Journal de fin de jeunesse

J'étouffe

Malgré le Xanax, cette sensation d’étouffement n’en finit plus. C’est devenu invivable. Je ne me sens bien nul part et je suis constamment à la recherche de mon souffle. J’ai pensé, même, que je n’allais pas pouvoir continuer encore longtemps à vivre comme ça. Sans oxygène. Se sentir simplement bien, sans manquer d’air, c’est devenu la mission pour moi. La quête du Saint Graal.
Je souffre beaucoup.
Alors je reviens de chez le médecin. Et il n’y aurait apparemment pas que le stress qui serait à l’origine de ce manque d’air permanent. Alors je reviens de chez le médecin, et j’y apprends que je ferais, peut-être, un peu d’asthme...
Cette nouvelle, peut être vraie, m’a énormément stressé.

Sev a eu le même soucis et ça a duré 15 jours. Mais grâce à l’ostéopathie, elle a retrouvé son souffle. En fait, elle était tellement stressée que sa cage thoracique était compressée. Et c’est exactement ça que je ressens. Ma cage thoracique est compressée. Le médecin m’a aussi prescrit 5 séances de kiné respiratoire. En plus de la ventoline...
J’espère que ça ira vite mieux. Car, comme je l’ai dit; je ne vais pas pouvoir continuer à vivre longtemps comme ça.

J’écoute Harvest, de Neil Young. Peut-être le meilleur album du monde. Si seulement je pouvais en profiter sans cette sensation d’étouffement.
J’étouffe.

Hier soir Sev et Marilou sont venus à la maison. C’était vraiment bien. Sev m’a fait un super massage. Je lui en ai fait un en retour. Marilou avait très mal à ses trapèzes. C’est comme ça que se manifeste son stress à elle. Par de la douleur et des noeuds dans les trapèzes. Si seulement je pouvais moi aussi avoir mal plutôt que de souffrir d’étouffement.

Je pense un peu à cette Fin du Monde qui devrait avoir lieu demain. Peut-être que demain, j’irais mieux. Peut-être que demain l’oxygène reviendra. Peut-être que demain, sans que je le sache, ça m’effraie… D. m’avait tellement effrayé avec ça cet été. Et Ramon, le mexicain, à Puebla en 2007; une terreur inexplicable...
Peut-être que même si cela ne m’angoissait plus en apparence, la peur est resté tapie quelque part dans mes bas-fonds. Et que ce manque d’air, c’est seulement la manifestation de la peur tapie.
Et que demain, elle s’en ira pour de bon. En fumée. Ou pas…

Cette photo, c’est peut-être la dernière que j’ai prise avec mes amies. Hier soir:

On a grandi ensembles. Même quartier. Même repères. Même délires. On a évolué différemment. Au final, on a pas changé.
Ultime photo d’une croissance simultanée ?

Je suis allé faire faire le cadeau de papa tout à l’heure, avant d’aller chez le médecin; un calendrier avec des photos que j’ai prises (dont celle du travesti que j’aime tant : La corde sensible)

Je n’ai choisi que des photos en Noir&Blanc, sauf celle de la page de garde. Celle ci est en couleur, c’est une roue de vélo que j’avais prise au jardin des Tuilleries quand je débutais la photo avec les conseils avisés de David.
J’espère qu’il aimera.
Le type qui gère la boîte est un photographe. "C’est vous qui faites les photos ?", il m’a demandé. "Oui..." J’ai dis". "Elles sont bien.", il a dit.
çA m’a fait plaisir.

Tout ça, sous le joug de l’étouffement qui ne me quitte plus.