Journal de fin de jeunesse

Odieuse

Je me sens odieuse d’avoir des pensées comme ça.
J’ai horreur de moi. Je suis dans l’horreur de moi quand j’ai ces pensées là. Quand je ressens tout ça.
Je crois comprendre que ce n’est que dans ma tête. Que je projette. Que je projette ma propre angoisse de la perte de papa sur papa lui même… Je lui administre toutes mes peurs et j’imagine à sa place ce qu’il ressent sans même savoir. Je projette.
Papa a l’air d’aller bien. Il est ce qu’il est. Je n’ai pas le droit de le forcer à être ce qu’il n’est pas sous prétexte que ça m’angoisse qu’il ne soit pas comme-ci ou comme ça et que j’y vois forcément un refus de vivre.... Il vit comme il veut. Rien ne l’oblige à être plus actif ou plus je ne sais quoi....
Je suis odieuse.
Je m’en veux quand je suis à côté de lui d’être angoissée à ce point. D’envisager sa mort.
Mais j’ai une telle peur de le perdre. Une telle terreur de le perdre.
Rien que de lui dire bonne nuit et de l’entendre me répondre "Bonne nuit ma chérie", ça me déchire le coeur.

Je n’arrive pas à être dans le présent. C’est terrible. Je veux soigner ça. Merde, je veux me sortir de ça. C’est trop moche pour papa.

Je voudrais tellement qu’un homme me serre dans ses bras et me rassure là dessus. J’en ai marre de aire face à mes angoisses toute seule. Surtout des angoisses aussi profondes.