Dans le miroir
J’ai passé une journée assez difficile au boulot.
J’ai ressassé cette histoire de dépression. D’être; une fille en dépression. De; faire une dépression. Une dépression.
J’ai repensé aux symptômes énoncés sur le net.Et à ceux décrits pas ma psy. Dépréciation de soi. Idées fixes et négatives à propos de soi. Idées noires à propos de son avenir, impossible à contester. Tristesse anormale , impossible à consoler. Fatalité irréfutable.
Et c’est exactement ce qui se passe pour moi. Ce qui se passe dans ma tête. Cette certitude que rien de beau, ni de salutaire ne m’arrivera. Jamais. Et surtout en amour. Pourtant, je m’observe; je suis une fille joyeuse, rigolote, sociable, à l’écoute, emphatique, soucieuse du bien-être des autres. Je prends soin de moi, enfin physiquement… Mais moralement, je me flagelle. Et ça, c’est un symptôme de la dépression. Cette certitude que ma malchance et mon malheur sont et seront inévitables. Et que je ne me trompe pas en ce qui me concerne. çA, ce sont des symptômes ! Alors qu’au fond, ce qui est inévitable, c’est moi. Et aussi cette vérité que le négatif attire le négatif. (C’est Marie qui m’a dit ça aujourd’hui.) Mais comment on contrôle ça ? Comme on se défait de cette façon d’être ? C’est si difficile. Si difficile d’en sortir. Je me bat, mais ça me colle au cul. D’ailleurs, une idée m’est venu aujourd’hui : je suis persuadée que l’état pitoyable de mes cheveux va de pair avec mon estime de moi. çA colle. çA collerait comme explication.
Si je me sens aujourd’hui encore plus confortée dans cette certitude, c’est que j’ai revu mon serveur. Enfin. Mais il n’est pas, cette fois, venu fumer devant la boutique. Et me saluer d’un sourire qui fait chaud. Je l’ai vu par le jeu des reflets dans le miroir de la boutique : il se tenait éloigné de la boutique… Et je me suis dit que voilà, je ne m’étais pas trompé. Une fois de plus j’avais raison: "après notre "entrevue", il s’est bel et bien rétracté." Voilà ce que j’ai pensé. J’ai pensé ensuite que c’était parce-que j’avais du lui paraître fade en fin de compte. Sans intérêt. Et qu’une fois de plus, j’étais incapable de plaire à quelqu’un.
Je l’ai aperçu. Non vu. Dans le miroir aujourd’hui. Nos regards se sont croisés. Et c’est tout. Rien.
(Mes cheveux étaient affreux aujourd’hui. J’avais envie de tout raser. )
Quand je l’ai vu, mon coeur a bondi. J’étais toute nerveuse. Tremblante. Incapable de m’adonner à la tâche sur laquelle j’essayais de me concentrer.
Je l’ai vu, et tout ça pour rien. Il n’est pas venu m’inviter. Ma parler. Son "à très bientôt...." de la dernière fois s’est estompé aujourd’hui comme une erreur négligeable.
Je devrais me servir de cette anecdote désolante comme d’en tremplin pour enfin réhausser mon estime de moi ! Et pour enfin me sortir du cercle vicieux de ces pensées fatalistes. Qui me condamnent injustement. Car je suis celle qui me condamne !
Si j’en suis capable; je doit aussi être capable de m’absoudre.
Si j’en suis arrivée là, à cette culpabilité extrême qui m’empêche d’imaginer une issue heureuse pour moi, c’est ma faute. Je dois le corriger. Car non, je ne suis coupable de rien ! Et surtout pas de la mort de ma mère !
(Je ne suis pas prête de dormir; j’héberge Steph cette nuit et elle arrive à plus de minuit. Puis elle repart vers 6h00 du matin. Alors que je suis crevée et que je n’ai qu’une envie, c’est de me blottir dans mon lit.)