Journal de fin de jeunesse

Le voisin, le retour (Et un début de nouvelle)

J’avais envie d’écrire. Mais en rentrant j’ai entendu que mon voisin était de retour. Et je n’ai plus envie. Il me coupe toute envie. Le son de sa télé comme des milliers de cafards grouillants qui envahissent mes murs.

J’ai été bien pendant plus d’un mois!
Bercée presque continuellement par une sensation de paix. Par une quiétude tiède. Par un horizon sans accrocs. Sans la menace d’une pluie amer.
Et c’est terminé. Il est là. Le cauchemar reprend là où il s’était arrêté.
Et; je constate que mon bien-être éphémère est aussi fragile que de la cendre.

J’ai été bien. Il me vole ma quiétude. Mes inspirations. Ma créativité. Mon coeur battant. Mon amour naissant. Mes idées qui débordent.
Il me dérobe tout. Et réduit le sombre butin de son vol scandaleux à un tas de cendre. Aussi fragile que ça. Aussi moche que ça.
Je le hais. Je le hais. Je le hais. Tellement.
çA me rappelle ce début de nouvelle que j’avais écrit en septembre 2010, pour un concours. Ce début de nouvelle que je n’ai jamais terminé. Ce début de nouvelle inspiré par mon ancien voisin à Melun. Lui aussi, un cafard monstrueux accro' à la télé.

Ce début de nouvelle là :

Nouvelle pour le concours “Obsession”, magazine Transfuge

Le voisin

Le bruit de la télé. Encore. Le bruit de la télé, insurmontable ! Ce grésillement abject. Celui de la télé. Semblable au grésillement écoeurant des cafards pris au piège dans une poubelle. Semblable à leurs petits cris terrifiants. Toutes les nuits, la petite locataire est assaillie par ce bruit. Elle est réveillée par cette intrusion. Révoltante. De millier de petites pattes grouillantes qui se répandent sur les murs du studio. Les petites pattes qui noircissent le silence de leur présence violente. Les petites pattes qui la tirent du sommeil, tant espéré. Du sommeil tristement fragile. Les petites pattes lancinantes de la télé du voisin. Le bruit destructeur de la télé du voisin. Ce bruit là, et seulement celui-là. Il est le seul bruit existant qui puisse la rendre folle à tuer. Il est le seul qui lui en donne le droit. Parce-que toutes ses nuits à elles sont faites de sons et de misères ! Ce n’est pas n’importe quel voisin. C’est le voisin absurde, indésirable. Celui qui n’a pas lieu d’être. C’est le voisin qui transcende les boules-quies, les exercices de relaxation et les breuvages apaisants. Celui dont la silhouette difforme et casquée apparaît, moqueuse, dans les désirs nocturnes de musique douce et de tranquillité. C’est le voisin monstrueux. C’est le monstre. Qui viole nuit après nuit le silence adoré. Qui le pénètre violemment. Le réduit à un tas ensanglanté de bruits visqueux et incrustés. Ce voisin là, et seulement celui-là. Il est le seul voisin de l’immeuble qui puisse la rendre folle à tuer. Il est le seul qui lui en donne le goût. Parce-que toutes ses lectures à elle, sont pleines de meurtres, et pleines d’idées. La petite locataire est douce et sans histoires. Elle a l’imagination modérée, un tempérament équilibré, aussi. C’est en riant qu’elle parle à ses amis de ses problèmes de voisinage. De ce voisin un peu spécial, le locataire d’en face. Celui qui lui empoisonne les nuits avec sa télé parasite.