Journal de fin de jeunesse

Vieille, et puis mon père, mon père....

Vraiment je me sens vieille, je ne tiens plus les nuits blanches.
Hier soir c’était l’anniversaire de Fanny et on a passé une superbe soirée. On s’est amusés, et je ne m’étais pas amusée comme ça depuis longtemps.... Mais aujourd’hui j’ai du réviser comme une folle pour mon contrôle de cosmétologie de demain, je viens à peu près de terminer pour ce soir (j’en peux plus) et je me sens morte, claquée, je n’ai qu’une envie c’est de dormir… Vieille, une vieille. Je vais me mettre au lit bientôt avec mes boules-quies ( fils de pute d’à côté oblige) et le thriller terrifiant de Franck Thilliez que je suis en train de lire en ce moment !

J’ai appelé mon père quand j’étais sur le quai de la gare de Savigny cette après-midi en revenant de chez Fanny. Il m’a dit, en décrochant "Oui mon coeur". J’étais heureuse de ça. Il avait l’air d’aller bien, il avait du monde à la maison, mais il m’a quand même glissé (avec humour, comme inaperçue, mais glissé tout de même) qu’il se faisait chier tout seul là bas.... je lui ai dit "voilà papa, on t’avais prévenu que tout seul en province tu allais t’ennuyer". Et il a dit un truc bizzare, il a dit, en gros : " Ici ou ailleurs, je me fais chier tout seul".
Merde merde et merde!!! ! Du coup je m’inquiète pour lui, j’ai peur qu’en profondeur il soir vraiment en dépression et désire mourir (pour rejoindre ma mère....), et que, sous l’humour avec lequel il présente les choses, humour quand même teinté d’amertume quand il me fait remarquer que ses enfants, nous, on ne l’invite jamais, se cache une vraie détresse.... J’espère que je vais trop loin, que je me fais des films. J’espère qu’il a des projets et qu’il désire vivre. Il n’a que 61 ans putain!!! ! Encore des tas de choses à vivre et à être (comme une troisième fois grand-père par exemple.............)
D’ailleurs, c’est étrange cette remarque silencieusement amer, comme si il craignait qu’au fond on ne l’aime pas, quand il a dit qu’on ne l’invitait jamais.... Il habite à Poitiers, nous à Paris… Il le sait, alors pourquoi a-t’il dit ça  ? Pourquoi a-t’il fallut qu’il place cette remarque qui m’inquiète ?
J’ai sûrement tort de m’inquiéter à ce point pour mon père. Mais en moi j’ai cette peur horrible du malheur de ceux que j’aime le plus. Je ne supporterais pas de le perdre. Pas encore