janvier.
Face à son insulte déchirante, celle dans laquelle il disait "m’aimer d’un amour fraternel, comme le reste de l’humanité." Face à ça. Face à cette négation instantanée de tout notre amour.
Face à cette profanation, j’avais été claire.
Ne me contacte plus. Ne me cherche plus. Ne soyons plus amis.

C’est cruel de revenir. Et de me laisser un email pas clair. Un email mystique comme ça. Qui évidemment me fait penser qu’il m’aime toujours. Qui évidemment me fait penser qu’il va revenir. Et même bientôt.
Que cette année verra le retour de notre amour.
C’est cruel.
Ce n’est pas juste.
Il ne me respecte pas. Ne respecte pas mon désir de ne plus avoir de contact avec lui pour ne plus souffrir.
Qu’il soit claire, merde ! Qu’il soit honnête!
Soit il m’aime encore et il l’assume en revenant.
Soit il ne m’aime plus et il ne me fait pas subir ça.

Bien sur. Je ne peux pas lui dire ça. J’ai trop de fierté.
Je ne veux pas qu’il le sache, que je l’aime encore.
Que je n’ai jamais cessé de l’aimer.
Que je l’aimerais, jusqu’à ma mort.

(J’ai besoin d’aide. Je voudrais tellement savoir si il va revenir ou pas. Si il m’aime encore ou pas. Sinon, je n’arriverais pas à le désaimer. Je n’arriverais pas à faire une croix sur lui, enfin. Et à aimer quelqu’un d’autre sans lui qui rôde tout autour comme un fantôme incessant.)

Mais c’est un secret. Il ne doit pas : le savoir.