Journal de fin de jeunesse

Le couple

Hier. Dans le RER qui revient de Roissy Charles de Gaulles.
Moi, qui revient de Villepinte où j’ai fais du shopping avec Sonia.
Un couple. Munis d’énormes valises étiquetées... Aeromexico.
Boule au ventre. Souvenirs qui me submergent.
Un couple; elle française, lui mexicain.
Ils s’aiment et ils sont mignons. Lui, il est venu la suivre en France. Si j’ai bien compris.
Lui… (au moins)
çA me fait sacrement mal au coeur.
En fait, ça me fait tellement mal au coeur. Que j’ai envie de le vomir, mon coeur. Comme l’autre soir face au Tuileries.
J’ai mal à en vomir. De les voir là. Ensembles.
Comme j’étais moi, il y a quelques années. Dans ce même RER. Avec mon amour mexicain. Le mien.
J’ai pas décroché putain.
Je viens de jeter un coup d’oeil à son FB à elle, cette Ana que je hais. C’est absurde. Elle ne m’a rien fait. Sur sa photo de profile, on voit leurs visages à tous les deux, assoupis et collés, en noir et blanc. Amoureux.
çA me rappelle quelque-chose.
çA me rappelle ça

Photo d’une joie intense y’a des années. Nous deux heureux. Et ce bonheur plus jamais senti depuis. Malgré les autres. Les tas d’autres. À 25 ans, j’aurais du être heureuse bien des fois après ça. Mais rien. C’est fini ?

Le Mexique et des couples franco-méxicain. Comme si ils étaient partout.
Et le Mexique, partout. À chaque coin de rue. Douloureusement là : dans le RER hier, dans le parfum de JC (que j’ai envoyé paître définitivement hier d’ailleurs, le pauvre), dans ma clientèle au travail, sur les affiches dans le métro… Partout. Douloureusement.

Je viens de tomber sur cette photo. À cette même époque. Ce même été.
J’ai envie de pleurer. C’est lui qui l’avait prise.
Je vois une jeune fille. Qui n’est plus moi. Lointaine et belle. Heureuse et insouciante.
Une jeune fille qui avait une maman qui l’attendait avec impatience en France. Et un homme qui l’adorait au Mexique.
Une jeune fille qui regarde derrière elle, comme si elle savait ce bonheur intense éphémère. Prêt à s’envoler déjà. À s’échapper. À la laisser là. Seule dans la forêt.