Journal de fin de jeunesse

Les filles 1ère partie

Je bois du thé à la poussière.

Je pense à la Vénus Noire et à son calvaire. Son humiliation.

Je ne révise pas mes cours de CMP (Connaissance du Milieu Professionnel, pour les non-initiés)

Cette nuit j’ai bien dormi 10h00…

Avec D., ça s’est arrangé. On a discuté. Je lui ai dit. Mais : même sans ça, il serait venu s’excuser car : il avait conscience de son abus.

D. est beau. La peau noire. Les muscles félins. La tête digne et l’intelligence d’un diamant brut.
Dommage. Dommage pour moi

J’ai l’impression de mentir quand je dis; "ce que je veux c’est écrire de toute façon". Et : j’ai l’impression qu’ils se trompent quand ils disent "Tu dois écrire, quand tu auras le temps, tu verras, tu y arriveras à publier...."

Aujourd’hui, j’ai du perdre 200 cheveux.

Je songe aux filles. J’ai peu d’amis.

Sonia : Celle qu’on appel la meilleure amie. Un peu ma soeur, un peu ma mère, un peu ma fille. Peut-être la femme de ma vie. Intelligente sans le savoir, ce qui empêche l’orgueil et la présomption. Drôle, cynique même, ce que j’adore et ce qui tranche. Qui tranche, violemment, avec sa simplicité, ses goûts communs, son parcours classique, ses résolutions prévisibles et ses aspirations banales. Sa faculté à être heureuse avec peu. A se satisfaire de sa situation professionnelle sans se poser trop de questions, du moins en les faisant taire. A se plaire dans ce qu’elle fait, à se réjouir d’une opportunité, sans méfiance, sans peur de la lassitude, sans peur de se trahir, de s’ennuyer ou de mourir doucement.
Sa vie amoureuse, histoire connue et familière. Son couple que j’envie. Son amour que j’envie. Si rassurant. Si confortable. Si plein d’avenir....
Sonia, mon contraire. Seul l’amitié (et le cynisme) nous rapproche.
Sonia, depuis presque 20 ans....
S. adoptée en Tunisie. Et les yeux noirs les plus troublants d’ici.
Sonia, qui me fait m’apaiser.

Fanny : La plus impressionnante. La plus complexe. Celle qui m’inspire les sentiments les plus passionnés. Elle est borderline. Elle aime les femmes. Désespère de pouvoir un jour vivre l’amour avec une femme. Elle adore le sexe des hommes. Vit et me raconte les aventures les plus scabreuses et les plus excitantes que l’on puisse imaginer. Vit le sexe purement. Sainement. Sans cérébralité. Sans questions existentielles. Sans sentiments. Sensations pures. Plaisir assumé. Et je l’admire. Et je l’envie. Moi j’aimerais pouvoir faire ça. Me faire baiser par des tas d’hommes. En jouir. Vivre ces situations qui me font presque mouiller rien que d’y penser. Baiser comme ça, sans problème, aussi facile que d’aller manger un morceau. Mais j’en suis incapable. Fanny, des Antilles. Avec sa silhouette de volupté dont elle n’a pas conscience.
Fanny, la plus brillante. Toujours en avance sur moi et sur les autres dans les débats, dans la vivacité d’esprit. Toujours, elle va plus loin et pousse la réflexion au delà des limites que je croyais avoir atteintes. Fanny, qui me fait m’améliorer.

Malysone : La difficile. Celle avec qui mon amitié est incomprise pas les autres. On a vécu 3 ans ensemble. 3 ans de difficultés. De haine de ma part, parfois. 3 ans de comportements par toujours clair de sa part à elle. Son envie, sa jalousie, son complexe d’infériorité (malgré sa beauté indéniable et son intelligence). Sa peur, jamais exprimée. Sa peur refoulée, bafouée et extériorisée d’une manière malsaine. Sa peur de manquer de singularité. Extériorisée dans ses pics, ses façons de me rabaisser, de vouloir à tout prix me faire passer pour moins brillante qu’elle, pour banale, devant les autres. La fleur qui pique. Son surnom à elle. Qu’elle a toujours assumé. Qu’elle s’est même fait tatoué.
Mais, Malysone, son humour hilarant. Sa créativité singulière. Ses idées et son imagination. Ses cadeaux hallucinants (preuve d’un amour qu’elle n’admettra jamais).
Malysone, métis du Laos. Qui s’est apaiser depuis qu’elle vit avec son amour d’Italie. Mais : qui a perdu de sa drôlerie, beaucoup. Qui a finalement atteint cette sorte de singularité dont elle pensait être dépourvue. Et, maintenant qu’elle l’a perdu, elle s’imagine qu’elle l’a. Et c’est désagréable parfois. Et épuisant. Son snobisme.
Malysone : qui me fait m’inquiéter.