Mon homme
Je ne me suis pas sentie heureuse comme ce soir depuis un long moment, je crois. Heureuse mais calme. Sereine. Heureuse, mais pas exaltée. Heureuse sans suspension. Sans le sentiment latent qu’il faut que j’en profite car bientôt, bientôt, ce bonheur va disparaître. Sans le sentiment désespéré que je dois m’accrocher à ce bonheur. Sans quoi il va disparaître. Parce-qu’il va disparaître.
Non. Heureuse dans la plénitude. Ce soir j’écoute la Polonaise de Chopin, Op 53. Posté par Celeste, la sublime Celeste, sur sa page facebook.
Ma So. est venue dîner à la maison et est repartie il y a une heure.
Papillon m’a envoyé un texto en fin d’après-midi, pour me dire que j’étais une femme géniale. Et que je l’impressionnais.
Je viens de prendre ma douche. Je me sens fraîche, fatiguée. Au bord du sommeil.
Je me fous de ce que je ressens au travail. Je m’en fous maintenant. Je suis loin déjà. Je ne me sens déjà plus là bas. Je n’ai plus envie d’apprendre quoi que ce soit concernant le travail. Je ferai semblant jusqu’au bout. Et puis je m’en irai.
J’ai envie d’eau fraîche mais je n’ai plus de bouteille.
Lundi soir, je suis venue rejoindre Papillon dans son bar. Il était tard. Il était seul. Pas de clients. Quand je suis arrivé, il dansait, seul dans le bar. Sur du Radiohead qu’il avait mis à fond (je l’avais entendu du bout de la rue, tandis que j’arrivais). Il avait une cigarette à la main. Et il dansait tout seul. Il avait une cigarette à la main. Il ne fume pas. C’est ça que j’aime chez lui. Que j’adore. ce grain de folie qu’il ne voit même pas. Je ne veux pas qu’il le perde. Jamais. Plus tard, on faisait l’amour. Il m’a murmuré passionnément qu’il était fou de moi.
Autant de bonheur, ça peut faire peur.
J’ai hâte qu’on s’envole pour Barcelone.
Lundi matin, on sera dans l’avion.