Journal de fin de jeunesse

Le jardin de Civaux

Tranches de vie;

Je suis allé à l’épicerie tout à l’heure. Trop besoin de fruits. Et de miel. Je n’ai plus rien à manger.
J’aime beaucoup Afid, mon épicier. Il me flatte, je le sais bien. Il me drague, un peu, mais bien avant les limites de l’outrancier. C’est sage, courtois et gentil. C’est commerçant. J’aime ça. Les vrais contacts humains. Les vrais échanges, comme ça, au milieu des étals de fruits et de légumes. Je lui ai pris des pommes, des poires, des prunes, des raisins et des tomates.... Il a les meilleurs fruits du Monde. Et j’ai croqué dans une tomate. Et j’ai senti le jardin de mon grand-père adoré. J’ai senti le petit goût de terre. çA m’a rendu nostalgique un instant. Croquer dans la tomate m’a, exactement, transporté dans le jardin de mon grand-père, à Civaux. Ce jardin perdu, en friche. Ce jardin qui reste mon paradis. Mon Eden. Mon jardin, éternel et secret. Celui de mes étés de petite fille, curieuse et gourmande. Amoureuse de son papi. Le jardin de Civaux de mon papi. Le jardin des doryphores qui dévoraient les pommes de terre de papi. Le jardin des doryphores, oui. Ce jardin qui n’existe plus que dans mon souvenir. Ce jardin irremplaçable. Inneffaçable.