Journal de fin de jeunesse

J., et papa, et Marilou, et...

Jordi m’a envoyé un email pour mon anniversaire.
J’ai souri.
Je lui ai répondu sans une pointe de tristesse.
Je lui ai répondu avec l’humour que je ne consacrais qu’à lui. Je lui ai répondu en étant telle qu’il me connaissait et m’aimait. Avant.

Papa. Il a pleuré sur le message vocal qu’il m’a laissé. Sa voix s’est brisée. Je n’ai pas pu le rappeler tout de suite. Submergée, moi aussi, par l’émotion. Et surpassant cette émotion par de la colère et de la dureté envers lui.
Mais : les larmes aux yeux. "Pourquoi il me fait ça aujourd’hui ? j’ai pesté." "Pourquoi il m’appelle sous le coup de l’émotion ? Il n’a pas le droit de me faire ça le jour de mon anniversaire!"
Les filles : "Hey Anne, toi non plus ne nous fais pas ça ! Ne te mets pas à pleurer!"
( "Tu es dure, il ne peut pas se montrer toujours fort".)

Puis, Marilou. Long moment avec elle au téléphone. La seule (avec Sonia) qui ne se soit pas contenté d’un texto ou (pire), d’un message sur Facebook.
Et puis, j’ai appelé papa.
Il allait mieux.
Je n’ai pas évoqué sa voix brisée. Je n’ai pas la force d’évoquer ça. çA, c’est l’absence de maman. Le souvenir de ma naissance et de la joie que j’ai apporté il y a 26 ans. À maman et à lui. Ensemble.
Je me sens méchante. Dure. Intransigeante. Car : papa a le droit de pleurer. Il a le droit de souffrir. Je le fais bien moi !

Hier, Maly. Quais du canal Saint Martin et cadeaux prématurés. C’est elle qui, à minuit, à trinquer avec moi pour mes 26 ans. Elle.

Fanny a oublié mon anniversaire.
çA me conforte dans l’idée que j’ai que je suis oubliée. Abandonnée, un peu. Que l’on m’aime bien. Beaucoup même. Mais qu’on n’a pas besoin de moi.
Mais, aussi, j’avais oubliée son anniversaire à elle.

Hier. Le photographe.
Il m’a envoyé d’autres photos de moi.
Elles sont sublimes.
J’ai hâte de le revoir.