Journal de fin de jeunesse

Ma dureté

Je suis dure. Excessive. Intransigeante. Peu tolérante. j’ai tendance à me victimiser.
Je suis excessive, oui. Exacerbée.
Mais c’est parce-que les choses qui passent, c’est comme ça que je les ressens : excessivement. Des fois, c’est trop pour mon petit corps pulpeux. Alors j’explose. Dans mes paroles dures, dans mes mots tranchants, sur et comme une feuille de papier.... C’est là que j’explose.

Puis, je regrette. Comme tout le monde. J’ai envie d’en rire. Ce soir, je me sens absurdement et inexplicablement heureuse.
J’ai eu trois amies chères au téléphone, ma Sonia, ma Maly et ma Fanny. J’ai enchanté les clientes, surtout la dernière, dont j’ai travaillé les rides avec ma nouvelle et très chancelante expertise, les doigts luisants d’huile d’Argan. Les doigts pleins de magie et de dextérité. Les doigts qui dansaient sur le visage déjà un peu vieux. Mes doigts d’esthéticienne… Et la cliente, ravie, au bout d’une heure d’acharnement de mes doigts, imprégnés de l’élixir marocain. Ravie, elle a dit, complimentant les petites extrémités ouvrières de mon anatomie fatiguée. Les complimentant d’un "C’est incroyable ! C’est tout regonflé!!!!". (Il n’y avait aucune différence, l’important c’est la conviction que je mets dans ce que je dis. L’important c’est qu’elle me crois, de tout son désir de paraître plus jeune). Putain ça y’est, je recommence à être dure!!!! !

Toujours est-il qu’il semblerait que oui, c’était une bonne journée.
Yasmina est toujours trouble. Mais, elle n’a eu d’autre choix ce soir que de me complimenter. Oui, je le reconnais, elle est obséquieuse. Et je n’aime pas ses façons parfois. Mais je continue à l’admirer et je reconnais ma chance d’être dans cet institut.
Je suis dure. Toujours.

Ce soir, quitté l’institut à 20H00. Arrivée chez moi à 21h18. Arrivée dans l’appartement froid. Envie de me foutre à poil. De me balancer sous la douche...
Je viens d’en sortir.
Trop chaude, trop longtemps. J’ai la peau frippée.

Demain soir, avec les filles, on dîne chez Maly avec des bons vins. Puis, on se fait un pub où danser, boire, picorer et rigoler. Et rencontrer, j’espère…