La chose dans le noir. 1ère partie
C’est arrivé la dernière nuit de l’année. La toute dernière nuit de l’année. La nuit du 30 au 31 décembre 2012.
J’avais, comme souvent ces temps-ci, trop mangé. Trop gras (pizza), trop salé (encore la pizza) et trop sucré (Ben&Jerrys). Quand je mange comme ça, je dors très mal, car une soif incroyable me réveille au milieu de la nuit, impossible à étancher. C’est très désagréable comme sensation. Comme si soudain, une soif pathologique allait perdurer pour le reste de mon existence.
Après avoir bu, cependant, je me suis senti un peu mieux. Et je suis retourné au lit. Il me semble que j’ai mis du temps à me rendormir. Finalement j’ai dormi un peu. Trop peu. Et peu après, je me suis retrouvée réveillée, encore une fois.
Ces nuits là, inconfortables, interminables, je les déteste.
Alors, réveillée, j’ai attendu patiemment que le sommeil revienne. Très patiemment. Etrangement calme, j’étais couchée sur le ventre. Les bras de part et d’autre de mon visage. Et le visage lui, tourné vers mon côté gauche. Tourné vers le mur. Paisiblement enfoui dans l’oreiller.
J’attendais le sommeil. Désireuse qu’il revienne vite, étant donné que je travaillais le lendemain; le lundi 31 décembre 2012.
Quand soudain, je l’ai perçu; la présence.
Quelque-chose dans le noir.
D’abord, ce que j’ai entendu, presque clairement, ça a été les bruits sur mon balcon. Une agitation. Une présence. Un désir : d’entrer.
Puis, la présence est entré. Les bruits de vie, les bruits dus à une chose ou à quelqu’un (et non des bruits inhérents à l’appartement) ont continué à s’avancer. J’ai senti bien plus que que pensé que quelque-chose était entré chez moi. Et se déplaçait dans mon studio. Discret, mais trop perceptible cependant pour n’être qu’une illusion liée au vent et à la pluie. Il pleuvait ? Je ne m’en rappelle pas.
J’étais calme, ça je m’en rappelle. Je n’avais pas peur. Je me sentais juste en présence de quelque-chose. Tellement calme qu’au fond, c’est comme si je n’étais pas surprise. Comme si; je l’attendais.
Ensuite, la présence s’est affirmée. J’ai clairement distingué son rapprochement. Son rapprochement vers mon lit.
Soudain, la chose était sur mon lit. Là haut, avec moi, dans la mezzanine. Ce n’était plus un bruit : c’était un poids sur le lit. Qui se glissait doucement à mes côtés. Un poids qui s’appuyait sur le matelas, puis se soulevait légèrement. Des pas. Des pas maladroits sur le lit. Des pas de chat ? J’ai pensé : "C’est Jimmy ?", mais Jimmy est mort en 2010. Pourtant la sensation était celle-ci. Celle d’une petite créature assez lourde qui marchait sur le lit. Ou alors, celle de quelqu’un qui se glisserait vers moi en s’aidant des coudes. En appuyant ses coudes alternativement sur le lit. Et j’ai pensé : " C’est tatie ?" (vague souvenir de ma tante qui s’était un jour rapproché et collé à moi alors que nous dormions ensemble). Et, j’ai pensé aussi : "C’est Monsieur William ?". J’ai essayé de me souvenir si Monsieur William dormait chez moi cette nuit là. Et alors il serait en train de se glisser vers moi pour me faire un câlin.
Mais non, pas de Monsieur William. Ni de tatie. Je m’étais couché seule.
Le plus étrange est que je n’ai pas essayé de me retourner. Que je n’ai pas bougé. Et le plus étrange, c’est que je n’ai pas eu peur. Pas vraiment. Pas un instant je n’ai senti de la terreur.
Tout à coup, la chose s’est glissée en moi. Dans un souffle, que j’ai entendu et senti sur moi, elle s’est glissée en moi. Elle est venue d’au dessus. Et dans ce souffle, est entré en moi. A pris possession de moi.
C’était une vrai sensation. Palpable. Perceptible.
La seule chose que j’ai pensé, sans peur mais avec résignation, c’est qu’il s’agissait d’un démon. Et qu’il était entré en moi. Et que j’étais et allais être maintenant et jusqu’à je ne sais quand une possédée.
Voilà tout ce que j’ai pensé. Et puis j’ai voulu bouger. Bouger mes mains. Bouger mes doigts. Et je n’ai pas pu. Impossible de lever un doigt. J’étais complètement paralysée.
Mon cerveau, patient, donnait l’ordre à ma main gauche de bouger, à mes doigts de se soulever. Mais je ne pouvais pas. Mon corps entier me résistait.
Ce que j’ai compris à ça. Ce que j’ai pensé, encore, c’est que le démon prenait possession de mon corps. Et que durant ce laps de temps là, il me paralysait pour s’installer à sa guise. Alors, sans peur, j’ai attendu patiemment de pouvoir bouger à nouveau.
Très lentement, le mouvement m’est revenu. Je crois que je me suis rendormie. Un peu angoissée. Mais encore une fois, comme résignée. Et surtout, absolument pas surprise. Comme si au fond, je le méritais, d’être possédée. Comme si au fond, je le savais, que ça allait m’arriver. J’ai pensé que c’était une punition. Que je m’étais montrée trop sombre et trop mauvaise envers la vie, et la chance que j’avais d’être en vie. (Mon dernier écrit du 30 ne le prouvait que trop bien...) Et qu’alors, Dieu me punissait. D’avoir renié la vie avec autant de violence.
Le lendemain matin, la première chose que j’ai faite, toute pleine encore de cette présence pénitente, ça a été d’aller sur internet. D’aller sur internet et de rechercher les symptômes prouvant qu’une entité vous a possédé. Montrant comment cela se passe. Et expliquant si oui ou non, quand une entité entre en nous, on la sent. Et alors, comment on la sent...
C’est là que je suis tombée sur un article traitant de la "paralysie du sommeil". Un phénomène dont je n’avais encore jamais entendu parler et attestant de cette chose dans le noir.
Une expérience étrange, qu’à peu près 25 à 30% de la population sera amenée à vivre au moins une fois dans sa vie..
Une expérience dérangeante. Et qui peut même s’avérer terrifiante pour certaines personnes. Car si moi je n’ai rien vu (j’étais sur le dos), d’autre personnes, elles, voient la Chose. Une ombre noire et humanoïde. Parfois même une vieille femme.
J’ai eu cette chance là. Celle de ne rien voir.