Journal de fin de jeunesse

Les amants inachevés.

Il m’est arrivé beaucoup de choses cette semaine.
Cette nuit j’ai reçu un sms d’un joueur de l’Arsenal. Un certain O. Sms qui ne m’était pas destiné. Je me demande cependant comment ce joueur a obtenu mon numéro.
...

Hier je sors du métro pour aller travailler. J’avais mon sert-tête à plumes sur la tête. En sortant du métro, une silhouette familière. Des cheveux blonds cendrés. Des yeux bleus délavés. Une démarche nonchalante. Et une femme à côté; Monsieur William. Un an tout juste, jour pour jour. Un an tout juste depuis la dernière fois que je l’ai vu. Et qu’il s’était perdu dans Paris la nuit. Sans un regard en arrière.
Alors je me suis approchée de lui. Tout en sourire. Saluant à peine la femme quelconque et trop grande à ses côtés. On a parlé un peu. Et on se dévorait du regard. Ses yeux bleus qui pétillaient. Mes yeux bruns clairs qui le désiraient. Encore, finalement. Après tout ce temps. J’ai eu l’impression que l’attraction, le désir entre nous était intact. Comme avant que l’on fasse l’amour ensemble.
Quelle étrange rencontre. Une rencontre inattendue qui m’a laissé avec un goût de frustration. Parce-qu’à peine après l’avoir quitté, tout m’est revenu en pleine figure avec violence. Tout; ma passion dévorante pour lui. Ma langueur. Nos conversations délicieuses et tendancieuses. Plus excitantes encore que les actes qui ont suivis. Et puis la nuit. La longue nuit avec lui. Dans le noir. La nuit étourdissante. Et qui m’avait laissé survoltée et voluptueuse.
Tout m’est revenu comme ça. Des sensations et des sentiments étouffés par les jours harassants et la pression des derniers mois.
Arrivée au travail, j’ai écrit des textos à mes copines. Surchargée d’électricité et d’excitation, je devais leur écrire pour m’en décharger, un peu.
Fanny a trouvé ça incroyable. Ma collègue elle, première à assister à mon étourdissement, en a conclu qu’il s’agissait d’un signe.
Oui. Mais un signe de quoi ?
Depuis T. le comédien des larmes amers de l’été 2010, je ne crois plus aux "signes".

(Parenthèse: j’ai brièvement papoté avec le joueur de l’arsenal, par texto, le fameux O. Il a cru que j’étais Estelle, une journaliste sportive. Je lui ai répondu que non, et lui ai également souhaité un bon match. "Merci beaucoup", il vient de me répondre. Quelle drôle d’histoire ! J’imagine une autre suite : il veut néanmoins me rencontrer pour avoir le fin mot de l’histoire. Et là : coup de foudre. Il tombe sous mon charme et moi sous le sien. Et voilà ! Tatataaaaa ! Je finis par vivre une histoire magique avec un footballeur pro. Qui a l’air moins con que les autres car ses sms ne contenaient pas de fautes d’ortographe...)

Margoulette me demande comment s’est passé ma rencontre avec Monsieur William. Elle se marre. La coquine.
Ce matin, la frustration a un peu disparu. Après tout, je me souviens de ce qu’il était aussi : lâche, incapable de s’engager et de dire les choses clairement, imbu de sa personne, snob et immature… Oui mais; Quel bon coup ! Mémorable.
Comme il est triste qu’à mon âge, j’ai une vie sexuelle aussi vide. Je baise une bonne fois tous les 6 mois.

Un scoop : C. est papa ! Une petite fille. Il m’a annoncé ça par facebook. Avant que je ne me désabonne (encore une fois).
Décidément, c’est le retour en boomerang des ex- amants.
Ou : des amants inachevés, comme j’aime à les appeler. Inachevés car, pour certains, si les circonstances avaient été autres, il aurait pu en sortir de belles histoires.

Aller, je vais manger. Puis faire un peu de shopping de noël (bien que je n’ai pas d’argent...). Appeler papa (relativement à Noël justement).

(Parenthèse 2: J’aurais pu y aller au culot et dire que oui, j’étais bien Estelle la journaliste. Et puis lui demander à ce O. à quelle heure on se retrouvait ! J’aurai pu et du faire ça. Je m’ennuie tellement dans ma vie affective ces temps-ci que cela aurait mis du piment… M’aurait amusé. M’aurait redonné le goût perdu de la séduction et aussi l’espoir de finir par rencontrer quelqu’un...)
Trop tard.