Journal de fin de jeunesse

Tout va bien dans le meilleur des mondes possible...

J’ai vraiment passé une bonne journée.

Et je vais bien. Je me sens bien.
çA doit être l’été. çA doit être l’absence d’école. Et l’absence des études qui rongent le temps. çA doit être, encore, les congés de mon voisin (et de sa télé). Et : la chaleur, dont je goûte avec bonheur l’exquise morsure. La moiteur de ma peau, qui m’enchante.... çA doit être tout ça. Le temps que je trouve, plus que dans l’année. Le temps que je trouve; d’aller nager et de bronzer après. De profiter de ma soeur et de cuisiner sain. De me mettre à la photo. De faire des rencontres. De profiter plus de mes amis…
çA doit être tout ça. Et autre chose encore : puisque j’ai peur de la fin qui approche, je suis dans une extase permanente de présent. Je profite du temps qui, je crois, me reste…

Même si ça va mieux de ce côté là. J’ai parlé avec Francisco sur Skype tout à l’heure. Pour lui, le changement prédit pour le 21/12/12 est positif. Une énergie incroyable va déferler sur la Terre, qui découlera de l’alignement de celle-ci avec la Voie Lactée. Et rien de mal ne va se passer. Par pour ceux, en tout cas, qui vivent en harmonie avec la nature, dans une conviction forte d’osmose et d’appartenance mutuelle. Pas pour ceux qui s’en nourrissent au quotidien mais sans l’exploiter et la diminuer. Et qui au contraire échangent avec elle, dans un rapport de don réciproque.
(Les végétariens et végétaliens activistes par exemple). Pour ceux là, rien de mal ne sera perçu.
Et comme j’estime en faire partie. Je me sens déjà mieux.
Et je voudrais profiter des mois à venir pour approfondir ma relation au monde et à la nature, et me sentir encore plus proche et plus reconnaissante envers elle.
C’est un bon projet. Et qui me va bien.
C’est pour ça, que je me sens bien. C
Cher Francisco. Il est la plus belle personne que je connaisse. Et j’ai la chance de l’avoir pour ami. Il me manque tellement. Si j’étais au Mexique, avec lui, tout irait bien. On s’entends tellement bien, depuis le début. Depuis notre rencontre il y a 5 ans, au Mexique. Alors que je débarquais à la fac d’Histoire de Puebla, et que je peinais à lier de vraies amitiés. Il s’est tourné vers moi. Je m’en souviendrais jusqu’à ma mort : "Hola, come te llamas ?"

Par contre je m’en veux. J’étais dans une telle détresse cette dernière semaine. Alors mardi j’ai craqué. Il a fallu que je déverse mes angoisses pro-apocalyptiques comme un venin sur ma collègue E. E., elle doit accoucher vers le 20 décembre prochain.... Elle était trop mal. Angoissée. Songeuse. Brumeuse. Je m’en suis voulu tout de suite. Elle a beau m’énerver, parfois, elle n’a pas à s’angoisser pour ça. çA, c’est mon problème ! J’aurais mieux fais de me taire, comme D. aurait mieux fait de se taire dimanche avec moi…

Rodolfo dit qu’il m’aime.
Moi je l’aime beaucoup. Je le veux beaucoup. Mais lui aussi, appartient au Mexique. Et au passé glorieux des amants inachevés.
Le reverais-je ?

Je trouve que les hommes sont beaucoup moins libres que les femmes. Et le film Laurence Anyways, de Xaver Dolan m’a conforté dans cette idée.
J’en parlerais. Mais une autre fois.
Juste, je dois l’écrire : Melville Poupaux est un homme sublime !

Finalement, j’ai vraiment passé une très bonne journée et une très bonne soirée.
J’ai couru ce matin pour réunir tous les ingrédients pour la préparation du repas d’anniversaire de ma soeur. Primeur, Naturalia...
Je nous ai fais : une moussaka végétalienne et en dessert un soupe de fraises menthe-gingembre. Carine a tout adoré. Tant mieux.
J’ai pris plein de photos aujourd’hui. Grâce à David, je sais maintenant utiliser mon reflex. Et je n’ai (presque) plus la frustration d’avoir des idées sans disposer des connaissances techniques pour les exprimer!
Malheureusement, en rentrant : dans le métro blindé, j’ai perdu mon cache objectif. Tout ça à cause de tous ces gros culs de merde d’imbéciles égoïstes qui refusent de bouger d’un pouce quand des passager doivent descendre de la rame. Tout ça dans un métro blindé et puant le rance. Du coup, mon objectif s’est accroché sur le bide d’une grosse vache, et le cache objectif est tombé entre le métro et le quai… Sur les rails, donc. Elle aurait pas pu bouger son gros derrière cette idiote !

Je pense aux beaux visages de certains hommes, et de T. (Dont je n’ai pas de nouvelles, d’ailleurs.).
J’ai pensé que mes yeux s’accrochaient sur leurs beaux visages comme des doigts sur l’aspérité dérangeante d’une surface lisse.

On a parlé de la vieillesse avec Carine. De notre vieillesse. Elle dit qu’elle finira dans un hospice.
Je trouve la vieillesse terrifiante. On en a parlé car dans l’herbe, à côté de nous, il y avait deux personnes très âgées avec une accompagnatrice. La vieille dame, toute rabougrie, tenait un sachet en plastique dans ses bras, contenant un poisson rouge vivotant dans de l’eau, fraîchement acheté à Truffaut.
çA sentait le triste. C’était poignant et impitoyable. Cruel.
Encore maintenant, j’ai les yeux qui piquent en y repensant.
çA a beaucoup touché Carine.
Pauvre petite vieille dame, attaché avec force à son petit poisson.
(Et pauvre petit poisson, qui sait comment il va finir ?)
C’est triste la vieillesse. C’est froid comme la cendre.
Mais comparé à la mort et à la fin du monde, c’est doux et rassurant. Oui, tout est une question de perception.

Dans ma soupe de fraise, j’ai mixé 400 gr de fraises, avec le jus d’un citron vert, deux cuillères à café de feuilles de menthe, deux cuillères à soupe de sucre de cannes roux et une bonne pincée de gingembre frais moulu. çA piquait un peu.