Journal de fin de jeunesse

Scandaleux

J’ai encore passé une nuit agitée, inutile. Et pour cause : si mon premier examen d’anglais s’est assez bien passé hier (la compréhension orale), cela risque de ne pas être le cas demain pour mon deuxième examen d’anglais. Demain, je passe l’expression orale. Je parle de mes vrais examens. De mes vrais examen. De ce putain de BTS que j’espérais tant il y a tout juste deux ans…

Des filles qui ont passé leur épreuve d’expression orale hier, certaines sont sorties en larmes. Car voilà le drame; nous avons passé deux années entières à apprendre l’anglais de tout ce qui concerne l’esthétique, la cosmétique et la beauté. Bah oui, c’est un BTS esthétique que nous passons. Et depuis environ un mois, toute la classe, nous révisons comme des malades nos cours sur l’esthétique : Sun, Nails, Skin ageing, Spa and Massage, Make-Up routine, Focus on Eyes et j’en passe. Depuis trois semaines en ce qui me concerne, j’approfondis mes cours, me documente, rédige les fiches que je n’avais pas eu le temps de rédiger cette année, révise des heures et me fais des oraux dans ma tête, même sous la douche. Depuis trois semaines, je me prépare comme une acharnée à obtenir entre 17 et 20 à mon oral d’anglais coefficient 2 qui sera sensé rattraper mon 1,5 en physique-chimie (Coeff. 2 aussi...). Et depuis le début du BTS, je compte beaucoup sur l’anglais. Et voilà qu’hier j’apprends que les premières filles à avoir passé l’épreuve pour laquelle on est si bien préparé n’ont pas du tout été interrogées sur l’esthétique, mais sur des conneries comme les Open Spaces, les personnes âgées ou encore le stress au travail, sans oublier les orphelins en Inde…

...

Voilà la problème. Et c’est absolument scandaleux. Ces deux années de préparation intense d’une épreuve de langue… pour rien. Apparemment le référentiel aurait changé. Et notre école ne serait pas au courant. Notre école, la meilleur école d’esthétique au niveau mondial… La prof d’anglais, en apprenant ça, a tout de suite envoyé un mail à l’académie pour se plaindre de cette discrimination qui désavantage terriblement les élèves. Ses élèves.
J’étais, moi aussi, scandalisée et écoeurée par cette nouvelle. Qui réduit à néant tout mon travail jusqu’ici. Et le travail de toutes les filles de ma classe. Dont certaines comptaient aussi sur l’anglais. Et qui sont sorties en larmes. En larmes dés la deuxième épreuve d’un BTS qui va être long et fastidieux. C’est terriblement injuste. Je pense à elle.
Et je pense aussi à moi. A comment je vais, ou pas, m’en sortir. Mon avantage, c’est que je suis prévenue. Et, comme m’a dit mon père, une personne avertie en vaut 4.
Mais je ne sais pas trop quoi faire. D’après la prof, (que j’ai appelé ce matin du travail, paniquée), il y a peu de chance que je tombe sur un sujet esthétique moi non plus, mais on ne sais jamais. Elle m’a conseillé de revoir tout ce qu’on avait étudié à côté. De relire quoi. Et d’avoir confiance en moi. Je lui ai confié que je n’en avais pas dormi de la nuit, elle m’a avoué qu’elle non plus. Je la comprends. çA doit être l’horreur aussi pour elle.
Bon, mis à part ça, tout le monde croit en moi. Mes amies, mon père, mes collègue et ma prof d’anglais. En fait, la seule qui ne croit pas en moi, c’est moi.

Comme d’habitude.

Je doute beaucoup. Mes amis me soutiennent à fond. Moi je crois en toi, m’a écrit Steph. Sonia m’a dit pareil...
Mais je suis dans un tel état de fatigue. Je cogite à fond. Je me dis que j’ai passé tout ce temps à travailler pour rien. Et ça me démoralise. Et ça me met en colère.
En plus de ça, de toute cette merde, j’ai du quitter le travail à 3h40 du matin heure d’été samedi soir. Oui. 3h40 du matin. Une honte. Je n’en peux plus de cette boîte. Avec Carine et M.C on n’en peux plus. Samedi soir, faire 7h30 de plus de travail la presque-veille d’un examen, c’était abjecte. Un cauchemar. Je n’ai même plus envie d’écrire là dessus maintenant. Alors que le lendemain, j’en avais des tartines à évacuer, de cette affreuse soirée là.

Mais tant pis. Pas envie de m’en souvenir. Que du négatif. De l’énergie et du temps, encore plus de temps (pour le coup), perdus ! Et là, plus de temps à perdre.
Je dois me bagarrer pour réussir cette épreuve d’anglais, quelle qu’elle soit. Ma prof m’a dit d’avoir confiance en mes capacités. Qu’elle, elle a confiance. Et tout le monde me le dit. Et j’essaie de me le dire. Mais j’ai tellement peur de manquer de vocabulaire. De tomber sur un sujet qui ne m’inspire pas, style; les fonds d’investissement en Chine pour le textile, ou encore, l’industrie des avions. L’horreur. J’ai tellement peur de faire des fautes de grammaire grosses comme le Brésil. A cause de stress.
Alors qu’au fond, je me demmerde en anglais. Même si ce n’est pas l’anglais de l’esthétique ou de la beauté. Le hic, c’est que ce n’est pas un 13 que je vise. C’est au moins un 17. C’est ce que je dis à ma prof : Ce n’est pas un 13 que je vise madame..... Elle m’a dit que je n’aurai pas 13.
Allez, je décide de la croire.

Dire que je n’ai pas dormi de la nuit est faux. J’ai encore une fois été réveillée inexplicablement vers 4h00 du matin. Puis j’ai (mal) dormi, en petits, tout petits, pointillés. Accompagnée par des rêves érotico-cauchemardesques, teintés de fantaisy. Dont un extraordinaire. Dans un univers villageois et merveilleux, entre Game of Thrones et La Comté. En compagnie d’un amant super sexy. Mais je me suis réveillée quand il avait sa tête entre mes cuisses. Frustrant !

J’ai réfléchi à ces problèmes de sommeil récurrents depuis plus d’un mois. Je ne pense pas être en dépression. Je pense être en surmenage. Un véritable surmenage qui occasionne des angoisses et de la déprime. Mais une dépression je ne pense pas. Je suis toujours motivée et pleine d’idées.